La Princesse de Montpensier : pourquoi Bertrand Tavernier a presque dû renoncer à son film

La Princesse de Montpensier : pourquoi Bertrand Tavernier a presque dû renoncer à son film

La production de "La Princesse de Montpensier" a été semée d'embûches pour Bertrand Tavernier. Au point que le film a failli ne jamais voir le jour et que le tournage a été décalé à plusieurs reprises.

La Princesse de Montpensier : Bertrand Tavernier revient au film d'époque

Après un polar poisseux à la Nouvelle-Orléans (Dans la brume électrique), Bertrand Tavernier revient en France et au film de cape et d'épée, genre dans lequel il s'est déjà illustré en 1994 avec La Fille de d'Artagnan. Sorti en 2010, ce drame romantique adapté de la nouvelle éponyme de Madame de La Fayette se déroule en 1562, alors que la guerre entre catholiques et protestants fait rage sous le règne de Charles IX.

Amoureuse depuis son jeune âge d'Henri de Guise (Gaspard Ulliel), Marie de Mézières (Mélanie Thierry) est contrainte par son père Nicolas d'Anjou-Mézières (Philippe Magnan) de se marier à Philippe (Grégoire Leprince-Ringuet). Lorsque ce dernier part au combat, Marie tente d'oublier ses sentiments pour le duc de Guise et se confie à son précepteur, le comte de Chabannes (Lambert Wilson). Le duc d'Anjou (Raphaël Personnaz), futur roi de France, tente par ailleurs de la séduire.

La Princesse de Montpensier
La Princesse de Montpensier ©Tamasa Distribution

Michel Vuillermoz, Florence Thomassin et Judith Chemla complètent la distribution du long-métrage, l'un des rares de Bertrand Tavernier dont il n'est pas "l'instigateur", comme il l'explique à Studio Ciné Live en 2010 (via L'Express), puisqu'un script avait déjà été écrit par François-Olivier Rousseau, qu'il travaille ensuite avec son coscénariste Jean Cosmos.

Un projet presque compromis

Au cours de cet entretien, Bertrand Tavernier assure que "faire un film est toujours une lutte", ajoutant :

Une fois le budget réuni - ce qui n'est jamais gagné -, il faut composer avec l'économie du film.

Et La Princesse de Montpensier a d'ailleurs bien failli ne pas se faire. En 2010, dans les colonnes du Parisien, le cinéaste affirme que son producteur Eric Heumann et lui ont connu énormément de difficultés pendant la pré-production du long-métrage, notamment pour trouver des financements :

On nous expliquait que ce n'était pas une comédie, qu'il ne fallait pas faire de film historique. La préparation s'est arrêtée à quatre ou cinq reprises, les gens travaillaient sans être payés, le tournage était sans cesse décalé. Ce film, il a fallu l'arracher, mais après, ça a été le bonheur complet. Jusqu'à Cannes.

La Princesse de Montpensier
La Princesse de Montpensier ©Tamasa Distribution

Sélectionné en compétition officielle au Festival de Cannes, La Princesse de Montpensier bénéficie au final d'un budget de 13,5 millions d'euros, ce qui est "très serré par rapport aux ambitions" et ce qui "oblige à travailler vite et à être très malin". Alors ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand se félicite en 2010 auprès du Film français d'avoir mis en place un plan de financement pour "sauver Bertrand Tavernier d'un accident industriel".

"Un film biologique"

À propos de l'ingéniosité dont il a dû faire preuve pendant le tournage, le réalisateur déclare au sujet des scènes de bataille :

La princesse de Montpensier est avant tout un film biologique, qui a été fait à l'ancienne, sans effets spéciaux ni étalonnage numérique. Les séquences de bataille sont ainsi 100 % bio ! Tout a été obtenu au moment du tournage. Cela peut apparaître passéiste, mais j'en ai marre de ces films entièrement fabriqués. C'est jubilatoire, au contraire, de trouver des solutions pour qu'à l'écran, quarante personnes en paraissent quatre cents ! Il faut jouer avec la fumée, le brouillard, les accidents de terrain...