A première vue, "Love, Simon" ressemble à tous les autres films pour adolescents, mais il a pourtant le potentiel de devenir un phénomène pour l'inclusion des homosexuels comme l'a été "Black Panther" pour la diversité raciale.
Jamais une comédie romantique produite par un gros studio d'Hollywood n'avait jusqu'à présent été contée d'après le point de vue d'un adolescent homosexuel.
Tout le monde, moi y compris, peut se sentir concerné par ce qui arrive à Simon, le fait d'essayer d'être soi-même et bien comme on est,
a expliqué la star du film Love, Simon, Nick Robinson, lors d'une projection récente à Los Angeles.
Réalisé par Greg Berlanti (Flash, Supergirl), Love, Simon est adapté d'un roman pour adolescents de Becky Albertalli.
Nick Robinson, 22 ans et vu dans Jurassic World, joue Simon Spier, lycéen d'une banlieue d'Atlanta, en Géorgie (sud-est des Etats-Unis), qui n'a pas avoué à sa famille ou ses amis qu'il est homosexuel. Il se rapproche de "Blue", un autre élève de son lycée encore "dans le placard", avec qui il discute sur internet et dont il ignore l'identité. Puis celui-ci dévoile leurs échanges d'emails et la vie de Nick est soudainement bouleversée.
Revoir les idées reçues
Love, Simon, qui sort vendredi aux Etats-Unis et le 27 juin en France, fait partie d'une série de titres récents sur des amours adolescentes homosexuelles, à l'instar de Call Me by Your Name, Oscar du meilleur scénario, et The Miseducation of Cameron Post, lauréat du principal prix au festival de Sundance.
Ce qui le rend unique, c'est qu'il sort du circuit des films indépendants : produit par un gros studio, il sera largement distribué et est conçu pour un vaste public familial, pas seulement pour les cinéphiles.
Les studios avaient l'habitude jusqu'alors de considérer que le grand public n'était pas intéressé par les histoires d'amour gay, et qualifiaient d'anomalie les 178 millions de dollars accumulés au box-office par Le secret de Brokeback Mountain en 2005.
Le succès phénoménal de Black Panther - déjà 1,1 milliard de dollars au box-office mondial, contredisant l'opinion classique à Hollywood jusqu'alors selon laquelle les "films noirs" ne plaisent pas au public international - force les patrons des studios à revoir leurs idées reçues...
Love, Simon a reçu des critiques positives de 91% sur le site agrégateur Rotten Tomatoes, et devrait générer 18 millions de dollars lors de son premier week-end à l'affiche.
La société spécialisée dans le box-office Exhibitor Relations prédit 55 millions de dollars de recettes rien qu'en Amérique du Nord : un score honorable pour un budget de production de 17 millions de dollars.
Josh Duhamel (Transformers: The Last Knight) et Jennifer Garner (Juno, Dallas Buyers Club) incarnent les parents aimants de Simon, et son groupe d'amis inclut Katherine Langford, vedette de la série de Netflix sur le suicide d'une adolescente, 13 Reasons Why.
Le pouvoir de la représentation
Je parlais à un de mes amis quand je réfléchissais à "est-ce que je fais ce film? Est-ce que ça va marcher?". Il m'a répondu, "tu sais, ce film m'aurait vraiment aidé quand j'étais enfant. Ça aurait été vraiment important",
se souvient Jennifer Garner, 45 ans, lors de la projection.
Josh Duhamel, qui a un enfant de quatre ans avec son ex-femme la pop-star Fergie, admet que Love, Simon l'a fait réfléchir à sa réaction si son fils lui annonçait un jour qu'il était gay.
Je veux vraiment juste que mon enfant soit heureux et passionné envers la personne qu'il aime, quelle qu'elle soit,
a estimé le comédien de 45 ans.
Peut-être que c'est parce que j'ai beaucoup attendu avant de devenir père. J'ai beaucoup vécu, j'ai beaucoup d'amis gay, et vraiment ça m'est égal,
poursuit-il.
Greg Berlanti s'est dit ému par la réaction très chaleureuse du public à travers les Etats-Unis, pas seulement en tant que réalisateur mais en tant qu'homosexuel qui voit le public applaudir un baiser entre deux personnes de même sexe.
Lors d'une journée presse samedi à Los Angeles, il a avoué avoir plusieurs fois fondu en larmes en regardant les prises du film:
c'était vraiment viscéral, comme un vide que j'ignorais avoir, qu'il fallait remplir, et qui maintenant était rempli,
a-t-il observé.
Quand il a montré ces prises de vues à celui qui était alors son fiancé et aujourd'hui son mari, ce dernier était également stupéfait par la puissance des scènes familiales pourtant en apparence banales : "C'était le simple pouvoir de la représentation" à l'écran, conclut Greg Berlanti.