Gladiator a 20 ans : découvrez cinq secrets sur le chef-d’œuvre de Ridley Scott

Force et honneur.

Gladiator a 20 ans : découvrez cinq secrets sur le chef-d’œuvre de Ridley Scott

Le chef-d’œuvre de Ridley Scott, "Gladiator", fête ses 20 ans cette année. À cette occasion, nous vous proposons de découvrir cinq anecdotes sur le film dans lequel Russell Crowe a ébloui le monde en Maximus, et qui a relancé l’intérêt du public pour le péplum.

Russell Crowe et Ridley Scott, première collaboration pour un chef-d’œuvre

À l’époque de sa sortie, Gladiator était un pari risqué. Réaliser un péplum à une époque où le genre était tombé aux oubliettes représentait un risque financier important pour les studios qui le produisaient, sans compter l’impact négatif qu’il aurait pu avoir sur la réputation d’un cinéaste jusqu’alors considéré comme un des meilleurs. Gladiator raconte l’histoire de Maximus, un général romain qui mène les batailles de l’empereur Marc Aurèle, lui assurant un soutien sans faille. Jaloux de la réputation de Maximus auprès de l’armée romaine, mais surtout de l’amour que lui porte l’empereur, le fils de ce dernier, Commode, prend brutalement le pouvoir et ordonne l’exécution de Maximus. Le général échappe à la mort, mais ne peut sauver sa famille du même sort. Capturé par un marchand d’esclaves, il devient alors gladiateur, et prépare sa vengeance…

Brillamment mis en scène par Ridley Scott, Gladiator est porté par l’interprétation habitée de Russell Crowe, qui joue sans doute son personnage le plus culte avec Maximus. Le film bénéficie aussi de performances particulièrement saisissantes de la part de ses seconds rôles, Joaquin Phoenix dans la peau de Commode et Connie Nielsen dans celle de Lucilla en tête. Depuis sa sortie, Gladiator a fasciné un très grand nombre de spectateurs. Mais le film recèle encore des secrets de tournage qui demeurent relativement peu connus. Nous vous en proposons ici cinq.

Une écriture difficile pour un résultat impressionnant

Quand on connaît le scénario final de Gladiator, il est difficile de deviner que son écriture a été plus que mouvementée. Que ce soit au niveau de l’intrigue ou des dialogues, le film est aujourd’hui encore considéré comme ayant été particulièrement bien écrit. Et pourtant, arriver au résultat que l’on connaît n’a pas été un long fleuve tranquille. Si elle fait référence aux véritables empereurs Marc Aurèle et Commode, l’histoire du film de Scott est fictive, puisque Commode n’a jamais assassiné son père. Et Maximus n’a lui jamais existé, même s’il est vaguement inspiré de Marcus Nonius Macrinus, un général ami de Marc Aurèle, de l’esclave Narcisse, qui a réellement assassiné l’empereur Commode en 192, et potentiellement de Spartacus, sans doute le gladiateur le plus célèbre de l’Histoire.

Il a donc fallu quasiment créer un scénario de toutes pièces pour Gladiator. Et celui-ci a nécessité de nombreuses réécritures, et ce même jusqu’à quelques jours du tournage. En tout, trois scénaristes se sont attaqués à l’histoire : David Franzoni, John Logan et William Nicholson. Russell Crowe lui-même s’est montré impliqué dans le processus d’écriture de son personnage, et a tenu à imposer certaines de ses idées sur sa vision de Maximus. L’acteur néo-zélandais a même demandé à retirer la fameuse réplique « J’aurai ma revanche, dans cette vie ou dans l’autre », puisqu’il la détestait à l’origine. Heureusement, les scénaristes ont insisté pour qu’elle reste dans le script.

