La Belle époque : quand Guillaume Canet redoutait la collaboration avec Nicolas Bedos

Le multiverse de Nicolas Bedos

La Belle époque : quand Guillaume Canet redoutait la collaboration avec Nicolas Bedos

Deuxième long-métrage de Nicolas Bedos, "La Belle époque" propose une odyssée nostalgique très personnelle, dans laquelle Guillaume Canet se fait le double de cinéma du réalisateur. Un rôle qu'il a accepté, mais avec quelques appréhensions...

Le grand succès de Nicolas Bedos

Bien lancé en 2017 avec son premier long-métrage Monsieur & Madame Adelman, Nicolas Bedos transforme ce bel essai en 2019 avec La Belle époque. Unecomédie dramatique d'une puissante mélancolie sur l'érosion des sentiments, où on suit Victor (Daniel Auteuil), sexagénaire désabusé au soir de sa relation avec la femme de sa vie, Marianne (Fanny Ardant). Viré de chez eux par celle-ci, il va rencontrer Antoine (Guillaume Canet), metteur en scène génial qui a créé un service particulier : proposer de revivre des grands moments, appartenant à la grande histoire comme aux histoires personnelles. Avec ses comédiens, des environnements parfaitement reconstitués, il offre ainsi aux nostalgiques l'opportunité de revivre leur passé.

La Belle époque
La Belle époque ©Pathé Distribution

Pour donner chair à sa mélancolie, le scénario déroule ainsi un double récit amoureux. Victor choisit de revenir à sa rencontre avec Marianne, au milieu des années 70, dans le café La Belle époque à Lyon. Et de son côté, Margot (Doria Tillier), la comédienne qui incarne Marianne dans cette reconstitution, est elle dans une relation tumultueuse avec Antoine. Progressivement, Victor va alors perdre pied et confondre le temps présent et ses souvenirs...

Un film excessivement personnel

Se dévoilent dans ce film très personnel toutes les thématiques chères à Nicolas Bedos, comme l'effet du temps sur les sentiments et la friction entre le monde passé et le monde contemporain. L'auteur a évidemment mis beaucoup de lui-même et de sa relation de l'époque avec Doria Tillier. Mais, à la différence de Monsieur & Madame Adelman, il n'apparaît pas dans son film et confie "son" rôle à Guillaume Canet.

La Belle époque
La Belle époque ©Pathé Distribution

Dans cette vertigineuse mise en abîme où le dispositif de confusion entre la fiction et la réalité fonctionne à plein, Antoine est en effet le double de cinéma de Nicolas Bedos. Un metteur en scène à l'humeur changeante que ce dernier témoignait avoir été sur le tournage de Monsieur & Madame Adelman.

La mise en abîme est particulièrement flagrante concernant les personnages joués par Doria et Guillaume. J’ai écrit ces scènes comme une lettre d’excuse après mes sautes d’humeur sur le plateau d’Adelman !

Guillaume Canet : "J'avais un peu peur qu'on ne s'entende pas."

Logiquement, au moment où le rôle se présente, Guillaume Canet se montre touché mais aussi inquiet.

Savoir qu’il m’aimait bien et avait envie de travailler avec moi m’a fait très plaisir. Mais si je dois être honnête, j’avais un peu peur qu’on ne s’entende pas. Car connaissant son caractère et le mien, cela pouvait vite faire des étincelles. Je lui en ai tout de suite parlé et il a su me rassurer sur ce point.

Avant de travailler avec lui, j’imaginais un metteur en scène aimant travailler dans un rapport conflictuel. Or c’est tout le contraire qui s’est produit ! (...) (Concernant mon personnage, ndlr) je le vois comme un mélange de Nicolas et de moi pour son côté pointilleux et exigeant envers lui-même et les autres. Du coup, je n’ai pas eu à chercher très loin pour le créer. Tout au long du tournage, je me suis amusé à énormément observer Nicolas sur le plateau. Ça a énormément nourri mon inspiration.

Le beau succès de La Belle époque valait bien ces appréhensions. Le film présenté au Festival de Cannes 2019 y reçoit en effet une ovation de plus de 8mn et attire plus de 1,2 millions de spectateurs en France. Il remporte ensuite trois César sur onze nominations : César du Meilleur scénario original pour Nicolas Bedos, de la Meilleure actrice dans un second rôle pour Fanny Ardant, et des Meilleurs décors pour Stéphane Rozenbaum.