En 2021, Fanny Liatard et Jérémy Trouilh mettent en scène l’excellent "Gagarine". Une œuvre poétique, puissante, touchante, qui prend place dans la véritable citée parisienne Gagarine. Comme dans le film, cette cité a été détruite par la municipalité. Retour sur une histoire vraie, comme point de départ d’une aventure humaine inoubliable.
Gagarine : le choc français de 2021
Après deux courts métrages (Gagarine et Chien Bleu), le duo Fanny Liatard et Jérémy Trouilh passe sur grand écran avec Gagarine. Emmené par Alséni Bathily, Lyna Khoudri ou encore Finnegan Oldfield, le film raconte le destin de Youri, 16 ans, qui a vécu toute sa vie dans la cité Gagarine. Quand la ville d’Ivry-sur-Seine décide de la détruire, le jeune homme entre en résistance. Avec la complicité de Diana, il se donne pour mission de sauver sa cité.
Nommé à une reprise aux César, Gagarine a remporté le prix Lumière du Meilleur premier film. Le film faisait également parti de la Sélection Officielle du Festival de Cannes 2020. Fable moderne et visuellement onirique, film poétique, touchant et ultra créatif, Gagarine porte un regard bouleversant sur la cité et ses habitants. Un regard d’autant plus poignant, que le point de départ de l’aventure de Youri est basé sur des faits réels.
La véritable cité Gagarine
En effet, la cité Gagarine a réellement existé. Sa création remonte aux années 1960. A cette époque, la ville d’Ivry-sur-Seine décide de construire de nouveaux HLM. La cité tire son nom de Youri Gagarine, le célèbre cosmonaute russe qui est devenu le premier homme à voyager dans l'espace en 1961.
Le choix du nom "Gagarine" symbolisait à la fois l'ambition d'Ivry-sur-Seine de construire une cité moderne et futuriste, et l'espoir d'un avenir meilleur pour les habitants. La construction de la cité Gagarine a débuté dans les années 1960 et s'est achevée dans les années 1970. Elle se compose de plusieurs immeubles d'habitation de grande hauteur. Ces derniers regroupent des appartements de différentes tailles et configurations pour accueillir un grand nombre de familles.
Dans les années qui ont suivi sa construction, elle a été considérée comme un symbole de modernité et de progrès social, offrant des logements abordables à de nombreuses familles qui cherchaient à s'installer près de Paris. Cependant, au cours des décennies suivantes, la cité Gagarine a été confrontée à des problèmes sociaux et économiques. La concentration de population dans un espace restreint, combinée à un manque d'entretien et à des difficultés socio-économiques, a contribué à la dégradation de certains immeubles et à l'apparition de tensions sociales.
La destruction de la cité
Avec le temps, Gagarine est devenue un symbole multiculturel, un emblème d’un passé ouvrier. Ses briques rouges sont célèbres dans toute l’Île de France (encore plus depuis la sortie du film). Depuis le 31 août 2019, la cité Gagarine est peu à peu détruite par la ville d’Ivry-sur-Seine. En effet, dans le cadre d'une vaste opération de renouvellement urbain, l'ensemble HLM laissera place à une « Agro-cité » d'ici 2026. Selon l'EPA-ORSA, aménageur de la ZAC, la résidence aux 380 appartements ne sera pas démolie. Elle fait l'objet d'une « déconstruction intelligente ».
Une décision qui fait écho avec le film de Fanny Liatard et Jérémy Trouilh. En effet, la fin de Gagarine est calquée sur la réalité. Comme dans le long-métrage, les habitants de la cité se sont réunis en bas des tours pour leur rendre un dernier hommage ; juste avant le premier coup de bulldozer. Comme l’expliquait Karamoko Coulibaly, le dernier gardien du lieu au micro du Parisien :
Place à l'avenir, tout le monde est nostalgique mais maintenant, il faut reconstruire.
Après 58 ans d’existence, la cité Gagarine tire sa révérence. Une déconstruction qui inspire la fin d’une époque, la fin d’une ère où la solidarité primait. Une fin qui marque également la clôture d’un chapitre dans la vie des habitants de la cité Gagarine. A l’heure actuelle, la ville d’Ivry-sur-Seine est toujours en train d’apporter des améliorations à ce nouveau quartier, dorénavant appelé Gagarine-Truillot.
