Les Rois du désert : le jour où George Clooney a voulu "tuer" David O. Russell

"Frappe-moi, espèce de lâche, frappe-moi !"

Les Rois du désert : le jour où George Clooney a voulu "tuer" David O. Russell

Si George Clooney est une des définitions du "cool" et une star parmi les plus sympathiques, il a bien failli en venir violemment aux mains avec David O. Russell sur le tournage du succès "Les Rois du désert". Un film qui était, en 1999, le premier gros budget du réalisateur, et celui-ci a mal vécu la pression. Sans que cette pression n'explique entièrement le comportement du réalisateur, dont le caractère abusif a fait l'objet de nombreux témoignages pour ce film comme pour d'autres qui ont suivi.

Les Rois du désert : un grand film et un tournant de carrière pour George Clooney

En 1999, le réalisateur David O. Russell se révèle au monde avec le film de guerre Les Rois du désert. C'est un grand succès critique et commercial, à la fois film d'action, film de braquage et satire sur la première guerre du Golfe (1990-1991). Avec son casting de stars composé de George Clooney, Mark Wahlberg et Ice Cube, le film propose de l'humour, du suspense, des idées visuelles innovantes, Les Rois du désert introduit David O. Russell comme un futur grand d'Hollywood et impose définitivement George Clooney comme une grande star de cinéma, lui qui jusque-là tenait essentiellement sa célébrité de la série Urgences.

Mais si le film est une grande réussite, son tournage a été très compliqué, la faute au tempérament explosif et tyrannique de David O. Russell, alors âgé de 41 ans. Il s'est mis à dos une bonne partie de ses équipes durant la production, dont son premier rôle et interprète principal, George Clooney.

les rois du désert
Les Rois du désert ©Warner Bros

Une tension grandissante entre l'acteur et le réalisateur

Les faits qui se sont produits durant le tournage ont attendu la présentation et l'exploitation du film pour être révélés. Mais les deux hommes n'ont jamais cherché à les dissimuler, chacun y allant de son commentaire. David O. Russell a ainsi déclaré que "jamais ne retravaillerait avec George Clooney, même si on le payait 20 millions de dollars." Le temps est passé et la haine semble avoir laissé la place à une très froide politesse, chacun s'arrêtant à reconnaître le talent de l'autre.

Mais il s'en est fallu de peu pour que leur collaboration sur Les Rois du désert se termine très, très mal. George Clooney, dans une interview donnée à Playboy au début des années 2000, avait ainsi détaillé le conflit :

Une première fois, il s'en est pris au conducteur d'une "voiture-caméra", que je connaissais du lycée. Je n'avais rien à voir avec ça, mais David a commencé à crier puis à lui hurler dessus et à l'humilier devant tout le monde. Je lui ai dit : "tu peux crier et hurler et même le virer, mais tu ne peux pas l'humilier devant l'équipe. Pas sur mon plateau, si j'ai un mot à dire à ce sujet".

Un moment d'apaisement illusoire

Un début d'accrochage qui heureusement ne va pas plus loin. Mais rapidement le réalisateur recommence, en s'en prenant cette fois-ci à la scripte, jusqu'à la faire pleurer. Cette fois-ci, George Clooney entre dans une démarche plus formelle en écrivant une lettre à David O. Russell. Dans celle-ci, il écrit : " Écoute, je ne comprends pas pourquoi tu agis comme ça. Tu as écrit un scénario brillant, et je pense que tu es un bon réalisateur. Essayons de ne pas avoir ce genre d'ambiance sur le plateau. Je n'aime pas ça et je ne travaille pas bien dans ces conditions."

Les Rois du désert
Les Rois du désert ©Warner Bros

Une confrontation très violente...

La lettre une fois lue, les choses semblent repartir d'un bon pied, mais la situation finit par dégénérer un jour de tournage à pression maximale. La production du film Les Rois du désert accuse trois semaines de retard, ce jour-là se tourne une séquence avec 300 figurants et des hélicoptères qui tournent au-dessus du plateau. David O. Russell est très tendu et de mauvaise humeur. George Clooney raconte que le réalisateur demande alors à un des figurants de l'agripper et de le jeter au sol, pour la scène.

Sauf que le figurant n'est pas très à l'aise à l'idée de malmener la méga-star d'Urgences, et se montre nerveux. David O. Russell s'est alors approché du figurant, l'a attrapé et l'a mis au sol.

Il commence à le frapper et à crier : "tu veux être dans ce put*** de film ? Alors tu le jettes au put*** de sol !" Le second assistant réalisateur est arrivé et lui a dit : "Ne fais pas ça David. Tu veux qu'ils fassent quelque chose, tu me le dis." David lui a pris son talkie-walkie et l'a jeté au sol. Il lui a crié : "Tu fermes ta put*** de gueule ! Va te faire f***** !" et l'assistant réalisateur lui répond : "Va te faire f***** ! Je démissionne." Il s'est effectivement barré.

... Évitée de peu !

George Clooney insiste alors sur le fait que la situation devenait dangereuse. Ainsi que sur le fait qu'il lui avait envoyé cette lettre, et qu'il essayait d'arranger les choses. Il s'est alors approché de David O. Russell, lui a passé le bras autour de l'épaule, et a tenté une approche diplomatique en lui parlant : "David, c'est un jour important. Mais tu ne peux pas pousser, secouer ou humilier les gens qui ne sont pas autorisés à se défendre eux-mêmes." L'acteur rapporte alors la réaction hystérique du réalisateur, et la sienne au moment où il a failli se montrer très violent :

"Pourquoi tu t'occupes pas juste de ton rôle de merde ? T'es un conn***. Tu veux me frapper ? Tu veux me frapper ? Vas-y, espèce de lâche, frappe-moi !" Je le regarde comme s'il était devenu fou. Et là, il commence à me donner des coups de tête, en continuant :"Frappe-moi, espèce de lâche, frappe-moi." Il m'a attrapé à la gorge et là je suis devenu fou. Waldo, un de mes plus proches amis, m'a attrapé à la taille pour que je le relâche. Je le tenais aussi à la gorge. J'allais le tuer. Le tuer. Finalement, il s'est excusé, mais moi je me suis barré. À ce moment, les gars de Warner Bros. étaient en panique. David a boudé tout le temps du tournage restant, et on a fini le film. Mais c'était vraiment, sans exception, la pire expérience de toute ma vie.

On pourrait croire que George Clooney se donne le beau rôle et que seule sa version a été retenue. Mais si David O. Russell a reconnu sa responsabilité, se défaussant en bonne partie sur la pression de réaliser un film à gros budget, il a continué à défrayer la chronique sur ses tournages ultérieurs, s'attirant les foudres d'une bonne partie du public cinéphile et voyant logiquement la communauté hollywoodienne lui tourner le dos. Pourra-t-il, avec son prochain film Canterbury Glass, redorer son image ?