La Ligne Rouge : oeuvre culte de Terrence Malick

La Ligne Rouge : oeuvre culte de Terrence Malick

Ce dimanche 26 mars à 20h55 sur la chaîne Numéro 23, retrouvez l’oeuvre mythique de Terrence Malick : La Ligne rouge, récompensée de l’Ours d’or au Festival de Berlin de 1999. Ce film marque le grand retour du réalisateur qui s’était absenté pendant vingt ans, laissant pantois les admirateurs de ses deux précédents films : La Balade sauvage (1973) et Les Moissons du ciel (1979). Inspiré du roman The Thin Red Line de James Jones, La Ligne rouge est un film de guerre mêlant lyrisme et métaphysique et affirmant définitivement la patte de son créateur.

 

Le mythe du paradis perdu

La Ligne rouge se contemple, pratique à laquelle nous a habitué Terrence Malick. Les Moissons du ciel, tourné vingt ans auparavant, nous mettait déjà face à la beauté du monde. Le vent dans les champs de blé, le développement d’une graine dans la terre, le chant d’une rivière sont des composantes de ce tableau naturel qui préfigure celui retrouvé dans La Ligne rouge. Dans ce film, l’île de Guadalcanal est présentée comme un lieu paradisiaque dont le réalisateur explore les différents recoins, de la plage paisible aux collines verdoyantes rongées progressivement par la guerre opposant les armées américaine et japonaise. Un décor paradisiaque qui sert les rêveries des soldats débarqués, s’interrogeant sur le sens de ce conflit ainsi que celui de leur propre existence, prise dans le tourment de la guerre. Le film opère une rupture considérable entre ces moments de recueillement, entre soldats et entre soi, et la fureur déchirant les tranchées de ce « Verdun du Pacifique ». Un basculement qui contribue à faire de La Ligne rouge une oeuvre inhabituelle dans le paysage des films de guerre.

L’homme et ses tourments au coeur du récit

 

Que ce soit dans Les Moissons du ciel, The Tree of Life ou encore Knight of Cups, Terrence Malick a toujours placé ses personnages et leurs tourments au coeur de son propos. Dans le premier, il explorait les relations complexes liant ses quatre personnages principaux, distillant progressivement une tension insoutenable entre ses différents protagonistes jusqu’à briser définitivement l’équilibre qui les tenait ensemble. Dans The Tree of Life, il interrogeait les rapports familiaux - faits d’amour et d’une haine irrépressible - tandis que Knight of Cups se penchait sur les relations amoureuses et les interrogations personnelles de son protagoniste principal. La Ligne rouge est une oeuvre qui trace quant à elle les liens fraternels unissant chacun de ses soldats, interprétés par un casting de premier choix. Sean Penn, Elias Koteas, George Clooney, Woody Harrelson et le plus méconnu Jim Caviezel se donnent tour à tour la réplique, tentant tant bien que mal de faire face au chaos qui les entoure et de cacher leurs doutes les plus profonds. Loin du portrait élogieux de la guerre et de ses représentants, Terrence Malick nous livre une image torturée et réaliste de ses héros, engagés malgré eux dans un conflit désastreux. Leur visage blême, déchiré par la détresse et la fureur, décrit avec justesse l’horreur de la guerre, d’autant plus lorsqu’il alterne avec des plans magnifiés de la nature les environnant. Leurs murmures, lancinant, se mêlent et offrent au spectateur une vision à la fois intimiste et hallucinée des événements.

Une oeuvre fascinante et mystérieuse, à l’image de son créateur

 

Spirituelle, contemplative, humaine, La Ligne rouge détonne dans l’univers des films de guerre. Cette originalité s’est affirmée dès la création de l’oeuvre, comme en ont témoigné les producteurs et acteurs présents sur le projet. Grand absent depuis une vingtaine d’années, Malick n’avait que peu fait parler de lui suite au succès de La Balade sauvage et Les Moissons du ciel. Revenu avec ce projet de film de guerre, le réalisateur a mené ses équipes à sa façon, c’est à dire avec intuition, guidé par une logique connue de lui seul. Les acteurs témoignent du flou dans lequel ils ont été plongés lors du tournage du film, subissant des choix de réalisation et de montage qui ont éclipsé majoritairement voire totalement leurs interventions (à l’image d’Adrien Brody et Mickey Rourke ou encore de la voix off de Billy Bob Thornton). Malgré ces décisions qui leur ont échappé et le tournage harassant auxquels ils ont été astreints, nombreux sont ceux à avoir retiré un grand enseignement de cette expérience passée au côté de Terrence Malick. Sean Penn, en est le meilleur exemple, lui qui aurait dit qu’un dollar, un lieu et une date auraient suffi à le faire embarquer sur ce projet.

Insondable et inaccessible, Terrence Malick porte aujourd’hui deux projets que sont Song to Song et Voyage of Time : au fil de la vie qui permettront à ses irréductibles adeptes de retourner en salles, respectivement les 12 juillet et 4 mai prochain. Attention, Voyage of Time : au fil de la vie ne sera diffusé qu’à cette unique date. En attendant de retrouver Christian Bale, Natalie Portman, Ryan Gosling et Rooney Mara, que diriez-vous de revoir la bande-annonce de Song to Song ?

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Rendez-vous ce soir 20h55 sur Numéro 23 pour regarder ensemble La Ligne rouge, grand classique de la filmographie du réalisateur. Bon film !

Camille Muller (Le 26 mars 2017)