Luigi Comencini disparaît à l'âge de 90 ans

Le cinéaste italien Luigi Comencini, réalisateur notamment de Pain, amour et fantaisie, est décédé vendredi matin à l'âge de 90 ans.

Luigi Comencini est né à Salo en Italie. Sa famille s’installe en France, en 1925 et le jeune Luigi fréquente le lycée de la ville jusqu’en 1934, date à laquelle il rejoint Milan pour y obtenir un diplôme d’architecture en 1939. C’est à la fin de sa scolarité qu’il se prend de passion pour le cinéma à travers les films de Pabst. A Milan, il se lie d’amitié avec le futur cinéaste Alberto Lattuada. Avec celui-ci et le critique Mario Ferrai, il fonde une cinémathèque privée et se consacre jusqu’en 1946 à réunir des vieux films. Ce sera la base de l’actuelle cinémathèque de Milan.

Il réalise un court-métrage en 16mm en 1937, est critique, photographe, puis assistant réalisateur et scénariste durant la guerre. En 1946, il travaille à la rubrique culturelle du quotidien socialiste Avanti ! Son court-métrage documentaire I bambini in città, sur les enfants qui tentent de créer un monde imaginaire et habitable dans les rues de Milan dévasté et hostile, obtient le prix du meilleur court-métrage de l’année et est présenté à Cannes et Venise. En 1949, dans De nouveaux hommes sont nés, Comencini oppose l’idéalisme d’un jeune prêtre à la violence des bas-fonds. Le film est un échec et le réalisateur accepte de diriger Toto dans la comédie L’Imperatore Di Capri, suivi de deux films sur la prostitution, Volets clos (1950) et Traite des blanches (1952).
Après une comédie douce-amère, La belle de Rome (1955), Comencini réalise un film personnel dans lequel il se reconnaît pleinement, Fenêtre sur Luna Park (ou Tu es mon fils, 1956).

En 1960, il réalise une de ses grandes comédies et un de ses grands succès, La Grande pagaille, regard ironique et cruel sur la débandade de l’armée italienne lors de l’armistice de septembre 1943.
Avec les scénaristes Age et Scarpelli et le réalisateur Mario Monicelli, Comencini fonde une coopérative qui produit A cheval sur le tigre (1961), comédie amère, voire désespérée, La ragazza di Bube</l
La crise économique que vit l’Italie en 1964 pousse Comencini vers des sketches et des films mineurs qui conservent néanmoins des qualités, comme Le partage de Catherine (1965). Ce n’est pas le cas de Don Camillo en Russie (1965), dont Comencini détestait dès le départ l’idéologie et le style, mais qu’il réalisa pour éponger les dettes d’une société de production dans la faillite. Le succès du film lui permit pourtant de tourner L’incompris (1967), mal accueilli à Cannes. Ce film ouvre d’ailleurs une série d’œuvres majeures plus connues : Casanova, un adolescent à Venise</lLes aventures de Pinocchio, L’argent de la vieille (1972) (une de ces comédies les plus féroces), Un vrai crime d’amour (1973), Mon Dieu, comment suis-je tombé si bas ? (1974).

Après des films de moins grandes importances et l’excellent et férocement lucide Le grand embouteillage (19878), Comencini revient à l’enfance, qu’il n’avait pas abandonné en tournant en 1970 pour la télévision I Bambini e noi. en 1980, il réalise Eugenio, sur un enfant issu de la génération de 638 ballotté dans une famille disloquée. C’est encore l’univers de l’enfance, mêlé de nostalgie et de désillusion, qui anime Cuore (1953), feuilleton TV et film, comme le sera La storia (1985). Joyeux Noël, bonne année (1989) est encore un film sensible et nostalgique, et Marcellinoi (1991) un « remake » d’un mélodrame espagnol.

Plus sombre que Risi, moins intransigeant que Scola, il saute de la comédie au drame avec aisance, sans oublier de pénétrer toutes les sphères de la population italienne.

A l'occasion de la disparition du grand cinéaste italien, La Filmothèque Quartier Latin qui présente actuellement La bête dans le coeur de sa fille Cristina, propose une rétrospective de son œuvre du 11 au 17 avril.

E.G. (06 avril 2007)