En guerre : retour sur le tournage express du film avec Vincent Lindon

Bouclé en un rien de temps

En guerre : retour sur le tournage express du film avec Vincent Lindon

En 2018, le film "En Guerre" nous met en face d'une réalité sociale brutale et dramatique. Le réalisateur et ses acteurs n'ont eu besoin que d'un laps de temps très court pour boucler le tournage.

Au plus proche de la réalité

Après plusieurs films, Stéphane Brizé devient l'un des porte-parole du cinéma social français. Le réalisateur porte à l'écran les luttes sociales dramatiques de l'Hexagone en plusieurs collaborations avec Vincent Lindon. À commencer par La loi du marché, sorti en 2015, puis En Guerre trois ans plus tard. Et le très récent Un autre monde. Des films proches du genre du documentaire à la dimension humaine importante.

Avec En Guerre, le cinéaste témoigne de la colère d'un peuple. Des hommes et des femmes qui tentent de sauver leur emploi, suite à la fermeture de l'usine Perrin. 1 100 personnes se retrouvent sans travail, et leur porte-parole Laurent Amédéo (joué par Vincent Lindon) s'insurge de la décision de la direction. Un film engagé qui montre le vrai visage d'une lutte, et de la violence profonde qui découle de ces situations réelles.

En Guerre
En Guerre © Nord Ouest Films

Afin de décrire au mieux cette réalité, Stéphane Brizé souhaite tourner son film de la façon la plus réaliste possible. Ainsi, le réalisateur filme son acteur fétiche et les centaines d'acteurs non-professionnels choisis pour l'occasion dans les conditions du conflit social dont parle le long-métrage. Vincent Lindon témoigne pour 20 Minutes :

À un moment dans le film, il y a un piquet de grève avant que les CRS chargent à 6 heures du matin, Stéphane nous a filmé pendant six heures de suite, la nuit. On a allumé des braseros, mangé des hot-dogs, certains se sont mis à la guitare. À la longue, on avait oublié qu'on était filmé.

L'acteur a particulièrement aimé cette ambiance très inspirante pour son personnage.

J'ai adoré ce tournage pour ses moments inouïs de rapprochement et de fraternité. Il n'y avait pas de Vincent qui tienne, c'était la cantine tous ensemble, on se changeait tous dans la même grande pièce, et puis quand ils parlaient entre eux, j'écoutais... Je les ai pillés, mais tout ce que je leur ai pris, c'était pour leur rendre, à eux et au film.

En Guerre
En Guerre © Nord Ouest Films

Un timing serré

En quelques jours, le tournage de En Guerre est bouclé. Seulement 23 jours suffisent à Stéphane Brizé pour récolter les images suffisantes au long-métrage. Un timing serré, qui a demandé à l'équipe du film un travail d'arrache-pied. Mais ce tournage est à l'image de l'œuvre. Sans fioriture. Comme le cinéaste l'indique à la presse :

C'est effectivement très court pour un film comme celui-ci qui met en scène beaucoup de monde. Mais je tenais à ce que l'énergie du tournage fasse écho à l'énergie du combat que peuvent mener des salariés dans un cas comme celui décrit dans le film. C'est, dans les deux cas, une course contre la montre, une bagarre permanente contre le temps. Aucun confort, aucun répit, juste une lutte pour arracher l'essentiel.

Il avoue également le manque de moyens. 4,4 millions d'euros, c'est le budget de En Guerre.

En même temps, je n'avais guère les moyens financiers de faire autrement. Car là où la réalité du cinéma rejoint la réalité du monde, c'est que le marché ne réclame pas ce type de films. Il faut pourtant qu'ils existent. Plus que jamais même.