À l'origine, Norman Jewison souhaite confier le rôle principal de "L'Affaire Thomas Crown" à Sean Connery. Ce dernier refuse, tandis que Steve McQueen insiste pour incarner le banquier en manque d'adrénaline, ce qui n'enchante pas le réalisateur.
L'Affaire Thomas Crown : un braquage et une partie d'échecs
Trois ans après Le Kid de Cincinnati, le réalisateur Norman Jewison (Dans la chaleur de la nuit, Rollerball) retrouve Steve McQueen pour L'Affaire Thomas Crown. Dans ce film sorti en 1968, l'acteur prête ses traits à un millionnaire qui, pour tromper l'ennui et s'amuser, décide de braquer sa propre banque, avec l'aide de cinq complices qui ne se connaissent pas. Après avoir réussi son casse, Thomas Crown s'envole pour la Suisse pour dissimuler le butin.
Sur place, il fait la connaissance de Vicki Anderson (Faye Dunaway), une enquêtrice engagée par la compagnie d'assurances de l'établissement financier. S'ensuivent une partie d'échecs érotique magnifiée par l'inoubliable bande originale de Michel Legrand et le montage d'Hal Ashby, un baiser de cinéma de 55 secondes qui a nécessité huit heures de tournage ainsi qu'un jeu du chat et de la souris qui se termine sur des larmes.
Steve McQueen pas assez raffiné ?
Lorsqu'il écrit L'Affaire Thomas Crown, le scénariste Alan Trustman a Sean Connery en tête pour le rôle-titre. Une idée qui plaît à Norman Jewison, mais la star refuse alors le projet, lessivée par le tournage d'un James Bond, On ne vit que deux fois. Une décision que le comédien finit par regretter.
Norman Jewison a besoin d'une tête d'affiche bankable pour porter son film et Steve McQueen fait part de son intérêt pour le rôle du banquier en manque d'adrénaline. Le cinéaste essaie de l'en dissuader, estimant qu'il ne dégage pas la confiance, le calme et le raffinement de ce personnage à la tête d'une entreprise particulièrement fructueuse.
Cité dans la biographie Norman Jewison : A Director's Life d'Ira Wells, le réalisateur aurait lancé à propos de Steve McQueen (via Showbiz CheatSheet) :
McQueen n'a jamais joué un rôle qui nécessitait qu'il porte une cravate.
Mais Steve McQueen insiste et Norman Jewison finit par craquer. Ce qui n'enchante pas Alan Trustman, qui déclare au Daily News en 2011 :
Quand ils ont choisi Steve McQueen, je m'y suis violemment opposé et j'ai affirmé qu'il n'était pas capable de réciter les dialogues.
Malgré ces critiques, l'acteur trouve l'un de ses rôles les plus emblématiques avec L'Affaire Thomas Crown, réussissant à retranscrire l'élégance du richissime voleur tout en lui apportant sa passion pour les sensations fortes et la conduite périlleuse.