Guendalina et Les Adolescentes : double ressortie pour Alberto Lattuada

Guendalina et Les Adolescentes : double ressortie pour Alberto Lattuada

Réalisateur prolifique italien des années 1940 à la fin des années 1980, Alberto Lattuada (1914-2005) est remis en avant à l’occasion de la ressortie en version restaurée 4K de ses films "Guendalina" (1956) et "Les Adolescentes" (1960) qui portent un beau regard sur la jeunesse.

Le regard nostalgique de Lattuada sur les adolescentes

« Lattuada est surtout un portraitiste de femmes, observant tout à la fois avec délicatesse et une douce concupiscence l'éveil à la sensualité d'adolescentes que sa caméra caresse avec précision et tendresse » disait Jean-François Rauger en présentation de la rétrospective du réalisateur à la Cinémathèque Française en 2019. Dans ce sens, Les Adolescentes (1960) et Guendalina (1956) sont deux belles œuvres pour découvrir le style d'Alberto Lattuada. Si le premier se veut une observation étirée et lente, presque voyeuriste, d’une jeunesse prête à plonger dans le monde adulte et à regarder s’échapper son innocence sans sourciller, le second fait preuve de plus de fraîcheur pour capter cette période qui semble nostalgique au cinéaste.

Dans celui-ci, on découvre la jeune Guendalina (Jacqueline Sassard) qui voit pointer la fin des vacances. Présente avec ses parents à la station balnéaire de Viareggio, elle doit faire ses adieux à ses amis qui retournent à leur propre vie en attendant l’année prochaine. La fin des amourettes de vacances, mais le début d’un premier vrai amour pour Guendalina. Car sans qu’elle s’y attende, ses parents annoncent leur divorce. Mais il ne serait pas bien vu de retourner à Milan avant d’avoir réglé cette séparation. Le séjour de Guendalina va donc se prolonger. Et elle trouvera vite une occupation en flirtant avec le jeune Oberdan (Raf Mattioli).

Guendalina et Les Adolescentes : double ressortie pour Alberto Lattuada
Guendalina (1956)

D’adorable emmerdeuse à femme libre

D’abord enquiquineuse (voire véritable emmerdeuse) avec ce gentil Oberdan, Guendalina se révèle particulièrement sympathique au fil des séquences proposées par Lattuada. Lui faisant toutes sortes de misères, mais rien de bien méchant. Guendalina étant, au fond, encore naïve, et pas forcément consciente de certaines choses, comme de la différence de classe entre sa famille bourgeoise et la famille d’un milieu modeste d’Oberdan. Un milieu qui lui fait défaut dans son quotidien (vis-à-vis de gardes-chasse par exemple), et que voit d’un mauvais œil la mère de Guendalina. Mais pas de misérabilisme pour autant. Et surtout, ça n’empêchera pas Guendalina de s’attacher et de le relancer pour le voir. Ainsi, tout en captant des problématiques sociales et le passage à l’âge adulte, Lattuada raconte une délicate histoire d’amour de jeunesse, drôle et touchante, portée par deux interprètes éminemment sympathiques.

Guendalina et Les Adolescentes : double ressortie pour Alberto Lattuada
Les Adolescentes (1960)

En ressort une œuvre plus accessible que Les Adolescentes, mais tout autant pertinente. Cependant, tout en pouvant donner parfois le sentiment de se perdre dans une caricature de la jeunesse, Les Adolescentes a pour lui un regard bien plus sensuel que Guendalina. Parfois à la limite dans la représentation d’un amour entre une fille de dix-sept ans et un homme de vingt ans son aîné, le film tire, lui, sa force de la simple attitude de Francesca (Catherine Spaak), qui ressort finalement plus mature dans son rapport à l’amour après sa première expérience. En atteste le dernier plan, avec le regard caméra de l’adolescente qui montre qu’elle n’est pas dupe et qu’elle contrôle la situation. Énième preuve de la vision bienveillante de Lattuada sur une adolescence rayonnante qui révèle l’insignifiance et la fragilité des adultes bourgeois.

Guendalina et Les Adolescentes ressortent dans les salles le 29 juillet 2020. Retrouvez ici la bande-annonce de Guendalina, et ici la bande-annonce de Les Adolescentes.