Un tournage international pour plus de réalisme

Le tournage de Gladiator s’est en grande partie déroulé dans trois parties du monde, Ridley Scott ayant tenu à tourner le plus possible dans de vrais décors pour donner un maximum de réalisme à son film. Les scènes de bataille en terres germaniques, au début du film, ont été tournées en Angleterre, dans la forêt de Bourne Woods. Détail d’ailleurs amusant, une partie de la forêt en question devait à l’époque être rasée par les autorités locales, et a été sauvée par le péplum… en quelque sorte. Ridley Scott y a ainsi vu une opportunité pour son film, et a convaincu les autorités de faire le travail à leur place, obtenant l’accord de la Royal Forestry Commission pour dégager une partie de la forêt qui devait de toute façon être rasée.

Le cinéaste a ainsi pu bénéficier d’hectares entiers dont il pouvait disposer comme il le voulait, et a pu les brûler pour les besoins de sa scène d’ouverture. La forêt est d’ailleurs depuis devenue le théâtre de nombreuses grosses productions hollywoodiennes, dont le Robin des Bois qui réunissait de nouveau Ridley Scott et Russell Crowe. Elle a aussi servi de décor pour les trois derniers films de la saga Harry Potter ou plusieurs long-métrages du MCU, dont Avengers : L’Ère d’Ultron.

Pour les scènes du second acte du film, lorsque Maximus devient un gladiateur, le tournage a eu lieu dans les montagnes de l’Atlas, du côté de Ouarzazate, et plus précisément du ksar d’Aït-Ben-Haddou. L’arène dans laquelle il livre son premier combat a notamment été construite de toutes pièces à l’aide de matériaux et de méthodes de construction locales par les équipes du film, avant d’être améliorée par ordinateur. On peut d’ailleurs toujours visiter les décors aujourd’hui, qui ont aussi servi à représenter la cité-état de Yunkaï dans Game of Thrones.

Quant au dernier acte de Gladiator, toute l’action du film prenant place à Rome a été filmée dans le bastion de Fort Ricasoli, à Malte. Là encore, il s’agit d’un lieu recherché par Hollywood, puisque de nombreuses groses productions, comme Troie, y ont été tournées. Le lieu peut lui aussi être vu dans Game of Thrones, puisqu’il y apparaît dans quelques épisodes pour représenter la forteresse de King’s Landing, et notamment sa porte principale, qui correspond à la porte du Donjon Rouge. (Ce n’est d’ailleurs pas le seul lien entre Gladiator et Games of Thrones, puisque Jack Gleeson s’est inspiré de la prestation de Joaquin Phoenix dans le long-métrage de Scott pour jouer Joffrey.) Enfin, pour le Colisée que l'on peut voir dans Gladiator, une réplique d’environ un tiers de l’impressionnant bâtiment a aussi été construite par les équipes du film, le reste ayant ensuite été ajouté numériquement.

Autant dire que les équipes de production du long-métrage de Scott se sont données du mal pour rendre les décors les plus immersifs possibles. Mais au vu du résultat, on peut estimer que cela en valait la peine.

Russell Crowe face à de vrais tigres… plutôt qu’un rhinocéros !

Alors que les effets spéciaux s’étaient déjà considérablement installés à Hollywood à l’époque de la sortie du film, Ridley Scott a tenu à les utiliser le moins possible pour Gladiator, toujours dans un souci d’authenticité. Et le réalisateur ne s’est pas limité à appliquer cette idée qu’aux décors. Lors de la scène dans laquelle Maximus affronte l’invaincu Tigris, des tigres font soudainement irruption du sol et le gladiateur se retrouve forcé de les affronter en plus du géant joué par Sven-Ole Thorsen. Et là encore, ce sont de vrais tigres du Bengale que l’on peut voir à l’écran. En tout, cinq d’entre eux ont été amenés sur le tournage pour la scène en question. Pour assurer la sécurité de Crowe, un vétérinaire armé d’un tranquillisant se trouvait à tout moment proche de la scène. De plus, l’acteur avait pour consigne de ne jamais se tenir à moins de 4,5 mètres d’un des animaux. Pour les scènes où il se bat avec un tigre, il s'agissait par contre d'une réplique en peluche :

