Le réalisateur Jean-Claude Brisseau risque deux ans de prison pour atteintes sexuelles

Deux ans de prison avec sursis, assortie d'une mise à l'épreuve, d'une obligation de soins, et d'une amende de 30 000 euros ont été requis hier par le Parquet de Paris contre Jean-Claude Brisseau. Le réalisateur d'Un jeu brutal est accusé d'escroquerie et d'atteintes sexuelles par quatre actrices à qui il avait fait passer des essais en 2002 pour son film Choses secrètes. Une petite mascarade au cours de laquelle le réalisateur aurait profité sexuellement des jeunes femmes en leur faisant miroiter en échange le rôle-titre. « J'ai compris que j'avais été sous l'emprise de quelqu'un pendant plusieurs mois » déclare l'une d'elle. Les jeunes femmes dénoncent aujourd'hui ce chantage et les essais érotiques que leur faisait passer Jean-Claude Brisseau, au cours desquels il exigeait, entre autres, qu'elles se masturbent en lieu public. Des essais qualifiés par le cinéaste de « travail d'improvisation pour ne pas perdre de temps au moment du tournage ». « Je ne peux filmer que ce que je connais ! » a déclaré Jean-Claude Brisseau pour justifier sa méthode de travail.

Lors de l'audience qui s'est tenue hier soir, les victimes présumées ont évoqué leur désillusion, ainsi que leur souffrance. « Leur douleur est authentique, sincère et infiniment profonde » a déclaré Me Claire Doubliez, l'avocate de deux d'entre elles. De son côté, l'avocat de Jean-Claude Brisseau parle de la déception de ces actrices qui n'ont pas obtenu le rôle pour Choses secrètes, et qui se retournent donc contre le réalisateur. « C'est le cinéma des désillusions (…) Ce n'est peut-être pas juste, mais ce n'est pas délictuel » a-t-il souligné. Jean-Claude Brisseau s'est quant à lui montré très véhément, se défendant rageusement et s'étouffant parfois de colère « Tout ça est destiné à me noircir, systématiquement, de tous les côtés ! »

Une carrière qui est en effet d'ores et déjà noircie par ce procès. Jean-Claude Brisseau, cinéaste sulfureux et volontairement provocateur, réalisateur de Noce Blanche avec Vanessa Paradis, ou encore de L'Ange noir avec Sylvie Vartan, a soulevé un point d'interrogation sur les méthodes qu'il choisit pour diriger ses actrices. Marion Cotillard, Hélène de Fougerolles et la maman de Vanessa Paradis sont venues apporter leur témoignage sur le réalisateur.
Le verdict sera rendu le 15 décembre.

L.L.G. (le 4 novembre 2005 - Avec l'AFP)