L'Homme de la plaine : retour sur la fin de collaboration brutale entre James Stewart et Anthony Mann

Une contribution majeure au western

L'Homme de la plaine : retour sur la fin de collaboration brutale entre James Stewart et Anthony Mann

Anthony Mann dirige James Stewart pour la huitième et dernière fois dans "L'Homme de la plaine". Le cinéaste et l'acteur auraient dû travailler à nouveau ensemble sur un autre western, mais un désaccord a précipité la fin de leur collaboration.

L'Homme de la plaine : un sommet pour Anthony Mann et James Stewart

À travers cinq longs-métrages, James Stewart et Anthony Mann ont apporté une contribution colossale au western. Lorsqu'ils travaillent ensemble pour la première fois en 1950 sur Winchester 73, le comédien et le réalisateur se connaissent déjà depuis plusieurs années, le premier ayant fait partie de la troupe de théâtre Stock Company fondée en 1934 par le second. En l'espace de trois ans, ils se retrouvent ensuite sur Les Affameurs (1952), L'Appât (1953), Je suis un aventurier (1954) et L'Homme de la plaine (1955).

En dehors du western, James Stewart tourne également sous la direction d'Anthony Mann pour Romance inachevée (1954), où il prête ses traits au musicien Glenn Miller, ainsi que sur Le Port des passions (1953) et Strategic Air Command (1955). Des projets moins marquants que tous les films précités. Avant que Clint Eastwood ne devienne l'homme sans nom de Sergio Leone, l'acteur alors célèbre pour Mr. Smith au sénatLa Vie est belle et La Corde incarne déjà des héros de l'Ouest énigmatiques et au passé trouble dans ces longs-métrages, et dont le comportement n'est jamais marqué par un héroïsme exacerbé, à l'inverse de ceux interprétés par John Wayne.

L'Homme de la plaine
L'Homme de la plaine ©Universal Pictures

Dans L'Homme de la plaine, James Stewart prête ses traits à Will Lockhart, convoyeur de marchandises venu de Laramie et qui s'arrête à Coronado. Dans cette ville isolée du Nouveau-Mexique située près d'un territoire apache, il fait la connaissance du vieux propriétaire de ranch Alec Waggoman (Donald Crisp), de son fils incontrôlable Dave (Alex Nicol) et de son contremaître sournois Vic Hansbro (Arthur Kennedy). Il se retrouve impliqué malgré lui dans leur querelle et leur affrontement pour le pouvoir, s'alliant avec leur rivale Kate Canaday (Aline MacMahon) pour tenter de mettre un terme à un trafic d'armes avec les Indiens.

Une neuvième collaboration avortée

Tragédie librement inspirée du Roi LearL'Homme de la plaine met en avant un drame familial observé par un protagoniste en quête de vengeance, sur des terres qui se construisent dans la violence. Anthony Mann aurait d'ailleurs aimé développer des liens différents entre Will Lockhart et les autres personnages, afin d'accentuer les ressorts émotionnels du récit. Cité par le CNC, il explique aux Cahiers du cinéma en 1957 :

Si l’on m’avait laissé entièrement libre pour L’Homme de la plaine, Stewart n’aurait pas été un personnage venu de l’extérieur : j’en aurais fait le frère aîné du jeune homme (Dave, ndlr) et la violence des rapports entre les personnages du drame en aurait été accrue ; en fait, il aurait même découvert à la fin que son père était le véritable auteur du trafic d’armes avec les Indiens. Je crois qu’ainsi l’histoire aurait eu bien plus de force, mais le producteur n’a pas osé.

L'Homme de la plaine
L'Homme de la plaine ©Universal Pictures

C'est un autre désaccord autour d'un scénario qui aurait précipité la fin de la collaboration entre James Stewart et le cinéaste. Après L'Homme de la plaine, ils envisagent de travailler sur un sixième western, Le Survivant des monts lointains. Mais Anthony Mann estime que le script est incohérent. Il n'est pas non plus fan du choix du comédien Audie Murphy. Il décline donc la proposition d'Universal et confie aux Cahiers du cinéma que son acteur fétiche lui en a toujours voulu. Après l'échec de ce film finalement mis en scène par James Neilson, le réalisateur et James Stewart n'ont plus jamais fait de long-métrage ensemble. Selon le site américain DVD Talk, ils ne se seraient même plus jamais adressé la parole.