Le Flic de Beverly Hills 2 : quand Eddie Murphy terrifiait Tony Scott

Le réalisateur était très intimidé par la star

Le Flic de Beverly Hills 2 : quand Eddie Murphy terrifiait Tony Scott

Eddie Murphy reprend le rôle culte d’Axel Foley dans "Le Flic de Beverly Hills 2". Une suite pour laquelle les producteurs Don Simpson et Jerry Bruckheimer refont appel à Tony Scott après le succès de "Top Gun". D’abord réticent, le réalisateur craint de vivre une expérience très compliquée avec la star du film…

Le Flic de Beverly Hills 2 : Axel Foley contre le gang de l’Alphabet

Passé de la scène au cinéma en faisant équipe avec Nick Nolte dans 48 heures, puis avec Dan Aykroyd dans Un fauteuil pour deux, Eddie Murphy se retrouve seul en tête d’affiche avec Le Flic de Beverly Hills. Deux ans après la sortie de ce premier volet réalisé par Martin Brest, Axel Foley fait son retour dans les salles obscures en 1987, alors qu’il devait initialement revenir à la télévision, ce que son interprète avait catégoriquement refusé.

Enquêtant sous couverture à Detroit pour démanteler un sombre trafic de cartes de crédit, le policier se rend en urgence à Los Angeles lorsqu’il apprend que le commissaire Bogomil (Ronny Cox) a été blessé par balles. Arrivé en Californie, Foley retrouve ses amis Taggart (John Ashton) et Rosewood (Judge Reinhold).

Ses partenaires lui révèlent que l’énigmatique gang de l’Alphabet, spécialisé dans les braquages, serait derrière la tentative d’assassinat de Bogomil. Le trio se lance sur les traces des criminels, menés par la redoutable Karla Fry (Brigitte Nielsen).

Karla Fry (Brigitte Nielsen) - Le Flic de Beverly Hills 2
Karla Fry (Brigitte Nielsen) - Le Flic de Beverly Hills 2 © Paramount Pictures

Jürgen Prochnow, Dean Stockwell et Paul Reiser complètent le casting de cette suite mise en scène par Tony Scott. Avec Le Flic de Beverly Hills 2, le cinéaste signe son troisième long-métrage, après Les Prédateurs et Top Gun.

Tony Scott intimidé face à Eddie Murphy

Après le succès de Top Gun, les producteurs Don Simpson et Jerry Bruckheimer se tournent à nouveau vers le réalisateur pour le retour d’Axel Foley. Tony Scott, qui vient de passer la quarantaine, se montre d’abord réticent vis-à-vis du projet, persuadé qu’il n’est pas fait pour la comédie. Cité dans l’ouvrage Tony Scott, Le Dernier samaritain d’Aubry Salmon, le cinéaste décédé en 2012 affirme à ce sujet :

L’idée de faire une comédie me terrifiait. Mais Don et Jerry n’ont pas arrêté de me dire : 'C’est bon, tu peux le faire, tu peux le faire'.

Face à l’insistance de Jerry Bruckheimer et Don Simpson, le frère de Ridley Scott finit par accepter. Vient ensuite la deuxième crainte du metteur en scène, qui concerne cette fois-ci Eddie Murphy. Ayant eu vent de la réputation compliquée de l’humoriste, Tony Scott est pétrifié à l’idée de le diriger :

Je me souviens d’avoir été terrifié à l’idée de travailler avec une aussi grande star qu’Eddie Murphy. Au début je ne pouvais pas parler face à lui. J’étais muet.

Le Flic de Beverly Hills 2
Le Flic de Beverly Hills 2 © Paramount Pictures

Leur premier échange s’avère d’ailleurs particulièrement intimidant :

Je suis allé le voir chez lui. Il était en train de jouer au billard tout en écoutant Prince sur sa chaîne stéréo. Eddie a continué à jouer pendant que je parlais. Il devait sans doute se demander s’il avait envie de passer les trois mois suivants en ma compagnie… Sa partie finie, il s’est tourné vers moi et a levé le pouce pour signifier qu’il m’acceptait comme réalisateur.

Un acteur et un réalisateur complices

Malgré cette rencontre singulière et en dépit des appréhensions de Tony Scott, le courant passe parfaitement entre Eddie Murphy et lui. Le comédien chambre souvent le réalisateur, plasticien qui ne cessera de faire évoluer sa mise en scène jusqu’à l’expérimental Domino :

Je pensais qu’il allait m’anéantir. Il (Eddie Murphy) a joué avec moi – il disait : 'Ce plan ne sera pas dans le film. C’est de la merde arty'. Il faisait des paris là-dessus. J’ai donc gardé tous les plans arty dans le film ! Et à la fin il a applaudi le style du film, mais en fait je l’ai juste laissé faire son truc, être qui il est vraiment.

Des trois opus de la saga, Le Flic de Bevely Hills 2 s’impose clairement comme celui doté des choix esthétiques les plus marqués. Le cinéaste salue également le professionnalisme et la capacité d’improvisation de la star.

En laissant un immense terrain de jeu à l’interprète d’Axel Foley, Tony Scott prouve au passage qu’il sait instaurer une rythmique comique, même si l’humour n’est pas son registre de prédilection. Il y revient brillamment en 1992 avec le buddy movie Le Dernier samaritain, aidé par le scénario de Shane Black ainsi que le duo formé par Bruce Willis et Damon Wayans.