La Cérémonie : le fait divers sordide à l'origine du film de Claude Chabrol

La Cérémonie : le fait divers sordide à l'origine du film de Claude Chabrol

Découvrez l'histoire criminelle sordide des sœurs Papin, qui a inspiré le film "La Cérémonie" de Claude Chabrol avec Isabelle Huppert et Sandrine Bonnaire. Un fait divers qui a marqué la société française.

La Cérémonie : un grand film de Claude Chabrol

Sorti en 1995, La Cérémonie est le 49ᵉ film mis en scène par Claude Chabrol. Ce thriller psychologique est une adaptation du roman L'Analphabète de Ruth Rendell paru en 1977, qui est lui-même inspiré d'une célèbre affaire criminelle française.

L'histoire se déroule dans une petite ville de Bretagne et suit la vie d'une famille bourgeoise, les Lelièvre, qui engage une femme de ménage, Sophie, interprétée par Sandrine Bonnaire. Sophie est secrètement analphabète, un fait qu'elle s'efforce de cacher. Elle se lie d'amitié avec Jeanne, jouée par Isabelle Huppert, une postière intrigante et quelque peu instable. Leur amitié devient de plus en plus intense et malsaine, menant à un dénouement dramatique et tragique.

La Cérémonie est pour de nombreux cinéphiles considéré comme l'un des meilleurs films de Claude Chabrol. Nommé à sept reprises aux César, il a permis à Isabelle Huppert de décrocher la statuette de la meilleure actrice. Avec Sandrine Bonnaire, elles ont également remporté le prix de la meilleure interprétation à la Mostra de Venise en 1995.

Les Sœurs Papin : le fait divers à l'origine du roman et du film

Le roman L'Analphabète de Ruth Rendell est inspiré de l'affaire criminelle des sœurs Papin, s'étant déroulée en 1933. Christine et Léa Papin, étaient deux sœurs, employées comme domestiques dans la ville du Mans. Le 2 février 1933, elles ont commis un crime choquant en tuant leur employeuse, Madame Lancelin, et sa fille, Geneviève, dans des circonstances particulièrement brutales.

Christine et Léa Papin travaillaient comme domestiques chez la famille Lancelin au Mans. Elles étaient connues pour leur travail acharné et leur nature réservée. Cependant, elles avaient également une relation extrêmement proche et isolée, passant la majeure partie de leur temps libre ensemble, à l'écart des autres. Le soir du 2 février 1933, Madame Lancelin et sa fille Geneviève sont rentrées à la maison et ont trouvé qu'une panne d'électricité qui affectait l'étage supérieur de la maison n'avait pas été résolue. Cela a conduit à une confrontation avec les sœurs Papin.

La situation a rapidement dégénéré en violence. Les sœurs Papin ont attaqué les Lancelin avec une rage extrême. Les détails du meurtre sont particulièrement brutaux : les victimes ont été sauvagement battues et mutilées, avec des yeux arrachés et d'autres blessures graves. Lorsque Monsieur Lancelin est arrivé à la maison avec la police, ils ont découvert les corps mutilés. Les sœurs Papin étaient dans leur chambre, calmes, et ont avoué le crime immédiatement.

Une affaire qui a marqué la société française

Les motifs exacts derrière ce crime brutal ne sont pas entièrement clairs. Des théories suggèrent une accumulation de ressentiment des sœurs envers leurs employeurs, des tensions de classe, ainsi que des problèmes psychologiques profonds. Christine, en particulier, semblait avoir une influence dominante sur sa sœur cadette Léa et aurait pu être le moteur principal de l'attaque.

Christine et Léa Papin à leur procès
Christine et Léa Papin à leur procès © DR

Après le procès, Christine a été condamnée à la peine de mort, mais cette sentence a été commuée en réclusion à perpétuité après la grâce accordée par le président Albert Lebrun. Elle a été transférée dans un hôpital psychiatrique en raison de graves problèmes mentaux. Sa santé mentale a continué à se détériorer après son incarcération. Elle est décédée en 1937 dans l'asile de Rennes, quatre ans seulement après le crime. Sa mort était due à une cachexie (une forme extrême de malnutrition et d'émaciation), probablement exacerbée par son état psychologique.

Léa, la plus jeune des deux sœurs, a reçu une peine plus légère, dix ans de travaux forcés, en raison de son rôle jugé moins central dans le meurtre. Après sa libération, elle a trouvé un emploi de femme de ménage. Elle a vécu une vie relativement tranquille après sa libération. Elle est décédée en 2001 à l'âge de 89 ans à Nantes.