Le Premier jour du reste de ta vie : un film autobiographique pour le réalisateur Rémi Bezançon ?

L'histoire de toutes les familles ?

Le Premier jour du reste de ta vie : un film autobiographique pour le réalisateur Rémi Bezançon ?

Le film "Le Premier jour du reste de ta vie" explore les recoins d'une famille qui se désagrège avec le temps. Le long-métrage est-il le miroir de la vie du réalisateur ?

5 jours de joie et de larmes

En 2008, Rémi Bezançon signe un long-métrage émouvant sur la famille. Intitulé Le Premier jour du reste de ta vie, le film raconte l'histoire des Duval, famille composée de cinq membres bien distincts.

La mère, Marie-Jeanne, interprétée par Zabou Breitman, est en pleine crise de la cinquantaine. Le père, Robert, joué par Jacques Gamblin, est lui nostalgique des beaux jours avec ses enfants. Et ces derniers : Albert en quête d'indépendance (Pio Marmaï), Raphaël le rêveur (Marc-André Grondin) et Fleur l'ado rebelle (Déborah François).

Le Premier jour du reste de ta vie
Le Premier jour du reste de ta vie © StudioCanal

Un portrait familial à la fois bouleversant et douloureux, raconté sur une période de douze ans, mais où cinq jours seulement sont dévoilés. En construisant son film de cette manière, le réalisateur souhaite montrer "comment dans une famille les uns déterminent les autres". Il l'expliquait ainsi à la presse :

L'idée de filmer cinq jours décisifs dans la vie de chacun s'est imposée dès l'écriture du scénario. Même au sein de la famille cohabitent des êtres très différents les uns des autres. J'ai pensé qu'une construction en étoile montrerait mieux cette altérité. Chacune des cinq journées correspond à un membre de la famille que nous suivons au plus près du matin jusqu'au soir.

Filmer chaque sujet autrement

Chaque jour montré à l'écran correspond à une personne. Ainsi, le réalisateur filme le jour où Albert s'émancipe, le jour des 16 ans de Fleur, un voyage dans le temps de Raphaël, la mère lors d'une journée déprimante de la cinquantaine, et une nouvelle terrifiante pour le père de famille. Afin de mieux coller à la vie de chacun des protagonistes et respecter leurs humeurs, Rémi Bezançon choisit une façon de filmer différente pour chaque personne. 

Nous avons fait en sorte avec Antoine Monod, le chef opérateur du film, que chaque journée ait sa propre logique cinématographique, qu'elle soit traitée à chaque fois à travers le prisme du personnage que nous suivons. Par exemple la journée d'Albert, le fils aîné qui quitte le nid familial, a été filmée en courte focale ce qui a la particularité d'accentuer les distances, d'éloigner les sujets les uns des autres et donc de souligner la prise d'indépendance du personnage.

Alors, il utilise une steadycam, caméra flottante, à l'image du personnage de Raphaël. Puis une caméra à l'épaule pour Fleur, des longues focales pour Marie-Jeanne, et une "image apaisée" pour Robert. Des prises de vues cinématographiques choisies avec minutie.

Un récit autobiographique ?

Ces personnages haut en couleurs, représentants modèles d'une famille moyenne, sont forcément inspirés de ce que connaît le réalisateur. Bien qu'il se soit projeté dans tous les protagonistes, Rémi Bezançon assure que la famille Duval n'est en rien autobiographique. Le film représente plutôt un univers familial identifiable pour chacun d'entre nous.

Je me suis évidemment inspiré de ce que je connais. Bien qu'à ma connaissance ma mère n'ait écrasé ni écureuil ni chien, et que mon père croit sans doute que Led Zeppelin est un dirigeable et Oasis une boisson à base de concentré d'orange. J'ai deux frères aînés et une petite sœur qu'on a un peu couvée, comme dans le film. Leur parcours n'a rien à voir avec mes personnages, bien sûr... Même si dans la première version du scénario, les enfants Duval étaient quatre, comme nous !

Le Premier jour du reste de ta vie
Le Premier jour du reste de ta vie © StudioCanal

Avec ce film, le cinéaste rend toutefois hommage à ses proches. 

Ma propre famille compte beaucoup pour moi et, même si le film n'a rien d'autobiographique, j'ai voulu lui rendre hommage à ma manière. Je me suis toujours demandé qui j'aurais été si j'avais été élevé par d'autres parents que les miens. Sûrement quelqu'un de complètement différent.

Concernant le personnage de Marie-Jeanne, qui fume autre chose que les cigarettes de son mari, Rémi Bezançon rappelle avec humour que sa mère n'est pas une adepte de cette consommation. 

Même si je me suis un peu inspiré de mon entourage familial pour écrire ce film, toute ressemblance avec des personnages existants serait purement fortuite : ma mère ne fume pas de joints, Marie-Jeanne si !