Quelle place pour les humains dans un monde du travail où les machines sont omniprésentes ? C'est la question posée par le festival Filmer le travail, dont la 9e édition s'ouvre vendredi à Poitiers.
Le thème central de cette édition intitulée "humains-machines" permettra entre autres d'explorer la question du numérique et de ses implications pour les travailleurs, dans une programmation qui mêle cinéma et débats, avec des interventions de chercheurs.
L'ambition de ce festival unique en son genre, créé en 2009, est de :
croiser les regards, dans le champs du cinéma et des sciences sociales, sur le travail.
Rappelle Maïté Peltier, la programmatrice.
Tables rondes, performance musicale, rencontres et bien sûr projections (environ 70 films au total) sont au programme, du 2 au 11 février.
L'objectif est de créer un endroit "où on peut vraiment parler du travail, de ce que les gens font, dans quelles conditions, avec quel engagement de leur personne", explique Hélène Stevens, présidente de l'association Filmer le travail. Ce festival permet de :
Parler de ce que le travail fait à nos existences individuelles mais aussi à nos destins collectifs.
Côté septième art, le festival débutera avec un documentaire sur des exilés syriens qui travaillent sur les chantiers à Beyrouth, Taste of cement, réalisé par Ziad Kalthoum (2017), présenté en film d'ouverture. "Une oeuvre précieuse, qui dit la force de l'art pour traduire en images et en sons un monde de machines, destinées au travail ou à la guerre", détaille le programme.
Parti pris cinématographique
L'un des temps forts du festival sera la compétition internationale, dans laquelle concourent vingt films documentaires français et étrangers, produits ces deux dernières années.
Du quotidien éreintant de travailleurs d'une usine textile en Inde (Machines, de Rahul Jain, 2016), au témoignage des ouvriers de l'usine ArcelorMittal de Fos-sur-Mer, dont les textes recueillis lors d'ateliers d'écriture se superposent aux images d'acier incandescent ("Chant acier", d'Emmanuel Roy, 2016), les machines sont omniprésentes.
Nos critères sont à la fois l'originalité des thématiques abordées, mais aussi l'exigence et la pertinence des moyens mis en oeuvre par les cinéastes pour parler de questions qui se rapportent au monde du travail.
explique Maïté Peltier.
Ainsi, dans Rêvent-elles de robots astronautes ? de Sarah del Pino (2017), les vaches d'une ferme autogérée par des logiciels informatiques évoluent dans un univers mystérieux. "On est presque dans un film de science fiction, avec un parti pris cinématographique fort", commente Mme Peltier.
Côté sciences sociales, une conférence inaugurale de Dominique Méda, professeure de sociologie, se penchera sur le futur du travail.
Une journée d'étude consacrée à "ce que le numérique fait au travail", organisée par l'université de Poitiers et l'Organisation internationale du travail (OIT) et ouverte à tous, se tiendra en présence de nombreux chercheurs ainsi que de représentants syndicaux. Des archives de l'INA, de 1942 aux années 2000, témoigneront de la transformation du monde du travail avec l'arrivée des nouvelles technologies.
Ca a un côté assez saisissant, parce qu'à travers ces archives, on peut saisir la rapidité de l'implantation des technologies.
Commente Hélène Stevens.
Comme à chaque édition, un pays sera également mis à l'honneur, cette année le Japon, à travers une sélection de films allant des années 1930 à nos jours.
Les organisateurs espèrent une fréquentation équivalente à celle de l'année passée, soit environ 9.000 entrées.