La Grande boucle : un tournage complexe au milieu du Tour de France

Il fallait être rapide et discret

La Grande boucle : un tournage complexe au milieu du Tour de France

Dans "La Grande boucle", Clovis Cornillac se lance dans un Tour de France en solo quelques jours avant le départ officiel. Pour le tournage, la production a pu profiter de plusieurs étapes de l'édition 2012 en suivant une logistique précise.

La Grande boucle : faire son propre Tour de France

Réalisé par Laurent Tuel, La Grande boucle suit l'histoire de François (Clovis Cornillac), un passionné du Tour de France qui, dans sa jeunesse, aurait bien aimé vivre de cette passion. À la place, il doit se contenter de vendre des vélos. Malheureusement, du jour au lendemain, il perd son emploi et sa femme le quitte. Car François a décidé de faire les étapes du Tour de France, un jour avant les participants professionnels. Seul sur son la route, il va rapidement en inspirer d'autres, créer l'engouement des médias, et agacer malgré lui le Maillot Jaune du Tour (Ary Abittan).

La Grande boucle
La Grande boucle ©Wild Bunch Distribution

Dans la vraie vie, d'autres se sont lancés dans un Tour de France en partant avant les officiels. D'abord, Renaud Souhami, ancien directeur financier de la Coupe du Monde de rugby 2007, qui avait été invité par l'organisation, avec une dizaine de légendes du rugby, à se lancer dans une étape du Tour trois minutes avant les coureurs. De cette expérience est née l'idée de La Grande boucle. Mais de manière plus générale, de nombreux coureurs amateurs font chaque année un Tour de France anticipé, quelques jours avant le vrai départ.

En 2018, Ouest France partait d'ailleurs à la rencontre d'Aodez Le Fourn, une professeure de mathématique et cycliste qui faisait, avec un groupe de femmes, le parcours du Tour de France un jour avant les hommes. Une manière de sensibiliser les organisateurs pour qu'une édition pour les femmes soit programmée (le Tour de France féminin a existé entre 1984 et 1989). Quelques années plus tard, c'est chose faite. La première édition du Tour de France Femmes étant organisée du 24 juillet au 31 juillet 2022.

Un tournage sur plusieurs étapes de l'édition 2012

Pour La Grande boucle, Laurent Tuel avait avant tout envie de faire un film qui "reflète amour du vélo". Pour être le plus crédible possible, la production a pu tourner en plein Tour de France 2012, comme il l'explique dans le dossier de presse de l'époque.

Nous avons pu nous faufiler dans le grand barnum qu’est le Tour sur cinq étapes. Le but était de profiter de l’ambiance, des infrastructures de la course pour donner une véracité au projet.

La Grande boucle
La Grande boucle ©Wild Bunch Distribution

Évidemment, cette grande épreuve sportive suivit par des millions de spectateurs ne pouvait pas s'adapter à la production de La Grande boucle. C'était bien entendu l'inverse, ce qui n'a pas rendu le tournage extrêmement facile, car il fallait s'adapter à l'organisation.

C’était très compliqué. Avec ses deux mille deux cents véhicules et ses quatre mille personnes accréditées, le Tour est une machine très lourde à déplacer et son organisation relève de l’horlogerie de haute précision. Il n’est pas question de l’enrayer. La société qui organise le Tour, ASO, après avoir lu le script, nous a dit « oui » et soutenus. Ce ne fut pas simple, mais nous avons réussi à nous faufiler en faisant que l’équipe reste modeste, en tournant très tôt le matin ou peu avant que les coureurs ne débarquent comme nous l’avons fait sur les Champs-Elysées.

Pas une seconde de plus

L'arrivée sur les Champs-Elysées, justement, fut très particulière en termes de logistique. Les adeptes du Tour de France savent qu'il s'agit de la dernière étape. Un moment mythique et mémorable qui ne peut pas être dérangé par un tournage. Pourtant, La Grande boucle est parvenu à s'y installer juste avant l'arrivée des coureurs. Pour cela, Laurent Tiel a recréé un peloton de cent cinquante coureurs avec à sa tête Clovis Cornillac et Ary Abittan. Le tournage de ce final s'est alors déroulé juste avant l'arrivée officielle, en seulement deux heures, avec une organisation millimétrée et grâce à plusieurs caméras.

La séquence est longue, il y a de nombreuses actions, une dramaturgie filmée par sept caméras et nous n’avons eu que deux heures pile avant que la caravane publicitaire passe et l’arrivée des coureurs pour la tourner. Pas une seconde de plus. C’est passé de justesse, il arrive parfois au cinéma que la chance soit avec nous.

Un vrai coup de chance qui aura permis de mêler la fiction et la réalité au sein de La Grande boucle.