L'Été dernier : cette scène de sexe avec Léa Drucker a une étonnante inspiration

L'Été dernier : cette scène de sexe avec Léa Drucker a une étonnante inspiration

Pour tourner une scène de sexe entre Léa Drucker et Samuel Kircher dans "L'Été dernier", Catherine Breillat s'est inspirée d'un tableau représentant Marie-Madeleine.

L’Été dernier : Léa Drucker chez Catherine Breillat

L'Été dernier (2023) a marqué le retour de Catherine Breillat, dix ans après Abus de faiblesse (2014). Une longue pause pour la cinéaste qui expliquait dans le dossier de presse du film, qu'avant de découvrir Queen of Hearts, long-métrage danois à l'origine de L’Été dernier, elle était "au fond du trou" et n'avait "plus envie de faire du cinéma", notamment à cause de sa condition physique : "Je pense que j’étais aussi en dépression larvée, je suis quand même en très mauvais état physique. Être hémiplégique, ce n’est pas simple". Stupéfiée par cette œuvre, la réalisatrice a finalement décidé de s'emparer de cette histoire d'adultère entre une femme et son beau-fils beaucoup trop jeune.

Dans L’Été dernier, on découvre Anne (Léa Drucker), une avocate spécialisée dans la défense de mineurs victimes d’abus. Elle vit dans un milieu bourgeois avec son mari Pierre (Olivier Rabourdin) et leurs deux filles adoptées. Jusqu'au jour où Théo (Samuel Kircher), le premier enfant de Pierre, âgé de 17 ans, retourne vivre avec son père. Anne et Théo commencent alors à se rapprocher et à entamer une relation incestueuse. Un sujet délicat que Catherine Breillat traite de manière intéressante en faisant d'Anne une femme parfaitement consciente de ses actes, plus manipulatrice et menteuse qu'on l'imagine.

Le film tend ainsi vers le thriller. Sans être mémorable (voir notre critique), L’Été dernier doit beaucoup à son casting. Léa Drucker avait d'ailleurs été nommée au César de la meilleure actrice pour ce rôle, tandis que Samuel Kircher était en lice dans la catégorie Révélation masculine. Même si ni l'un ni l'autre n'a été récompensé lors de la cérémonie en 2024, leurs performances restent notables. D'autant que l'un et l'autre ont dû faire entièrement confiance à Catherine Breillat pour des scènes intimes forcément délicates à jouer.

Marie-Madeleine en référence pour une scène de sexe

Alors qu'il n'avait encore jamais joué, Samuel Kircher s'est retrouvé avec un rôle fort, à devoir passer son bac le matin et à tourner sa première scène d’amour l’après-midi, comme le raconte Catherine Breillat. Une situation aussi particulière pour Léa Drucker qui déclarait à Télérama n'avoir jusqu'à présent jamais tourné de telles scènes : "Jusque-là, dans l'érotisme, j’avais bricolé !". La comédienne a alors questionné Catherine Breillat sur la façon dont elle allait aborder cela, et plus précisément la deuxième scène de sexe qui se concentre sur le visage d'Anne. Toujours dans le dossier de presse, elle explique :

Catherine a d’emblée cadré les choses : « Je ne suis pas intéressée par la chair. Ce qui m’intéresse, ce sont les visages. » Du coup, j’ai cru que ce serait plus facile, mais j’ai découvert que c’est cent fois plus difficile que d’être filmée de loin ! Le visage est tellement intime.

Léa Drucker - L'Été dernier ©Pyramide Distribution
Léa Drucker - L'Été dernier ©Pyramide Distribution

De plus, la réalisatrice a donné à son actrice une référence étonnante, lui demandant de s'inspirer du tableau Marie-Madeleine en extase peint en 1606 par Caravage.

Dans cette scène, je ne savais pas comment filmer Léa. C’est là que Marie-Madeleine en extase m’a été d’un grand soutien. Je suis allée revoir le tableau et j’ai vu que Marie-Madeleine – dont les narines et le nez aquilin m’évoquaient en plus ceux de Léa – avait un mouvement très précis de la tête, dont j’ai dit à Léa de s’inspirer :"C’est l’amour extatique, tu tends et tu arques ton cou, et tu t’appuies sur le haut de ton crâne".

Une extase qui mène à la mort

Toute une chorégraphie a donc été mise en place. Catherine Breillat ayant une idée précise de ce qu'elle voulait faire ressortir de cette scène. À savoir "la fusion charnelle, l’évanescence et l’extase". La réalisatrice fait également un choix de mise en scène particulier avec la fin du plan sur le visage de Léa Drucker, totalement figée, presque comme morte. Un effet voulu par la cinéaste, qui s'est encore référée à Marie-Madeleine et a dirigé sa comédienne dans ce sens, en lui demandant de cesser de respirer.

Je voulais atteindre le ravissement, atteindre quelque chose qui me subjugue. C’est là que je me suis souvenue que Marie-Madeleine en extase, on avait longtemps cru que c’était Marie-Madeleine au tombeau. Alors j’ai pointé le doigt vers Léa et je lui ai hurlé : "Meurs Léa, meurs tout de suite ! Cesse de respirer !" Elle a cessé de respirer. Et j’ai dit à Samuel : "Va-t’en, ne reviens pas dans l’image !" Et là, elle se retrouve dans la solitude absolue.

Marie-Madeleine de Caravage
Marie-Madeleine de Caravage

Enfin, pour ces scènes intimes, Léa Drucker a loué la direction de Catherine Breillat, mais également la confiance qu'elle avait en ses partenaires. Qu'il s'agisse d'Olivier Rabourdin ou de Samuel Kircher. Et pour s'assurer que le tournage se déroule dans des bonnes conditions, c'est la première assistante Gabriele Roux qui a assuré le rôle de coordinatrice d'intimité.