Guillaume Roussel : "je voulais que la musique de Novembre nous ramène de l'humanité"

Guillaume Roussel : "je voulais que la musique de Novembre nous ramène de l'humanité"

Découvrez notre interview du compositeur français Guillaume Roussel, qui a notamment signé les musiques des films "Novembre" et "Kompromat" et qui travaille actuellement sur les deux longs-métrages très attendus adaptés des "Trois Mousquetaires".

Guillaume Roussel signe la BO de Novembre

Lorsque nous appelons Guillaume Roussel l'été dernier, il est en direct de Los Angeles, où il vit maintenant depuis plusieurs années. Il a fait ses armes en travaillant pour Hans Zimmer, notamment sur la musique de Pirates des Caraïbes : La fontaine de jouvence. "Une collaboration incroyable qui m'a permis d'apprendre une nouvelle manière de travailler" se souvient le compositeur français.

Il exerce toujours dans les studios d'Hans Zimmer, où il a désormais la liberté de travailler pour des films français. Depuis 2014 et La French, il a signé toutes les musiques des longs-métrages de Cédric Jimenez, dont celle de Novembre, en salles depuis ce mercredi 5 octobre qui traite de la traque des terroristes du 13 novembre.

Jean Dujardin dans le film Novembre de Cédric Jimenez
Jean Dujardin dans le film Novembre de Cédric Jimenez © Studiocanal

Guillaume Roussel a commencé à travailler sur la musique de Novembre très tôt, à la lecture du scénario :

Je n'ai pas commencé à composer tout de suite mais j'ai beaucoup réfléchi. À la lecture, je voyais l'envie de réalisme de Cédric, comme c'était le cas sur BAC Nord. On était sur une grammaire assez similaire. J'ai composé dès le début du tournage, il m'envoyait des séquences, et je travaillais.

Lorsque Cédric Jimenez a indiqué au compositeur la direction à prendre, il lui a simplement dit que "le scénario pourrait se passer de musique, mais qu'il en aurait paradoxalement besoin". Rapidement, une idée a germé dans son esprit :

Je voulais absolument que la musique fasse penser à des voix, qu'elle nous ramène de l'humanité. Pour deux raisons. La première était que les personnages essaient de ne pas laisser passer leurs émotions, de rester concentrés. Je pensais que la musique pouvait aider à donner cette aspérité émotionnelle que les personnages masquent. La deuxième raison était que je voulais rendre hommage aux victimes qu'on ne voit pas à l'image. Ces sons de voix sont symboliques de ces vois anonymes qui ne sont pas représentées, à dessein, dans le film.

Pour appuyer la tension sous-jacente présente dans le film, Guillaume Roussel a utilisé des sons électroniques, presque industriels, qui se fondent sans s'imposer dans l'univers du film :

Cédric voulait absolument que la musique appuie le côté enquête et suspense. Il souhaitait quelque chose de très électro, limite techno, qui permette d'appuyer le côté stressant. Surtout lorsque l'on est plongé dans l'enquête, et pas avec les terroristes, et qu'on perd de vue le côté dangereux. La musique est là pour appuyer ce sentiment oppressant.

Kompromat et Les Trois Mousquetaires

En 2022, le compositeur français a également signé les musiques de King, Loin du périph, Totems, Couleurs de l'incendie, Marie Antoinette et Kompromat. Pour ce dernier, réalisé par Jérôme Salle, Guillaume Roussel a notamment utilisé des sonorités synthétiques très 80's pour illustrer le milieu carcéral russe :

Avec Novembre et Kompromat j'ai plongé dans un univers complètement différent de ce à quoi je suis habitué car je viens du classique. J'ai passé des mois et des mois à choisir des synthés, et à construire des sons. C'était très intéressant. Je me suis retrouvé dans une sorte de cockpit avec des fils partout, j'ai découvert l'analogie modulaire. J'ai adoré travailler sur ces films car j'ai expérimenté plein de choses.

Gilles Lellouche - Kompromat
Gilles Lellouche - Kompromat © SND

Actuellement, le compositeur travaille sur la musique des deux très attendus volets des Trois Mousquetaires réalisés par Martin Bourboulon qui sortiront en avril et décembre 2023. Il est l'un des seuls à avoir pu découvrir les premières images, qu'il annonce "épiques et lyriques" :

L’ambition de Martin c’est de faire un film de cape et d’épée et aussi quelque chose de moderne et d’élégant. C’est le même challenge pour la musique. Il y a quelque chose de très orchestral, et on essaie aussi de mélanger avec de l’électro. Ça sera hybride et épique. On enregistre à Londres, avec de gros moyens pour le faire. Je souhaite au cinéma français que ces films fonctionnent, il faut donner plus de moyens à des réalisateurs ambitieux.