Diplomatie : les évènements décrits dans le film sont-ils vrais ?

Un épisode central de la Seconde Guerre mondiale

Diplomatie : les évènements décrits dans le film sont-ils vrais ?

Adaptation de la pièce de théâtre éponyme, "Diplomatie" voit deux légendes du cinéma français s’opposer sur grand écran : André Dussolier et Niels Arestrup. Le film est d’ailleurs tiré d’un événement historique réel, s’étant déroulé durant la Libération de Paris, en 1944. Mais qu'en est-il vraiment des faits historiques relatés dans le film ?

Diplomatie : après le théâtre, les grandes salles

A l’origine, Diplomatie est une pièce de théâtre écrite par Cyril Gely et jouée pour la première fois en 2011. On y retrouve alors sur les planches André Dussolier et Niels Arestrup. Trois ans plus tard, l'œuvre est adaptée au cinéma par le réalisateur allemand Volker Schlöndorff, connu pour avoir été dans les années 60-70 l’une des figures du renouveau du cinéma germanique.

Il a notamment mis en scène Le Tambour qui lui a permis de remporter la Palme d’or en 1979 (ex-aequo avec Apocalypse Now) ainsi que l’Oscar du meilleur film étranger.

On retrouve donc le cinéaste en 2014 pour un film qui lui permettra de garnir encore plus son usine à trophées. Ainsi, Diplomatie obtiendra le César de la meilleure adaptation.

Le film se déroule donc en aout 1944, lorsque les Alliés sont aux portes de Paris durant la Seconde Guerre Mondiale. Dietrich von Choltitz Gouverneur du « Grand Paris » reçoit alors l’ordre d'Adolf Hitler, de faire sauter la capitale. Le consul suédois Nordling tente alors par tous les moyens de le raisonner.

Qu’en pense l’Histoire ?

Paris a-t-elle failli sauter, comme le laisse entendre Diplomatie ? Oui, selon l’historien Fabrice Virgili, interrogé par Télérama. En revanche, Dietrich von Choltitz a-t-il été vraiment été rappelé à la raison par le consul Nordling ? C’est en réalité bien plus compliqué.

Diplomatie
Dietrich von Choltitz (Niels Arestrup) - Diplomatie ©Blueprint Film

En effet, Virgili explique qu’il y’a bien eu des contacts entre les deux hommes, mais qu'ils se sont déroulés sur plusieurs semaines. La rencontre de la nuit du 24 au 25 août 1944 n'a probablement jamais eu lieu.

Toutefois, c’était pour obtenir la libération de prisonniers politiques détenus par les Nazis. L’historien précise ensuite que la destruction de Paris était impossible pour le Gouverneur, au vu du peu de moyens dont ils disposaient. Ce n’est donc pas par humanisme que Choltitz a cédé.

Quant à la rencontre entre les deux hommes dans la suite de l’Hôtel Meurice, elle n’est pas aussi romancée que le montre Diplomatie. Virgili se montre ainsi très précis sur ce qu’il s’est déroulé réellement :

Ils se sont vus plusieurs fois, toujours avec un traducteur. Choltitz ne parlait pas français, il n’était arrivé à Paris que quelques semaines plus tôt. Bien sûr, Nordling a utilisé les arguments du type : « Vous avez perdu la guerre, vous allez être fait prisonnier, qu’est-ce qu’on dira de vous si Paris est partiellement détruit ? » Et Choltitz a mis en avant ce rôle humaniste, de « sauveur » de la capitale, qui est une manière habile de faire oublier ce qu’il a fait sur le Front de l’Est.

Le film de René Clément, Paris brûle-t-il ? revient sur l'épisode de la reddition de Choltitz, indirectement adapté de ses mémoires.