Isabelle Huppert en femme fatale dans Eva de Benoît Jacquot

Adaptation d'un roman noir de James Hadley Chase, déjà porté à l'écran par Joseph Losey avec Jeanne Moreau en 1962, "Eva" est l'occasion pour Benoît Jacquot d'offrir un rôle de femme fatale à Isabelle Huppert, une de ses actrices fétiches.

Les deux compères en sont à leur sixième collaboration, après des films comme L'école de la chair ou Villa Amalia. Cette fois-ci, le rôle "n'était pas écrit pour elle. C'est une fois écrit que je lui ai demandé de venir", a expliqué le réalisateur à l'AFP.

Dans le film, en salles mercredi, Isabelle Huppert incarne une prostituée vivant à Annecy qui croise la route d'un jeune dramaturge parisien, cachant un secret (Bertrand, joué par Gaspard Ulliel).

Cette Eva lui apparaît comme une bouée de secours. Elle est aussi double que lui, elle a une double vie. Les deux lignes de vie se mettent en miroir, ce qui n'est ni dans le livre, ni dans le roman

A expliqué le réalisateur à l'AFP. L'actrice apparaît alternativement en prostituée perruquée et lourdement fardée et en bourgeoise plus sage.

Malaxant à son gré le roman initial, Benoît Jacquot a également introduit une différence d'âge entre les deux personnages principaux.

Ca m'intéressait d'inverser la figure habituelle de la jeune femme avec un homme qui à l'âge d'être son père. Ca recoupait une figure du monde tragique: un homme qui rencontre une femme forte et qui a l'âge de sa mère.

Le personnage d'Eva "semble fatale pour Bertrand mais elle ne le fait pas exprès", a souligné de son côté l'actrice, à la Berlinale où le film était en compétition.

Ce rôle de femme déterminée évoque à certains égards son personnage de femme violée, qui va traquer son agresseur, dans Elle de Paul Verhoeven, pour lequel elle a reçu un Golden Globe à Hollywood début 2017.

Oui, il y a des points communs. Une certaine solitude, un côté tranchant de prime abord, la volonté de ne jamais être considérée comme une victime, un contrôle apparent. Il est évident que derrière cette façade, il y a autre chose

A-t-elle confirmé. Variation sur l'imposture, Eva permet à son réalisateur, connu pour ses portraits de femmes (Les adieux de la reine), d'explorer une figure masculine, avec le personnage de Gaspard Ulliel.

Présenté à la Berlinale en février, le film a reçu un accueil frileux.