Dans "Le Torrent", José Garcia s'enfonce dans le mensonge et devient le principal suspect dans l'enquête autour de la disparition de sa femme. Un long-métrage qui s'inspire en partie de l'affaire Suzanne Viguier.
Le Torrent : l'engrenage infernal
Après Les Invités de mon père et On a failli être amies, Anne Le Ny s'aventure dans un registre beaucoup plus sombre avec Le Torrent. Avec ce film, la réalisatrice et comédienne met en scène un thriller dans lequel un homme s'enfonce dans ses mensonges.
Incarné par José Garcia, Alexandre est un homme d'affaires à qui tout réussit. Un soir, alors qu'il se réjouit d'avoir signé un contrat important et de pouvoir passer du temps avec sa fille aînée Lison (Capucine Valmary), il découvre que son épouse Juliette (Ophélia Kolb) le trompe.
À la suite d'une dispute, Juliette décide de quitter le domicile conjugal à pied. Alexandre tente de la rattraper en voiture et au moment où il essaie de la raisonner, elle est victime d'une chute mortelle dans un ravin.
Paniqué en rentrant chez lui, Alexandre demande à Lison de le couvrir. Face aux policiers, il accumule les mensonges. Conscient que quelque chose cloche, son beau-père Patrick (André Dussollier) se met à douter de l'innocence de son gendre, et tente d'en savoir plus auprès de Lison.
Le long-métrage présente donc la chute d'un homme incapable d'exprimer ses émotions et désireux de préserver sa réputation, au point de laisser penser qu'il est coupable. José Garcia prend toutes les mauvaises décisions dans Le Torrent. André Dussollier est quant à lui déterminé à connaître la vérité, ou du moins à trouver la moindre preuve qui pourrait laisser supposer un homicide et non un accident.
Un thriller inspiré de l'affaire Suzanne Viguier
Pour construire l'intrigue du film, coécrit avec Axelle Bachman, Anne Le Ny s'est inspirée de l'affaire Suzanne Viguier. Dans le dossier de presse, la réalisatrice explique :
J’ai conscience de l’intérêt que je porte aux problématiques cornéliennes, mais l’affaire Viguier m’a particulièrement interpellée : le soutien des enfants à ce père accusé de la disparition de leur mère a nourri ma réflexion sur l’ambiguïté des émotions et la difficulté à faire des choix dans des situations intenables.
J’ai mis du temps à écrire, et en développant le projet, j’ai beaucoup réfléchi pour trouver la place de la jeune fille. Adopter le parti du père était compliqué et j’ai pris celui d’une fille qui n’a pas de place auprès de son père et peut éprouver le désir inconscient de voir disparaître sa belle-mère.
Le 27 février 2000, Suzanne Viguier disparaît après avoir quitté un concours de tarot. Âgée de 39 ans, cette Toulousaine est danseuse et chorégraphe pour un cabaret transformiste. Le 1er mars 2000, son compagnon Jacques signale sa disparition et assure ne plus l'avoir vue depuis le 26 février.
"Je ne l'ai pas tuée"
Les soupçons se portent sur ce professeur de droit lorsque les enquêteurs découvrent des traces de sang au domicile familial. Ils mettent par ailleurs la main sur un formulaire de demande de divorce dans le véhicule de Suzanne. Avant sa disparition, elle entretenait une liaison avec Olivier Durandet, dont Jacques Viguier assure ne pas être au courant.
Le 11 mai 2000, il est placé en détention provisoire et clame son innocence pendant dix ans. Après un second procès en appel, la justice acquitte définitivement Jacques Viguier le 20 mars 2010. Le corps de son épouse n'a jamais été retrouvé. Interrogé par Le Figaro en 2010 sur la vérité autour de la disparition de sa femme, Jacques Viguier déclare :
Plus le temps passe et plus j'en doute, comme tout le monde. Je ne sais qu'une chose : je ne l'ai pas tuée.
Une affaire qui avait déjà inspiré le drame Une intime conviction avec Marina Foïs et Olivier Gourmet, dans lequel Laurent Lucas prête ses traits à l'accusé.
Le Torrent est à découvrir au cinéma dès le 30 novembre 2022.