Il a survécu 7 ans dans la forêt quand il était enfant : Michel, 78 ans, nous raconte son histoire adaptée au cinéma

Il a survécu 7 ans dans la forêt quand il était enfant : Michel, 78 ans, nous raconte son histoire adaptée au cinéma

Le film "Frères" avec Mathieu Kassovitz et Yvan Attal est l'adaptation de l'histoire vraie de Michel et Patrice de Robert, deux frères, abandonnés par leur mère après la Seconde Guerre mondiale, qui ont survécu seuls dans la forêt pendant sept ans. Nous avons rencontré Michel pour aborder avec lui ses souvenirs, et cette adaptation, entre hommage et tristesse.

Frères : l'histoire vraie de Michel et Patrice de Robert

Attendu dans les salles le mercredi 24 avril, le film Frères d'Olivier Casas avec Mathieu Kassovitz et Yvan Attal, est l'adaptation cinématographique d'une incroyable histoire vraie, longtemps gardée secrète. Celle de Michel de Robert et son frère Patrice, qui, enfants, ont été abandonnés par leur mère en 1948.

À l'âge de cinq et sept ans, suite à un accident, les deux frères se sont réfugiés dans une forêt non loin de La Rochelle, où ils ont survécu par leurs propres moyens pendant sept ans. Patrice, le plus âgé, protégeait son petit-frère Michel, et a tout fait pour qu'il survive.

Cette expérience précoce a cimenté un lien fraternel inébranlable qui a eu un puissant impact sur leurs vies d'adultes. Si Michel est toujours en vie aujourd'hui, son frère Patrice n'a pas supporté le retour à la civilisation, et s'est suicidé alors qu'il était âgé de 48 ans. Le film d'Olivier Casas revient sur cette histoire, et suit Michel et Patrice, dans leur enfance, mais également dans leurs vies d'adultes.

Une histoire longtemps gardée secrète

Michel de Robert a longtemps gardé secrète l'histoire de son enfance extraordinaire, principalement parce que cela concernait un vécu profondément personnel et douloureux qu'il partageait exclusivement avec son frère, Patrice. Pour Michel, ce récit de survie et de fraternité après avoir été abandonnés dans la forêt représentait une partie de leur vie qui leur appartenait intimement. Il estimait que cette histoire, riche en émotions et en souvenirs, devait rester privée pour préserver sa sacralité et l'intimité de leur lien. Comme il nous l'a confié lors de notre rencontre à Paris, il ne voulait pas que leur histoire soit exposée à la critique ou discutée publiquement, car elle symbolisait leur solidarité face aux épreuves et leur amour fraternel.

C'était notre histoire. On ne voulait pas en parler, c'était à nous.

Le décès de son frère en 1993 a été un tournant décisif pour Michel. Après la mort de Patrice, Michel a commencé à ressentir le poids du silence et la solitude de porter seul ce passé. Ce changement de circonstances l'a progressivement amené à envisager de partager leur histoire avec ses connaissances. C'est dans ces conditions qu'Olivier Casas, le réalisateur, qui côtoyait Michel depuis quelques années, a découvert, il y a neuf ans, son incroyable histoire.

Un hommage à son frère disparu

Plus de trente ans après le suicide de son frère Patrice, Michel de Robert est toujours très affecté par son absence. Il voulait, avant toute chose, que le film Frères célèbre leur amour, et ce lien indéfectible qui les unissait. Il précise ainsi :

"Le scénario devait absolument refléter la réalité de ce que nous avons vécu et surtout mettre en lumière l'amour que j'avais pour mon frère. Ce n'est pas simplement cette histoire de survie dans la forêt qui m'intéressait. Ce qui est crucial, c'est que le film rende un véritable hommage à mon frère, que cela témoigne de l'amour que je lui porte."

La sortie du film est à la fois libératrice pour Michel de Robert, qui partage son histoire intime avec tout un public, mais également empreinte de douleur, comme il nous l'a confié :

"Le seul souci, c'est mon frère, c'est tout. Le seul souci, ce n'est pas triste, c'est qu'on parle beaucoup de mon frère et que pour moi, c'est dur."

Cette déclaration révèle combien il lui est pénible de revisiter les souvenirs de son frère, non pas parce que cela ravive la tristesse, mais parce que cela rappelle la profondeur de leur lien et la perte qu'il continue de ressentir.

Néanmoins, il trouve une forme de consolation dans le fait que, à travers le film, son frère semble prendre vie une fois de plus : "Mais en même temps, je le vois vivre. En même temps, il est là. En même temps, il est avec nous."