Les Misérables : cette anecdote folle qui a nourri l'intrigue du film

Les Misérables : cette anecdote folle qui a nourri l'intrigue du film

Dans "Les Misérables", trois policiers de la BAC commettent une bavure filmée par un drone à Montfermeil. Un film pour lequel Ladj Ly a puisé dans ses souvenirs et s'est inspiré de faits réels, notamment pour le vol du lionceau.

Les Misérables : quand un drone filme une bavure

Premier long-métrage de fiction de Ladj Ly, membre du collectif Kourtajmé qui avait coréalisé le documentaire À voix hauteLes Misérables débute juste après la victoire de l'équipe de France lors du Mondial de football de 2018. Stéphane (Damien Bonnard) vient de rejoindre la brigade anti-criminalité de Montfermeil et débute ses patrouilles aux côtés de Chris (Alexis Manenti) et Gwada (Djebril Zonga).

Son premier jour débute par une confrontation entre des jeunes de la cité des Bosquets et des gitans, qui les accusent d'avoir volé un lionceau. Le trio se met à enquêter sur l'affaire et découvre qu'un adolescent prénommé Issa (Issa Perica) s'est pris en photo avec l'animal. Leur tentative d'interpellation vire au drame, Gwada tirant à bout portant au LBD dans le visage du garçon.

Les Misérables
Buzz (Al-Hassan Ly) - Les Misérables ©Le Pacte

Réalisant que la bavure a été filmée par un drone, Chris refuse d'emmener Issa à l'hôpital, voulant d'abord détruire la vidéo. En parallèle, des tensions éclatent dans la cité. Quant à Stéphane, ses illusions s'effondrent très vite à cause des méthodes de ses collègues.

Al-Hassan Ly, Steve Tientcheu, Almamy Kanouté et Jeanne Balibar complètent la distribution de ce drame sorti en 2019. Récompensé par le Prix du Jury au Festival de Cannes, Les Misérables décroche également trois César : Meilleur film, Meilleur montage et Meilleur espoir masculin pour Alexis Manenti.

Un film pour lequel Ladj Ly s'est inspiré de son vécu

Pour construire l'intrigue du long-métrage, le réalisateur s'est en partie basé sur son expérience et sur celle de ses proches. Dans le dossier de presse, il explique notamment :

Pendant cinq ans, avec ma caméra, je filmais tout ce qui se passait dans le quartier, et surtout les flics, je faisais du copwatch. Dès qu’ils débarquaient, je prenais ma caméra et je les filmais, jusqu’au jour où j’ai capté une vraie bavure.

Une bavure que Ladj Ly filme le 14 octobre 2008. Les journalistes du site Rue 89 publient la vidéo dans la foulée. Au micro de France Inter, le cinéaste se souvient :

Il y a eu une enquête de l'IGS suite à ça, des policiers suspendus. C'était une première en France, le fait que des policiers soient suspendus suite à une vidéo.

Avant de l'inspirer pour son long-métrage, cette expérience donne d'abord naissance au court-métrage Les Misérables, qui repose sur une trame similaire et est tourné avec une partie de l'équipe, dont les trois acteurs principaux.

L'histoire du lionceau

Une autre situation pour laquelle Ladj Ly a puisé dans son vécu est celle du vol du lionceau, qui a réellement eu lieu une vingtaine d'années avant la sortie du film. Lors d'un entretien accordé à Première aux côtés du réalisateur et d'Alexis Manenti, qui ont coécrit le long-métrage avec lui, le scénariste Giordano Gederlini précise :

Cette histoire est célèbre ! Elle a au moins vingt ans et avait fait beaucoup de bruit à l’époque. Il y avait beaucoup de fantasmes. Il se disait que les gars de Montfermeil faisaient des combats de coqs avec le lion...

Les Misérables
Les Misérables ©Le Pacte

Ladj Ly ajoute :

Alors que c’était un tout petit lionceau ! (Il sort son portable et nous montre un portrait de lui à l’époque avec l’animal.) Il n’y a pas un quartier d’Île-de-France qui n’ait pas été au courant de cette histoire, il y a même eu des articles dans les journaux.