Les Rois mages : pourquoi le film a mis 6 ans à se faire ?

Les Inconnus en conflit avec Paul Lederman

Les Rois mages : pourquoi le film a mis 6 ans à se faire ?

Six ans après le triomphe de "Les Trois Frères", les Inconnus reviennent avec leur deuxième réalisation, "Les Rois mages". Une attente qui s'explique par un conflit opposant le trio à leur producteur Paul Lederman.

Le second film des Inconnus après un immense succès

Le 12 décembre 2001, le deuxième film des Inconnus Les Rois mages sort au cinéma. Cette seconde réalisation conte l'histoire de Gaspard, Melchior et Balthazar qui se retrouvent propulsés, à cause d'une faille temporelle, dans le Paris du début du XXIè siècle alors qu'ils souhaitaient rejoindre l'étable de Jésus. Cette farce anachronique, dans la veine des Visiteurs sorti huit ans plus tôt, n'a pas vraiment conquis les critiques :

"On sourit à peine devant cette nouvelle comédie des Inconnus, accumulation de saynètes dignes des années 1970" pour Le Parisien, ou "Les trois humoristes s'emparent d'une formule un peu facile, non dénuée de potentialités comiques, appréciables sporadiquement" pour Le Monde.

Les Rois mages
Les Rois mages ©Pathé

Malgré des critiques mitigées, Les Rois mages fut un vrai succès public pour le trio avec plus de 2 300 000 entrées et réalisa de très bonnes audiences lors de ses multiples passages télévisés (plus de 5 millions de téléspectateurs sur TF1 en 2008). Ces entrées restent cependant inférieures à celle de leur première réalisation Les Trois Frères, produit par Claude Berri et Paul Lederman, qui a réuni en 1995 presque 7 millions de spectateurs en salle.

Une idée née à la suite des Trois Frères

Après un tel score au box-office, comment expliquer les six années qui ont séparé ces deux films ? D'autant que l'idée des Rois Mages est née en 1994, juste après le tournage des Trois Frères, comme l'expliquait Bernard Campan pour La Dépêche :

A la fin des Trois Frères il y avait une allusion. Quelqu'un qui nous disait, « Vous venez, les Rois mages ? ». Et puis après, on s'est dit qu'il y avait une idée là-dedans, que ça pouvait nous permettre de faire ce qu'on aime bien, une comédie qui parle aussi du monde qui nous entoure.

Toujours dans le même quotidien, Didier Bourdon poursuit :

Et puis la réalité du monde, aujourd'hui, met davantage en lumière le choc des cultures. On se rend compte avec ces personnages qui viennent d'Orient, que c'est une autre façon d'aborder le monde, avec des choses que nous avons un peu oubliées, comme l'hospitalité par exemple.

Les Rois mages
Les Rois mages ©Pathé

Le trio en conflit avec leur producteur

Cette attente s'explique par un conflit qui oppose le trio comique à leur producteur historique, Paul Lederman. En effet, après Les Trois frères, Didier Bourdon et Bernard Campan se lancent dans Le Pari deux ans plus tard, produit uniquement par Claude Berri. Or, au moment de produire Les Trois frères, Berri et Lederman ont fait signer au trio un contrat stipulant une option sur deux autres films. A l'occasion de la sortie de L'Extraterrestre, son premier long-métrage en tant que réalisateur, Didier Bourdon revenait sur cette fameuse option, dans les colonnes de Libération en 2000 :

Ce genre d'options est une pratique courante. Elles servent surtout à protéger les intérêts du producteur : il prend des risques sur un premier film et, en cas de bide, il a l'espoir de se renflouer sur les suivants. Mais Les Trois Frères fut un triomphe. Et nous pensions donc que ces options ne seraient jamais réalisées, comme c'est très souvent le cas dans ce métier.

Sans Pascal Légitimus, Le Pari n'est pourtant pas considéré comme le second film des Inconnus. Mais Lederman ne l'entend pas de cette oreille et décide d'attaquer en justice les deux comédiens afin d'obtenir sa part des recettes de ce film. Détenteur du nom "Les Inconnus", le producteur leur interdit également par contrat de se produire ensemble. Cette bataille judiciaire a duré donc six ans avant que Les Rois mages, à nouveau produit par Berri et Lederman, puisse enfin voir le jour sur nos écrans.