À l'affiche de "La Petite" de Guillaume Nicloux, l'actrice belge Mara Taquin livre une grande performance face à un Fabrice Luchini qui, une fois n'est pas coutume, ne trouve plus ses mots. On l'a rencontrée pour qu'elle nous raconte cette expérience.
L'évidence Mara Taquin
Tout va vite pour Mara Taquin, et c'est d'autant plus remarquable qu'elle le vit avec un naturel désarmant. Depuis sa première apparition dans un long-métrage en 2019, Hors normes d'Éric Toledano et Olivier Nakache, l'actrice belge née en 1997 enchaîne les tournages avec succès. Récemment, c'est dans Rien à foutre, La Syndicaliste et La Bête dans la jungle qu'on a pu la découvrir, où sa présence et son charisme marchent à plein, quelque soit le temps d'écran qui lui est dévolu.
À l'affiche de La Petite, nouveau film de Guillaume Nicloux, elle tient un rôle principal face à Fabrice Luchini, maître du verbe et géant du jeu, et y rayonne dans la peau d'une mère porteuse plus forte qu'elle ne pense l'être. On l'a rencontrée pour qu'elle nous raconte cette expérience et ce nouveau rôle.
Son personnage dans La Petite
Mara Taquin : Ce personnage, je ne l’ai pas politisé, pas intellectualisé. Pour moi, Rita est quelqu’un qui est une force de la nature mais qui a aussi beaucoup de douceur, et qui traverse la vie épreuve par épreuve. Elle n’a pas le choix de réagir, elle le fait et elle le fait avec conviction. C’est ça que j’aime bien chez elle, sa force, et en plus sans avoir conscience qu’elle est si forte que ça. C’est assez simple le rapport que j’ai avec elle, c'est beaucoup de tendresse et de douceur, parce qu’elle en a beaucoup aussi et pense qu’elle n’en a pas.
La collaboration avec Fabrice Luchini
Mara Taquin : Sur le tournage, contrairement peut-être à l’image qu’on a de Fabrice Luchini sur les plateaux, sa maîtrise du mot, il a été très calme, très à l’écoute de ce que l’autre en face lui proposait. Je pense que, comme son personnage Joseph, il s’est mis à un endroit de repli, il s’est laissé porter pour voir où ça allait le mener.
Fabrice a donc été très attentif, à l’écoute, presque à ma disposition. Il m’a donné des conseils. Être face à un tel géant de la parole, j’avais l’impression de devoir vite finir mes phrases, comme si j’avais peur de les lui adresser. Il m’a mise en confiance pour que je prenne le temps de lui adresser ces mots-là. Au travail, et à l’écran, ça se ressent, il m’a laissé beaucoup de place. Et même quand la caméra n’était pas sur lui, il m’envoyait la même émotion pour que ce soit Rita qui soit au centre. J’ai trouvé ça assez classe. Je me suis sentie accompagnée, c’était un beau cadeau de sa part.
La rencontre avec Guillaume Nicloux
Mara Taquin : Avec Guillaume Nicloux, on n’a pas beaucoup parlé de Rita. Je pense que, lors de notre rencontre, il cherchait des choses en moi que je n’avais peut-être pas trop captées. Le texte était assez bien écrit pour que les choses se ressentent et qu’il suffise alors de les incarner, d’être précise. Par exemple, il y a eu plusieurs moments où je m’éparpillais, et il me disait : « Juste ta présence et le fait que tu t’adresses comme ça, c’est assez. Ancre-toi et juste tu envoies le texte ».
Il m’a appris à me poser et à m’ancrer dans les situations. Vis-à-vis du personnage, j’aime cette force et cette complexité et… je n’ai pas la prétention de dire que je suis hyper forte et tout, mais c’est le type de femmes que je veux défendre et que je veux être dans la vie, et je pense qu’il a ressenti ça. Il n’y a pas eu de casting pour La Petite, donc on pouvait se baser simplement sur l’intuition et ce ce qui s’est passé pendant notre rencontre.