La Malédiction du lys : à quel sombre événement historique le téléfilm fait-il écho ?

La Malédiction du lys : à quel sombre événement historique le téléfilm fait-il écho ?

Le téléfilm "La Malédiction du lys" est diffusé sur France 3. La fiction fait écho à une sombre page de l'histoire s'étant déroulée à Bordeaux. On vous explique tout.

La Malédiction du lys : c'est quoi ce téléfilm diffusé sur France 3 ?

Ce samedi 10 juin 2023, France 3 diffuse un téléfilm inédit baptisé La Malédiction du lys porté par Erika Sainte et David Baïot.

Le pitch :

Un promoteur immobilier, candidat à la mairie de Bordeaux, est retrouvé assassiné à son domicile selon un rituel réservé, deux siècles plus tôt, aux esclaves noirs fugitifs. Les plus proches amis de la victime sont tous, comme lui, issus de grandes familles bordelaises au passé trouble durant la traite négrière. Sur place, Clémence Lacoste, capitaine de police habituée au terrain, Bordelaise pure souche, est contrainte de faire équipe avec un Parisien, le lieutenant Antoine Rosy, très élégant, plus bureaucrate qu'homme d'action. Pour éclaircir ce meurtre et sa mise en scène troublante, les deux collègues vont devoir s'allier pour mettre en lumière des éléments enfouis de l'histoire de Bordeaux. mais surtout de leur propre passé et origines.

Erika Sainte et David Baïot dans La Malédiction du lys
Erika Sainte et David Baïot dans La Malédiction du lys © France Télévisions

La traite négrière à Bordeaux : une histoire méconnue

La traite négrière à Bordeaux a joué un rôle significatif dans l'histoire de la ville et de la région. Entre les XVIe et XIXe siècles, Bordeaux est devenue l'un des principaux ports français impliqués dans le commerce transatlantique des esclaves. La traite négrière à Bordeaux a connu son essor à partir du XVIIe siècle, lorsque des armateurs bordelais ont commencé à investir dans le commerce d'esclaves en Afrique de l'Ouest. Ils échangeaient des produits manufacturés, tels que des textiles, des armes à feu et des alcools, contre des captifs africains qu'ils transportaient ensuite vers les colonies françaises d'Amérique, en particulier les Antilles.

Au XVIIIe siècle, Bordeaux était devenue l'un des principaux ports de départ pour les navires négriers français. De nombreux navires étaient affrétés spécifiquement pour le commerce des esclaves, et la ville possédait des chantiers navals spécialisés dans la construction de ces bateaux. Des négociants bordelais se sont enrichis grâce à ce commerce lucratif, contribuant à la prospérité économique de la ville.

La traite négrière bordelaise a connu son apogée au XVIIIe siècle, avec un pic d'activité dans les années 1750-1780. Pendant cette période, des milliers d'esclaves ont été transportés de l'Afrique vers Bordeaux, avant d'être embarqués à destination des colonies françaises. Les navires revenaient souvent chargés de produits coloniaux, tels que le sucre, le café et le coton, qui étaient ensuite vendus en Europe.

Cependant, la traite négrière à Bordeaux a également suscité des réactions et des critiques. Au XVIIIe siècle, des voix s'élevaient déjà pour dénoncer l'esclavage comme une violation des droits de l'homme. Les mouvements abolitionnistes se sont renforcés au cours du XIXe siècle, et la traite des esclaves a finalement été abolie en France en 1818, suivie de l'abolition de l'esclavage en 1848.

Un devoir de mémoire

Depuis lors, la traite négrière à Bordeaux est devenue un sujet de mémoire et de commémoration. Plusieurs lieux, tels que le Musée d'Aquitaine, exposent des collections et des expositions sur l'histoire de l'esclavage et de la traite négrière dans la région bordelaise. Ces initiatives visent à sensibiliser le public et à favoriser la réflexion sur cette période sombre de l'histoire, encore méconnue.

Le comédien Davis Baïot, rôle principal de La Malédiction du lys, ignorait également le passé sombre de Bordeaux, jusqu'à ce qu'il soit engagé pour jouer dans le téléfilm :

J'ai besoin d'apprendre quand je m'engage sur un projet. Pour cet unitaire, par exemple, j'ignorais que de grandes familles bourgeoises de Bordeaux ou de La Rochelle ont pu prospérer grâce à la traite des Noirs

a-t-il déclaré au micro de Téléstar.

En 2019, une statue d'une ancienne femme esclave appartenant à un propriétaire bordelais, Modeste Testas, a été érigée sur les quais de Bordeaux. En outre, plusieurs plaques explicatives, détaillant l'implication de riches familles bordelaises dans la traite négrière, sont apparues dans la ville.