Al Pacino aurait pu remporter son premier Oscar en 1974 pour "Serpico" et vivre un moment très embarrassant, ayant un peu abusé du valium lors d'une cérémonie plus longue qu'il ne le pensait.
Al Pacino et ses innombrables grands rôles
Si certains acteurs ont eu la chance d'avoir au moins un rôle emblématique dans leur carrière, Al Pacino les a lui multiplié tout au long de sa carrière. Dans ses œuvres les plus connues, on citera son rôle dans Scarface en 1983, mais également celui de Michael Corleone dans la trilogie Le Parain (1972, 1974 et 1990) ou encore de Vincent Hanna dans Heat (1995).
Ajoutons à cela son interprétation puissante de Sonny Wortzik dans Un après-midi de chien (1975). Mais aussi son incarnation de Frank Serpico dans le Serpico (1973) de Sidney Lumet, sans oublier celle du coach Tony D'Amato dans L'Enfer du dimanche (2000) et bien sûr celle de Satan dans L'Associé du diable (1998).
On pourrait continuer encore longtemps comme ça. Et à la vue de sa filmographie, on pourrait penser qu'Al Pacino a été suffisamment reconnu lors de la plus prestigieuse des cérémonies : aux Oscars. Pourtant, le comédien n'a remporté qu'une fois la précieuse statuette. C'était en 1993 pour Le Temps d'un week-end. Nul doute qu'il aurait mérité de remporter l'Oscar du meilleur acteur à d'autres reprises. Et sans doute l'a-t-il espéré. Du moins, sauf une fois, où il fut heureux de passer à côté.
"Un peu défoncé" aux Oscars
Dans une interview donnée à Playboy en 1979, Al Pacino avait révélé une drôle d'anecdote sur sa présence aux Oscars pour Serpico. Le film était alors nommé en 1974 à l'Oscar du meilleur acteur pour Al Pacino, et celui du meilleur scénario adapté. Le comédien avait déjà été nommé auparavant, à l'Oscar du meilleur second rôle pour Le Parain, mais il avait refusé de s'y rendre, trouvant scandaleux de se retrouver dans cette catégorie étant donné l'importance de son personnage. Il se présenta tout de même mais en n'étant pas dans son meilleur état.
Personne ne s'attendait à ce que je vienne. J'étais un peu défoncé. Quelqu'un avait fait quelque chose à mes cheveux, les avait soufflés ou autre, et j'avais l'air d'avoir un nid d'oiseau sur la tête, un vrai désordre. Je me suis assis et j'ai essayé d'avoir l'air indifférent parce que j'étais si nerveux. Chaque fois que je suis nerveux, j'essaie de prendre un air indifférent ou froid.
Ayant avant cela vu uniquement la cérémonie à la télévision, il pensait qu'elle ne durait pas plus d'une heure et se retrouva dans une situation pour le moins inconfortable après trois heures d'émission.
À un moment donné, je me suis tourné vers Jeff Bridges et je lui ai dit : "Hé, on dirait qu'on n'aura pas le temps d'assister à la remise des prix du meilleur acteur." Il m'a jeté un regard étrange. Il m'a dit : "Oh, vraiment ?" J'ai dit : "C'est fini, l'heure est écoulée." Il m'a dit : "Ça dure trois heures." Je pensais que c'était une émission de télévision d'une heure, vous imaginez ?
Merci Jack Lemmon
Il enchaîne en affirmant avoir pris du valium tandis qu'il avait une envie pressante. Clairement, au moment où allait être remis le fameux prix, Al Pacino n'était pas au mieux et, d'après lui, s'il avait remporté ce prix, il aurait eu bien du mal à monter sur scène.
J'avais très envie d'aller aux toilettes. donc j'ai pris du valium. En fait, j'avalais du valium comme des bonbons. Je les mâchais. Finalement, il y a eu le prix du meilleur acteur. Vous imaginez dans quel état j'étais ? Je n'aurais pas pu monter sur scène. Je priais : "S'il vous plaît, que ce ne soit pas moi. S'il vous plaît." Et j'ai entendu... "Jack Lemmon". J'étais si heureux de ne pas avoir à me lever, parce que je n'aurais jamais pu le faire.
Une "défaite" qui aura eu du bon pour Al Pacino. Et sans Jack Lemmon présent pour Sauvez le tigre (1973), la cérémonie aurait pu marquer les esprits de manière regrettable pour l'interprète de Tony Montana...