LaRoy : un polar noir drôle et violent pour ouvrir Reims Polar 2024

LaRoy : un polar noir drôle et violent pour ouvrir Reims Polar 2024

Le 4e Festival du film policier de Reims s'est ouvert avec l'excellente comédie noire et policière "LaRoy", après la présentation des membres des différents jurys qui auront la lourde tâche de départager les films en compétition de cette nouvelle édition de Reims Polar

Reims Polar 2024 : une ouverture experte

Passé avec succès par le Festival de Deauville 2023 avant d’arriver à Reims pour ouvrir la 4e édition du Festival du film policier Reims Polar, le très abouti LaRoy de Shane Atkinson coche toutes les cases d’une ouverture réussie. Sa projection a fait suite au discours d'Arnaud Robinet, maire de Reims, et celui de Didier Barde, directeur du festival.

Ray (John Maguaro) - LaRoy
Ray (John Maguaro) - LaRoy ©ARP Sélection

L'actrice italienne Valeria Golino, invitée d'honneur de ce Reims Polar 2024 et attendue à cette cérémonie d'ouverture, a malheureusement eu un empêchement de dernière minute mais devrait rejoindre très rapidement les autres professionnels du cinéma et talents présents pour l'événement, qui se tient jusqu'au dimanche 14 avril.

Parmi ces professionnels du 7e art, voici ceux qui composent les jurys Compétition et Compétition Sang Neuf :

Jury Compétition

La scénariste Danièle Thompson (présidente), les actrices Camille Chamoux et Laetitia Dosch, l'écrivain et scénariste Caryl Férey, la scénariste, réalisatrice et comédienne Noémie Lvovsky, et enfin les scénaristes et réalisateurs Arnaud des Pallières et Nicolas Pariser.

Jury Compétition Sang Neuf

Le journaliste et réalisateur François Busnel (président), l'actrice Céleste Brunnquell, le scénariste et réalisateur Stéphane Foenkinos, l'acteur Pablo Pauly et l'actrice Linh-Dan Pham.

LaRoy, un premier long-métrage très réussi

La première idée de LaRoy est géniale. Alors qu’il est sur le point de se tirer une balle dans la tête, humilié et trompé, moqué pour son apparente faiblesse, un homme trop simple est pris par erreur pour un tueur à gages expérimenté. Le voilà coincé dans un engrenage où la violence se fait autant loufoque qu’elle constitue un univers où une grande bassesse morale tient les murs.

Le réalisateur, présent à Reims, a fini sa courte présentation en expliquant que son film procédait des films qu’il aimait. Il n’est ainsi pas étonnant que LaRoy crie ainsi tout son amour du cinéma noir des frères Coen, et de son chef-d’œuvre Fargo. C’est en effet un hommage à sa noirceur et à sa complexité morale, et surtout à son humour.

À la gentillesse et la bonté du personnage principal, Ray (John Magaro) s’oppose l’appât mesquin du petit gain de ses proches, plus stupides que vraiment méchants. Il y a cependant un vrai méchant dans LaRoy, le véritable tueur à gages - et figure maintenant très connue du Mal, cynique, insensible et imperturbable - incarné par un formidable Dylan Baker. C'est d'ailleurs sur lui que s'ouvre LaRoy, avec une brillante introduction en forme de fable morale qui indique qu'il ne faut ni se fier aux apparences, ni s'amuser à jouer au plus malin. Une séquence qui démontre tout le savoir-faire à l'écriture, à la gestion des lumières et des ombres - au sens propre et figuré - et au montage de LaRoy.

Casting inspiré pour brillante comédie policière

Tout arrive malgré lui à Ray, modèle du anti-héros qui observe bien plus l'action qu'il ne la conduit. Tueur malgré lui, piétiné malgré lui, c'est encore malgré lui qu'il se retrouve associé à Skip, excellent Steve Zahn, un apprenti détective qui est tout excité par l'affaire rocambolesque qui se présente à lui. Il est drôle, un peu stupide - lui aussi est moqué -, et dans ses fulgurances comiques se lit parfois la conscience d'être un raté. Leur duo est ainsi une des grandes qualités du film, une association touchante par l'amitié naissante que ces deux losers se portent. Et très efficace sur le plan dramatique parce que Skip n'a peur ni ne doute de rien.

Sans chercher trop à se distinguer, la photographie naturaliste de LaRoy sert parfaitement à rendre la tristesse et la médiocrité de LaRoy et de ses habitants, lieu très reculé du Texas où rien ne se passe vraiment. Les motels miteux accueillent des activités illicites, la concession automobile est tenu par un patron caricaturé, les routes vides découpent un désert caillouteux. Un décor de néo-western qu'exploite parfaitement Shane Atkinson pour faire de LaRoy le lieu d'un excitant thriller, tout ce qu'il y a de plus noir, autant par les idées de ses personnages que par son humour.