Joker : la compositrice raconte comment elle a trouvé la musique du film

Joker : la compositrice raconte comment elle a trouvé la musique du film

On attribue beaucoup de mérite à Todd Phillips et Joaquin Phoenix dans la réussite monstrueuse de "Joker". Ils n'ont pas volé leurs compliments mais il est plus rare qu'on s'attarde sur les autres personnes de l'équipe. La compositrice Hildur Guðnadóttir a apporté sa pierre à l'édifice. Découvrez donc comment elle a envisagé son travail sur le film.

Lorsqu'on parle d'un film, on prend souvent le temps de parler du réalisateur, des acteurs, du/des scénariste(s) voir du chef opérateur quand son influence est très visible. Mais les compositeurs sont rarement mis à l'honneur. Pourtant la musique est une donnée importante dans la manière de raconter une histoire. Et dans ce domaine, il y a une étoile montante à surveiller de très près : Hildur Guðnadóttir. La compositrice d'origine islandaise est en train de se faire une place dans la cour des grands avec un enchaînement de qualité.

Elle a pu démontrer ce qu'elle savait faire sur Sicario : La Guerre des cartels, puis sur l'incroyable série Chernobyl et enfin, dernièrement, sur Joker. Le thème principal qu'elle a pu dégainer revient très souvent dans le film pour épouser les tourments mentaux d'Arthur Fleck. Il le fallait pour accompagner cet anti-héros dans sa descente aux enfers. Dans un passionnant article proposé par Deadline, elle revient sur sa manière d'appréhender ce projet particulier.

Joker, une expérience physique pour Hildur Guðnadóttir

On y découvre que le choix du violoncelle est arrivé très rapidement, dès la première lecture du scénario. Cet instrument qu'elle affectionne particulièrement correspondait à ce qu'elle voulait retranscrire. Elle explique avoir vite senti une connexion avec le personnage d'Arthur et cherchait le meilleur moyen, musicalement parlant, pour que le spectateur pénètre dans son esprit. Mais cela ne devait pas passer par une composition trop chargée. Bien au contraire, elle a voulu toucher à l'épure :

Pour moi, il était important que toute la musique pour Arthur soit directe et complètement dénuée de sens, très simple, presque naïve. Comme vous pouvez l'entendre dans la partition, il n'y a presque pas d'harmonies.

Cette approche ne pouvait pas tenir pour tout le film, il faut évidemment une sorte d'évolution. C'est pourquoi l'orchestration devient plus bruyante, afin d'épouser ce moment de bascule où Arthur se laisse submerger par sa colère et devient le Joker. Tout cela a été assez fluide pour elle, puisqu'elle parle d'une "expérience viscérale", d'une création qui a été dictée par son ressenti physique par rapport à ce qui se jouait dans le scénario.

C'était comme si j'avais de la foudre dans la poitrine.

Nul doute que Joker marquera Hildur Guðnadóttir pendant longtemps. Avec le talent qu'elle démontre déjà, son avenir s'annonce des plus radieux. Tant mieux pour nos oreilles et pour les prochains réalisateurs qui auront le bon goût d'user de ses services.