Les Schtroumpfs : comment une blague a entraîné la création des petits êtres bleus

Les Schtroumpfs : comment une blague a entraîné la création des petits êtres bleus

En 2011, les américains décident de s'attaquer à une bande-dessinée franco-belge emblématique en proposant une adaptation de "Les Schtroumpfs". Saviez-vous que l'univers des Schtroumpfs est né à partir d'une blague ?

Les origines des Schtroumpfs

Les Schtroumpfs est une série de bande-dessinée créée par l'auteur belge Peyo en 1958. L'histoire raconte les aventures d'un peuple imaginaire de petites créatures bleues qui logent dans un village champignon au milieu d'une forêt. Les 16 premiers tomes ont été créés par Peyo, jusqu'à sa mort en 1992. Depuis, c'est son fils, Thierry Culliford, qui a pris la suite. Étonnament, les Schtroumpfs sont devenus un véritable phénomène international. Aujourd'hui, plus de 35 millions d'albums Les Schtroumpfs ont été vendus à travers le monde.

Ils apparaissent pour la toute première fois au sein des aventures de Johan et Pirlouit dans Le Journal de Spirou. Censés être éphémères, les Schtroumpfs reviennent encore et encore, plébiscités par le jeune public. Peyo, aidé de sa femme Nine Culliford qui les colorise, décide alors de se lancer dans sa propre aventure Schtroumpf.

Johan et Pirlouit
Johan et Pirlouit ©Dupuis

Succès de librairie, Les Schtroumpfs ont ensuite été adaptés sur le petit et sur le grand écran. Dès 1959, le studio TV Animation Dupuis produit 9 courts métrages de 13 minutes chacun. En 1981, Hanna-Babera Productions se lance dans une série qui totalise 9 saisons. Depuis 2021, une nouvelle série en 3D produite par Peyo Productions est diffusée sur les écrans de la télévision belge.

Au cinéma, trois longs-métrages américains ont vu le jour autour de l'univers des Schtroumpfs. Le premier, sobrement intitulé Les Schtroumpfs est sorti en 2011 sous la direction de Raja Gosnell. Porté par Neil Patrick Harris, le film rapporte plus de 563 millions de dollars de recettes au box-office (pour un budget de 110 millions). Après ce succès, Sony Pictures décide de produire deux suites : Les Schtroumpfs 2 en 2013 et Les Schtroumpfs et le Village perdu en 2017. En tout, les trois films ont rapporté plus de 1 milliard de dollars de recettes au box-office.

D'où vient le mot Schtroumpf ?

À l'origine, le mot Schtroumpf est issu d'une blague entre amis. En effet, c'est à partir d'un dîner entre copains que Peyo a eu l'idée de créer ces petits êtres bleus. Pierre Culliford, surnommé Peyo, était à table avec des amis dessinateurs dont Franquin, un des piliers de la bande-dessinée franco-belge. Et c'est à ce moment là, à la fin des années 1950, que Peyo a demandé à Franquin de lui passer le "Schtroumpf" :

Je lui ai demandé à table de me passer le… le… et ne trouvant pas le mot je lui ai dit : 'Passe-moi le schtroumpf.' Il m'a dit : 'Tiens voilà le schtroumpf'. Je lui ai dit : 'Merci de me l'avoir schtroumpfé, quand je n'en aurai plus besoin je te le re-schtroumpferai.

Stéphane Hubier, auteur de Schtroumpfologies (2016), a expliqué au micro de RadioFrance comment cette simple blague a donné naissance à l'univers des Schtroumpfs :

Et puis ils se sont amusés à parler schtroumpf, c’est-à-dire à remplacer tous les substantifs par le substantif schtroumpf et ils ont inventé la langue schtroumpf. Une fois qu’il l’ont inventée, Peyo et ses conseillers ont inventé le peuple qui correspondait à la langue.

Une langue et un univers plébiscités

Rapidement, cette langue Schtroumpf fascine les lecteurs. Sa facilité de compréhension et son inépuisable source de blagues en font une langue fictive facilement abordable pour le jeune public. Selon Sébastien Hubier :

Il y a quelque chose qui est de l’ordre de la transmission des stéréotypes, qui structure notre vision du monde et qu’on retrouvait dans les Schtroumpfs. C’est moral, c’est conforme à nos modes de représentation dominants, donc tout va bien et je crois que c’est ce qui a aussi expliqué le succès des Schtroumpfs. Chacun des Schtroumpfs représente une facette de nous-mêmes : notre côté farceur, grognon, coquet… De la même façon, chacun peut voir ce qu’il veut dans la société schtroumpf. Société sans argent et sans classe sociale, elle a souvent été comparée à une utopie communiste.

Ainsi, face à cette popularité inébranlable, le phénomène bleu (on ne parle pas d'Avatar) ne risque pas de s'arrêter de sitôt.