Le réalisateur de "Dernier train pour Busan" est de retour sur Netflix avec "Jung_E", un film de science-fiction sur une femme qui travaille à l'élaboration d'une IA de combat basée sur sa défunte mère.
L'après Dernier train pour Busan
C'est en 2016 qu'on découvrait en France Yeon Sang-ho. Avant cela, le réalisateur coréen avait déjà proposé deux films d'animation en 2011 et 2013. Mais c'est bien le succès de Dernier train pour Busan qui le fit connaître à un plus large public. Un grand film de zombies qui reste encore aujourd'hui dans les mémoires.
Après cette belle proposition, Yeon Sang-ho a eu du mal à convaincre à nouveau. Que ce soit en poursuivant l'univers de Busan (Seoul Station, Peninsula) ou avec une autre œuvre originale (Psychokinesis). On commençait donc à sérieusement douter du cinéaste. Mais son Jung_E parvient enfin à remonter le niveau de sa filmographie.
Le film se déroule en 2194. À cause du réchauffement climatique et de la montée des eaux, la Terre est devenue inhabitable. L'humanité s'est réfugiée dans l'espace en établissant des refuges. Mais trois abris décident un jour de se regrouper et d'entrer en guerre contre les autres. De ce conflit va naître une figure héroïque, la mercenaire Jung_E.
À sa mort, sa famille accepte que les données de son cerveau soient utilisées pour la création d'une IA de combat qui pourrait reprendre son combat. Pendant des années des chercheurs, dont la fille de Jung_E, vont effectuer des simulations avec cet être pour essayer d'en faire une machine parfaite.
On notera la présence au casting de Kim Hyun-joo dans le rôle de Jung_E, qui avait déjà été dirigée par le réalisateur pour la série Hellbound. Mais surtout on y trouve Kang Soo-yeon (la fille de Jung_E), malheureusement décédée en mai 2022 suite à un arrêt cardiaque à son domicile. L'actrice était âgée de 55 ans.
Jung_E, une relation fille/mère avant tout
Avec ce film de science-fiction, Yeon Sang-ho retrouve l'une des qualités de Dernier train pour Busan en mettant en avant les sentiments humains par le biais d'un rapport fille/mère touchant. Le long-métrage a pourtant tout ce qu'il faut pour nous plonger dans de l'action à outrance. Mais celle-ci n'arrive en réalité que dans le dernier tier de l'œuvre.
Avant d'en arriver là, il se concentre sur une femme qui assiste inlassablement à la mort de sa mère par le biais de cette IA de combat. Un concept en soi tragique. Et même si Yeon Sang-ho aurait pu aller plus loin dans cette direction pour toucher le spectateur, l'approche reste pertinente.
On pourra aussi estimer que le cinéaste ne révolutionne rien en nous interrogeant sur ce qui fait notre humanité, et nous différencie des machines. Dans ce monde, il est possible de transférer, à sa mort, les données de son cerveau vers un être artificiel. Mais selon la catégorie choisie (donc le prix), les droits humains ne seront pas les mêmes. La plus basse catégorie permettant même à des entreprises de réutiliser les données du client et d'en tirer tout un tas de clones.
On retrouve là des thématiques récurrentes du cinéma et des séries autour de l'intelligence artificielle et on peut voir en Jung_E quelque chose d'I Robot et de Westworld. Même si le résultat final n'est pas mémorable ni dénué de défauts, on apprécie l'effort de Yeon Sang-ho.
Jung_E est disponible sur Netflix le 20 janvier.