À 27 minutes et 14 secondes de ce chef-d'oeuvre du cinéma, Steven Spielberg s'auto-congratule

À 27 minutes et 14 secondes de ce chef-d'oeuvre du cinéma, Steven Spielberg s'auto-congratule

Dans "Il faut sauver le soldat Ryan", Steven Spielberg réalise une séquence d'ouverture monumentale pour mettre à l'écran toute la violence et l'horreur du Débarquement de Normandie. Et lorsque celle-ci se termine, le personnage incarné par Tom Hanks prononce une ligne de dialogue "méta", avec laquelle on comprend que Steven Spielberg sait exactement ce qu'il vient de faire avec cette séquence...

Le film référence sur le Débarquement

Tout ou presque a été dit sur Il faut sauver le soldat Ryan, chef-d'oeuvre du cinéma de guerre réalisé par Steven Spielberg 1998. Un film sur l'héroïsme des forces américaines lors du Débarquement de Normandie le 6 juin 1944 et des jours qui ont suivi, alors qu'une escouade de rangers est chargée de retrouver et protéger le jeune James Francis Ryan, parachuté derrière les lignes ennemies et dont les trois frères sont morts au combat. Avec un casting mené notamment par Tom Hanks, Tom Sizemore, Barry Pepper et Matt Damon dans le rôle de Ryan, Il faut sauver le soldat Ryan est un film culte, acclamé par la critique et le public qui s'est rendu en nombre lors de sa sortie dans les salles.

Il faut sauver le soldat Ryan
Il faut sauver le soldat Ryan ©Paramount Pictures

Alors que les commémorations des 80 ans du 6 juin 1944 ont pris place sur la côte normande, Il faut sauver le soldat Ryan ressort dans certaines salles de cinéma et est disponible sur Netflix depuis le 1er juin. L'occasion parfaite pour se replonger dedans et s'arrêter sur un moment très bref, durant lequel Tom Hanks prononce une phrase à double sens, qui vaut aussi bien pour son personnage que pour le spectateur.

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Une séquence mythique

Il faut sauver le soldat Ryan, après une brève ouverture "de nos jours" sur le maintenant très vieux James Francis Ryan, en visite au cimetière américain de Colleville, représente dans une séquence longue de plus de 20 minutes le Débarquement des troupes alliées à Omaha Beach. Réaliste et ultra-violente, aussi grandiose que terrifiante, la production de cette seule séquence a notamment coûté 11 millions de dollars et mobilisé plus de mille figurants. À propos de cette séquence mythique, Steven Spielberg expliquait au Point :

Je voulais que le public éprouve la même chose que ces appelés en treillis kaki sortant des péniches de débarquement et qui, pour la plupart, n'avaient jamais connu le feu auparavant. Il fallait traduire ce chaos, cet enfer, à l'écran.

La traduction à l'écran de cet enfer est exceptionnelle, et Steven Spielberg sait qu'il a réussi. Il le sait si bien qu'il conclut même ce chapitre inoubliable du film d'une phrase prononcée par le Capitaine John H. Miller, incarné par Tom Hanks. En effet, alors que Miller et ses hommes sont parvenus à prendre d'assaut la plage et nettoyer les bunkers allemands, ils peuvent enfin se reposer. À 27 minutes et 10 secondes, la main tremblante, Miller porte sa gourde à ses lèvres quand le sergent Horvath (Tom Sizemore), déclare hors champ : "Quel spectacle." Ce à quoi, en gros plan et quasi face caméra, Miller répond : "Oui c'est vrai. Quel spectacle".

Capitaine John H. Miller (Tom Hanks) - Il faut sauver le soldat Ryan
Capitaine John H. Miller (Tom Hanks) - Il faut sauver le soldat Ryan ©Paramount Pictures

Il faut sauver le soldat Ryan : "Quel spectacle."

Cette phrase vaut évidemment pour les deux personnages du film, eux les deux soldats qui viennent d'être acteurs et témoins d'une véritable boucherie, dans un déluge de violence. C'est un moment décisif dans l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, et ils viennent d'en saisir au plus profond de leur chair son caractère unique. Mais cette phrase est aussi "méta", dans la mesure où Steven Spielberg vient de réaliser une des plus grandes scènes de bataille de l'histoire du cinéma, et qu'il le sait. Alors, ce "Quel spectacle.", c'est aussi ce que se disent, les yeux rivés à l'écran comme ceux de Tom Hanks presque rivés à la caméra, en miroir, les spectateurs d'Il faut sauver le soldat Ryan.

Ainsi, d'une certaine manière, Steven Spielberg dit à son public : "regardez le spectacle (la guerre) qu'ont vu ces hommes, et regardez quel spectacle (mon film) vous venez de voir". Avec cette mise en scène sur le visage de Tom Hanks, l'immersion et la mise en abyme proposées sont vertigineuses. Steven Spielberg s'envoie alors lui-même des fleurs, ce qui suggère qu'il réalise très bien ce qu'il a mis en scène puis monté pour Il faut sauver le soldat Ryan, à savoir une des plus grandes scènes, tous genres confondus, de l'histoire du cinéma.