Jimmy’s Hall : qu’est devenu le personnage du film de Ken Loach ?

Qu’est devenu Jimmy Gralton ?

Jimmy’s Hall : qu’est devenu le personnage du film de Ken Loach ?

Avec "Jimmy’s Hall", Ken Loach fait sortir de l’oubli l’histoire d’un syndicaliste républicain irlandais, Jimmy Gralton. Le long-métrage revient sur deux périodes courtes mais très importantes de sa vie. Découvrez ce qu’il s’est passé par la suite.

Jimmy’s Hall : retour en Irlande pour Ken Loach

Huit ans après la Palme d’or pour Le Vent se lève, Ken Loach revient en Irlande avec Jimmy’s Hall, sorti en 2014. Tandis que le premier était consacré à la Guerre d’indépendance menée contre les Black and Tans à l’aube des années 20, le second débute en 1932. Après avoir passé dix ans à New York, Jimmy Gralton (Barry Ward) retourne chez lui, dans le comté de Leitrim, afin d’aider sa mère sur la ferme familiale.

Très vite, sa réputation le rattrape et des jeunes du coin lui demandent s’il compte rouvrir le Pearse-Connolly Hall. Au sein de cet établissement inauguré en 1921 après la proclamation du traité de l’État libre d’Irlande, des volontaires enseignaient la littérature, la danse, la musique, la boxe ou encore la menuiserie. À l’époque, l’initiative du syndicaliste républicain avait révolté l’Église catholique et l’Armée Nationale Irlandaise (INA).

Jimmy's Hall
Jimmy's Hall © Le Pacte

C’est encore une fois le cas lorsque Jimmy accepte de restaurer son lieu de partage, de convivialité et de pensée, où les danses et l’enseignement reprennent. Taxé de révolutionnaire, accusé d’être à la tête d’un repère de païens et de communistes, le militant est à nouveau dans le viseur du père Sheridan (Jim Norton), avec lequel débute un long duel. En parallèle, Jimmy retrouve son vieil amour Oonagh (Simone Kirby), désormais mariée et mère de deux enfants.

Le seul Irlandais expulsé de son pays

Jimmy’s Hall s’inspire donc de la vie de Jimmy Gralton qu’il évoque avec fidélité, du moins dans les étapes chronologiques de son parcours. Le long-métrage interroge sur les rapports de pouvoir chancelants au sein d’un pays où la liberté vient d’être proclamée. Le militant républicain, membre de l’IRA, est une figure parfaite pour le cinéma de Ken Loach, qui voit en lui un personnage inspirant, mais aussi un sujet passionnant. Au cours d’un entretien pour Canal+, le réalisateur explique à ce propos :

Paul Laverty, le scénariste, en avait entendu parlé il y a quelques années. Le personnage de Jimmy Gralton n’est pas vraiment connu, même s’il reste l’unique Irlandais à avoir été déporté de son propre pays et traité comme un étranger. (…) C’était une décision politique et cette histoire nous a intrigués. On s’est demandés ce que cet homme avait de dangereux. Il a simplement ouvert une salle de danse avec pour unique arme, un gramophone. (…) Mais qu’y avait-il de si dangereux ? C’est ce qui nous a interpellés.

Lors de sa sortie, le film fait ainsi sortir de l’oubli l’histoire de Jimmy Gralton. En septembre 2016, pour l’inauguration d’un monument en son honneur à Effrinagh, où se trouvait le Pearse-Connolly Hall, le président Michael D. Higgins déclare, cité par TheJournal.ie :

On peut se souvenir de lui avec tristesse, mais aussi avec une colère juste car il a été, à des fins politiques autoritaires mêlées à des pressions cléricales, expulsé de son propre pays pour ses convictions politiques. Ce qui s’est passé était un affront aux libertés et droits civils fondamentaux, y compris à la liberté d’expression et la liberté de réunion.

Qu’est devenu Jimmy Gralton ?

Comme le révèle le carton final de Jimmy’s Hall, le syndicaliste est reparti à New York et n’est jamais revenu en Irlande. Avant son départ, il lègue sa ferme à d’autres membres de sa famille, comme le raconte son cousin Paul Gralton auprès de TheJournal.ie :

Mes grands-parents Maggie et Packie ont été intimement impliqués dans cette histoire et lorsque Jimmy a été expulsé, il a donné la ferme à mon grand-père pour qu’ils puissent se marier. Alice, la mère de Jimmy, était encore à la ferme à l’époque - une partie de leur accord était qu’ils s’occupent d’elle et prennent la place de Jimmy.

À New York, Jimmy Gralton reste fidèle à ses engagements. Il devient notamment responsable syndical et membre de l’Irish Workers’ Club. Il se présente en tant que candidat communiste pour le 13e district de Manhattan en octobre 1933, deux mois après son expulsion. Sans succès. Durant la Guerre civile espagnole, il organise également des levées de fonds pour les Brigades internationales. Peu de temps avant son décès d’un cancer de l’estomac le 29 décembre 1945 à l’âge de 59 ans, il épouse Bessie Cronogue, originaire comme lui du comté de Leitrim.