Dans "La Nuée" de Just Philippot, une agricultrice développe une exploitation de sauterelles comestibles. Pour ce film, le réalisateur et son équipe ont voulu être le plus précis et réaliste possible, aussi bien au niveau du scénario que de l'image.
La Nuée : grand film d'horreur avec des sauterelles
Réalisé par Just Philippot, La Nuée est un film français qui mélange parfaitement les genres. D'abord un drame autour de Virginie, une mère célibataire qui tente de se lancer dans le business des sauterelles comestibles en vue d'en faire de la farine animale, le long-métrage bascule rapidement dans l'horreur et le fantastique tandis que l'agricultrice commence à développer un lien étrange avec ses insectes.
Le malaise atteint son paroxysme lorsqu'elle découvre qu'en nourrissant les sauterelles de sang, celles-ci grandissent bien plus vite. Virginie voit alors une solution à ses problèmes financiers et pour le développement de son exploitation.
La Nuée met donc en avant le monde agricole à travers le cinéma de genre. Un univers qui a grandement inspiré le cinéma français ces dernières années, comme on a pu le voir avec les drames sous fond de thriller Petit Paysan (2017) et La Terre des hommes (2021, à quelques semaines d'intervalle de La Nuée). Mais le film de Just Philippot n'est pas sans rappeler également des grands films fantastiques du 7e art. On pense notamment à Les Oiseaux (1963) d'Alfred Hitchcock, La Mouche (1987) de David Cronenberg, ou même Jurassic Park (1993) - avec la scène de la chèvre qui y fait écho.
Une histoire réaliste : "Les insectes, c’est l’alimentation de demain"
Cependant, si ces films assument entièrement leur part fantastique, La Nuée a une approche plus réaliste. Et à en croire Jérôme Genevray, le film est très proche de la réalité. Du moins en ce qui concerne l'exploitation de sauterelles. Le co-scénariste explique dans le dossier de presse de La Nuée que leur volonté était d'être "le plus réaliste possible", tout en adaptant des éléments "pour le besoin de l’histoire".
Avec l'autre co-scénariste Franck Victor, ils ont ainsi fait de nombreuses recherches et ont rencontré une agricultrice qui, comme Virginie, a tenté l'élevage de sauterelles.
L’essentiel est très fidèle. On a fait des recherches et on a trouvé notamment une femme qui élève des insectes dans le Sud de la France. Elle a essayé les sauterelles, elle a arrêté, parce que ça vole partout, contrairement à plein d’autres insectes. Elle nous a raconté son expérience et aussi la peur de ses voisins paysans.
Jérôme Genevray ajoute que tous ces éléments dans le film sont "basés sur des choses réelles, vraiment hyper concrètes". Ainsi, la construction de Virginie avec les différents sas pour empêcher les sauterelles de s'échapper est une vraie installation utilisée dans l'industrie. De plus, le scénariste précise avoir visité une usine à Toulouse qui développe grandement la farine d'insecte avant d'ajouter que "les insectes, c’est l’alimentation de demain".
Des effets plausibles
En plus d'une écriture proche du réel, La Nuée dispose d'un travail précis à l'image pour représenter les milliers de sauterelles. Pour cela, la production a créé son propre élevage comme l'explique le réalisateur Just Philippot.
On a créé un élevage de sauterelles spécialement pour le film. L’éleveur a acheté mille sauterelles qui ont pondu des œufs, qui sont devenues à leur tour trois ou quatre fois plus nombreuses, ainsi de suite... Une sauterelle adulte ne vit que quelques semaines, il fallait donc avoir un roulement pour tenir la distance, entre celles qui ont pondu et celles qui ont grandi.
Le cinéaste précise néanmoins, "pour les connaisseurs", qu'il s'agit en réalité de criquets migrateurs. Cependant, à ces insectes bien réels, il a été nécessaire d'en ajouter des faux avec des effets numériques. Et là encore, le réalisateur a fait en sorte d'être le plus réaliste possible.
Quand les sauterelles boivent le sang de Virginie, mordent-elles ? Génèren-t-elles de l’eczéma ? La peau est-elle à vif ou brûlée ? Nous avons été soucieux de répondre de manière crédible à ces questions pour ne pas rompre l’aspect « documentaire rural » du film.
Quant à Suliane Brahim, l'excellente interprète de Virginie a donc dû se retrouver avec un certain nombre de sauterelles réelles posées sur elles. Notamment pour la scène où, à son réveil, des sauterelles boivent son sang. Une partie des insectes est bien réelle, mais des ajouts numériques ont été nécessaires. L'équipe chargée des effets spéciaux s'est alors appliquée à garder des mouvements naturels, comme l'explique enfin Antoine Moulineau, superviseur des effets numériques.
Ce qui était vraiment important pour nous, c’était d’avoir un effet qui soit spectaculaire mais qui reste plausible. Il fallait que nos sauterelles numériques se marient parfaitement aux sauterelles réelles.