Dans "La Vengeance dans la peau", au terme d'une haletante poursuite dans les rues de Tanger, Jason Bourne saute depuis une fenêtre vers une autre fenêtre d'un immeuble qui lui fait face. Retour sur les coulisses d'une cascade impressionnante et d'un plan inoubliable.
Le sommet Jason Bourne
Troisième film de la saga Jason Bourne et opus de fin de la trilogie originelle ouverte en 2002 avec La Mémoire dans la peau, La Vengeance dans la peau mettait en 2007 un premier terme aux aventures de Jason Bourne, avant que le cinquième film, sorti en 2016, ne le ramène sur le devant de la scène. La conclusion du film de 2007 était alors parfaite, à l'issue d'ultimes péripéties spectaculaires qui rendaient hommage aux deux premiers films. La mémoire revenue, son identité retrouvée, "David Webb" pouvait enfin laisser "Jason Bourne" derrière lui.
La Vengeance dans la peau, comme La Mémoire dans la peau et La Mort dans la peau, propose des grandes séquences d'action. Il y a l'infiltration et la tentative d'extraction de la gare Waterloo, la course-poursuite finale à New York, et entre ces deux séquences celle d'un cache-cache meurtrier dans la Médina de Tanger. Là, alors que Jason Bourne poursuit l'assassin Desh qui, lui, poursuit Nikki, il court sur les toits de la ville avant de se jeter d'une fenêtre d'un immeuble à une autre, de l'autre côté de la rue. Une séquence impressionnante et en particulier un plan mémorable, imaginé par le réalisateur de la seconde équipe Dan Bradley (à 3'04 dans l'extrait ci-dessous).
Un cascadeur célèbre et beaucoup de post-production
À l'écran, l'illusion est parfaite, et le style cadré proche et "secoué" de Paul Greengrass se prête parfaitement à ce genre de cascades. D'autant plus que cette mise en scène, avare en plans larges, permet plus facilement de truquer la séquence, pendant le tournage et en post-production. Sur X, en février 2023, un des responsables VFX de La Vengeance dans la peau, Ludovic Lochem, chef du studio de Montreal de la société de post-production MPC, a expliqué comment la séquence avait été réalisée. Making-of à l'appui, on découvre ainsi ce qui a été fait en vrai, et ce qui a ensuite été rajouté.
Il y a d'abord la prise de vue, tout à fait réelle, effectuée avec un cascadeur qui exécute le saut du personnage, et un autre cascadeur qui le suit de près et tient la caméra. Les deux sautent, la doublure de Matt Damon sans câble, alors que le cascadeur-caméraman est lui attaché. Et pour doubler Matt Damon, c'est un expert de la cascade, devenu depuis réalisateur, qui s'y colle : David Leitch. Comme l'explique Ludovic Luchem, celui-ci a sauté dans une fenêtre ouverte.
Une fois la prise de vue réalisée, il a fallu recréer en post-production tout le décor. La fenêtre fermée, les éclats de verre et les volets ont ainsi été ajoutés en post-production. Comme on peut le voir sur les photos, la façade de l'immeuble a aussi été étendue avec des CGI, et l'image a été retournée. Un exemple parfait d'une production de séquence d'action, impliquant l'équipe de prises de vues réelles, des artistes 3D, des spécialistes des effets spéciaux, et enfin des artistes de "Digital Matte Painting" (technique de création digitale d'environnement). Le seul qui n'en a finalement pas eu trop à faire étant donc... Matt Damon !