Hacker sur Netflix : quel pirate informatique a inspiré le personnage de Chris Hemsworth ?

Un film aux enjeux et aux méthodes réalistes

Hacker sur Netflix : quel pirate informatique a inspiré le personnage de Chris Hemsworth ?

Film d’action qui plonge le spectateur dans l’univers parallèle des pirates informatiques, "Hacker" démontre une nouvelle fois tout le professionnalisme et la rigueur du grand Michael Mann. Soucieux de développer un univers authentique, le réalisateur s’est inspiré d’un célèbre cybercriminel pour le héros interprété par Chris Hemsworth.

Hacker : un techno-thriller expérimental signé Michael Mann

Amassant moins de 20 millions de dollars au box-office mondial pour un budget estimé à 70 millions, Hacker est le plus gros échec commercial de la carrière de Michael Mann. Injustement boudé lors de sa sortie en 2015 puis rapidement mis de côté, le long-métrage n’en demeure pas moins fascinant et cohérent avec l’évolution du réalisateur de Heat et Collateral.

Le film s’ouvre sur un plan-séquence virtuose. La caméra suit le parcours de données, du clic d'un cyberterroriste depuis son ordinateur à leur arrivée dans la centrale nucléaire de Chai Wan, à Hong Kong, où elles provoquent une explosion. Les dérèglements provoqués par les flux incessants, humains ou informatiques, étaient déjà au cœur de Miami Vice, dans lequel Colin Farrell et Jamie Foxx s’attaquaient à un cartel. Ils marquent ici le point de départ d’une nouvelle traque où des enquêteurs se lancent à la poursuite de l’auteur de cette catastrophe, voyageant entre la Chine, les États-Unis et l’Indonésie en une poignée de secondes grâce à une mise en scène toujours plus expérimentale.

Pour coincer le criminel dans cet univers numérique et austère, mais pas totalement déshumanisé, les agents du FBI menés par Viola Davis et Holt McCallany ainsi que les autorités chinoises représentées par Wang Lee-hom font appel au hacker incarcéré Nicholas Hathaway. Incarné par Chris Hemsworth, ce pirate brillant se verra offrir sa liberté s’il parvient à débusquer le terroriste.

Un réalisateur extrêmement pointilleux

Thriller complexe et étourdissant, ponctué de plusieurs scènes d’action nocturnes qui raviront les amateurs du cinéma de Michael Mann, Hacker est un exercice de style duquel ressort une véritable précision. Professionnel réputé pour sa rigueur, à l’image de ses protagonistes, le réalisateur d’Ali se documente pendant plus de deux ans pour le film. Son objectif est de retranscrire avec authenticité le monde parallèle des pirates informatiques. Il s’est notamment appuyé sur les conseils d’experts en cybersécurité avec le scénariste Morgan Davis Foehl. Un travail qui provoque chez lui des prises de conscience inquiétantes, comme il l’explique au Hollywood Reporter en 2014 :

Les choses les plus effrayantes proviennent des gens à Washington. Pas des hackers blackhat. La vulnérabilité de nos systèmes, la facilité pour les hackers de s’y introduire et de les pirater, de contrôler les automates programmables industriels, qui contrôlent l’approvisionnement en eau, les feux de circulation et surtout nos institutions financières.

Hacker
Hacker © Universal

Si les événements du film sont fictifs, certains évoquent des faits réels. C’est le cas de l’explosion dans la centrale nucléaire hongkongaise, qui rappellent les événements liés à Stuxnet. Ce virus découvert en 2010 aurait été créé pour s’en prendre aux sites nucléaires iraniens. Le programme était capable de ralentir ou d’accélérer la vitesse des centrifugeuses. Selon les informations citées par Slate, il aurait pu provoquer des explosions, ou mettre à l'arrêt les centrales.

Un personnage inspiré d’un hacker célèbre

Par ailleurs, la trajectoire du héros interprété par Chris Hemsworth fait écho à celle de Stephen Watt. Ce hacker est à l’origine d’un code qui permet à son meilleur ami Albert Gonzalez d’organiser une fraude impactant 135 millions de cartes bancaires, en piratant les données de 250 compagnies d'après Les Inrocks. Gonzalez aurait ensuite revendu les numéros de ces dernières entre 2005 et 2007, empochant ainsi des millions. Il purge actuellement une peine de 20 ans d’emprisonnement.

Stephen Watt a lui aussi été incarcéré. Après sa libération, cet haltérophile de 2,10 mètres conçoit des systèmes pour protéger les boîtes mail. Surnommé le "terroriste UNIX", il aurait également conseillé Michael Mann sur Hacker selon le New York Times.