 

Et la scène en question aurait pu aller beaucoup plus loin puisque Ridley Scott voulait à l’origine que Maximus y affronte un rhinocéros ! Le cinéaste britannique a sérieusement considéré l’idée de forcer l’ancien général à se battre contre un rhinocéros. S’étant d’abord renseigné sur l’aspect pratique d’utiliser un vrai animal pour certains plans, il a ensuite considéré la possibilité d’utiliser des animatroniques pour les plans rapprochés de la tête de l’animal, qu’il aurait ensuite complété avec des effets spéciaux. Mais se rendant compte que les coûts pour réaliser la scène seraient bien trop élevés, le réalisateur a complètement abandonné l’idée. Il a donc au final opté pour les tigres. Encore une fois, au vu de la scène que l’on peut voir dans le film, il semble que Scott ait fait le bon choix.

Russell Crowe aurait pu ne jamais être Maximus

Alors qu’il est aujourd’hui impossible d’imaginer un autre interprète que Russell Crowe pour le rôle de Maximus Decimus Meridius, c’est un autre acteur qui aurait dû endosser la tunique du général romain devenu gladiateur. À l’origine, les producteurs souhaitaient engager Mel Gibson pour l’incarner. Mais c’est l’acteur lui-même qui a choisi de refuser le rôle, se jugeant lui-même trop vieux (il avait à l’époque 43 ans) pour jouer le personnage. Au vu des caractéristiques de Maximus, la comparaison avec William Wallace, que Gibson joue dans Braveheart, aurait été difficile à éviter s’il avait accepté le rôle.

De la même façon, Commode aurait pu être joué par un autre acteur que Joaquin Phoenix. Pour incarner l’assassin de Marc Aurèle, les producteurs ont d’abord envisagé d’engager Jude Law. Mais Phoenix avait toujours été le choix numéro un de Scott, et le cinéaste a finalement convaincu les producteurs de l’engager. Quant au rôle de Lucilla, Jennifer Lopez avait aussi auditionné avant que Connie Nielsen ne soit choisie.

Proximo devait normalement survivre jusqu’à la fin de Gladiator

Proximo est l’un des nombreux personnages secondaires si réussis qu'ils participent à la qualité de Gladiator. La scène dans laquelle il se sacrifie pour permettre à Maximus d’échapper aux soldats venus l’arrêter reste l’une de ses plus mémorables, ponctuée par la réplique inoubliable « Ombre et poussière ». Mais cette scène n’aurait jamais dû exister. Dans le scénario original, Proximo devait survivre jusqu’à la fin du film, et c’est même lui qui aurait dû enterrer les petites sculptures de la femme et du fils de Maximus dans le sable de l’arène du Colisée.

Mais malheureusement, au cours du tournage, Oliver Reed, l’interprète du laniste, est décédé avant d’avoir pu tourner toutes ses scènes. S’il en avait la possibilité grâce à une clause dans le contrat de l’acteur, Ridley Scott a refusé de retourner toutes les scènes dans lesquelles Proximo apparaissait en remplaçant Reed par un autre acteur. À la place, les scénaristes ont réécrit une partie du film, et le cinéaste a utilisé un mélange d’effets spéciaux révolutionnaire pour l’époque, grâce auquel il a superposé le visage de Reed sur celui d’un autre comédien pour les scènes qu’il lui manquait, dont celle de la mort du personnage.

Et c’est donc Juba, joué par Djimon Hounsou, qui enterre les petites sculptures représentant la famille de Maximus dans le sable, avant de prononcer la dernière réplique, là aussi culte, du film. Et au vu de l’arc narratif de Juba, qui se rapproche de Maximus au fur et à mesure de l’intrigue, le fait que ce soit lui qui réalise ce geste final semble tout à fait naturel.