Les Vestiges du jour : pourquoi Anthony Hopkins craignait de ne pas être à la hauteur dans le film ?

Les Vestiges du jour : pourquoi Anthony Hopkins craignait de ne pas être à la hauteur dans le film ?

Dans "Les Vestiges du jour", Anthony Hopkins incarne un majordome entièrement dévoué qui refuse de s'abandonner aux sentiments qu'il éprouve pour Emma Thompson. Un rôle complexe et touchant, dont certains aspects effrayaient le comédien.

Les Vestiges du jour : une histoire d'amour impossible

Superbe adaptation du chef-d'oeuvre de Kazuo IshiguroLes Vestiges du jour marque en 1993 les retrouvailles entre le cinéaste James Ivory et les acteurs Anthony Hopkins et Emma Thompson, un an après Retour à Howards End. Le film débute à la fin des années 50, lorsque Miss Kenton (Emma Thompson) écrit à son ancien supérieur Stevens (Anthony Hopkins) et lui propose de venir lui rendre visite.

En chemin, le majordome se remémore la période d'avant-guerre durant laquelle ils se sont connus au domaine Darlington, avant que le comte (James Fox) pour lequel ils travaillent ne se retrouve au coeur d'un scandale en raison de son soutien à Adolf Hitler. Faisant fi de ses positions politiques et morales, Stevens a toujours été entièrement dévoué à son employeur, ne se consacrant qu'à son métier. Au point de s'oublier, de réfréner ses émotions et de passer à côté d'une histoire d'amour avec Miss Kenton. Si sa conscience professionnelle n'a pas disparu avec les années, elle s'est malgré tout étiolée, laissant place à de profonds regrets.

Les Vestiges du jour
Les Vestiges du jour ©Sony Pictures Entertainment

Christopher Reeve, Ben Chaplin, Michael Lonsdale, Lena Headey et Hugh Grant complètent la distribution du drame pour lequel Anthony Hopkins reçoit le BAFTA du Meilleur acteur. Le comédien n'était pourtant pas serein à l'idée d'accepter le rôle de Stevens, craignant de ne pas être crédible dans la peau d'un majordome et de multiplier les gaffes dans son attitude.

Les conseils d'un expert

Pendant la promotion du long-métrage, Anthony Hopkins assure néanmoins que le tournage était particulièrement agréable, en grande partie grâce à sa complicité avec Emma Thompson et sa confiance totale en James Ivory. L'acteur peut par ailleurs compter sur les conseils d'un expert.

Cyril Dickman, majordome retraité ayant servi Elizabeth II dans les couloirs de Buckingham Palace (il rejoint la famille royale à seulement 15 ans), aide le comédien à adopter la gestuelle parfaite et le comportement adéquat. Modeste vis-à-vis de sa contribution au film, dans lequel il apparaît lors de la scène finale, il explique au Chicago Tribune en 1993 :

Je ne dirais pas que je lui ai appris quoi faire. Je dirais que c'était réciproque.

Anthony Hopkins affirme de son côté qu'il "n'aurait pas pu jouer ce rôle sans" l'ancien majordome et qu'il aurait "eu tout faux". Il ajoute :

Cyril m'a appris des règles simples : être poli, être efficace, être détendu. Le métier demande de grands réflexes et des manières extraordinaires.

Le comédien précise que Cyril Dickman lui a également appris comment entrer dans une pièce "sans frapper, mais avec discrétion". Le réalisateur James Ivory déclare de son côté que le majordome a lui aussi eu besoin d'un professionnel pour "les serviettes et la verrerie", tant la hiérarchie des domestiques est précise et les fonctions sont compartimentées. Une méticulosité qui participe grandement à la réussite des Vestiges du jour, puisque la rigueur, la rigidité de Stevens ainsi que le fonctionnement du domaine Darlington occupent une place fondamentale dans l'intrigue et le parcours émotionnel du personnage.