Elie Wajeman a su tirer le meilleur du tournage court et intense de "Médecin de nuit", superbe polar dramatique porté avec Vincent Macaigne, Sara Giraudeau et Pio Marmaï.
Médecin de nuit : trafic de Subutex pour Vincent Macaigne
Réalisé par Elie Wajeman, Médecin de nuit met en scène Mikaël, un médecin de nuit qui, en plus de sa profession, tient avec son cousin pharmacien un trafic de fausses ordonnances de Subutex. Mais Mikaël souhaite arrêter ces arnaques. Il se sent plus que jamais tiraillé entre sa vie de famille et cette vie de nuit. Et surtout entre sa femme qu'il délaisse et sa maîtresse Sofia.
Solidement porté par Vincent Macaigne, au bout du rouleau comme on l'a rarement vu, le film est traité à la manière d'un polar sombre. Il n'y a qu'à voir la première apparition de Mikaël, dans sa voiture avec son blouson en cuir et sa chaîne. On l'imagine dealer ou policier en planque, avant que se révèle sa profession de médecin de nuit.
Par sa mise en scène, Elie Wajeman fait une proposition passionnante, extrêmement intense car resserrée sur une nuit. Sa manière de filmer les rues et les clubs avec une lumière bleutée est également superbe. Et avec Sara Giraudeau en femme fatale, Médecin de nuit aura été une excellente surprise lors de sa sortie en salles en 2021.
Un tournage court pendant la nuit
Comme dit plus haut, on ressent dans Médecin de nuit une véritable tension. Un style brut qu'a su capter Elie Wajeman durant un tournage "express" si on le compare à d'autres. Avec cinq semaines de tournage, le réalisateur et son équipe ont dû travailler vite et dans des conditions particulières : durant l'hiver et pendant la nuit. Mais Elie Wajeman en a fait "la force du film". On ressent ainsi une sorte d'adrénaline permanente, comme il l'explique dans le dossier de presse du film :
On a tourné en plein hiver. C’était relativement éprouvant et, en même temps, j’en ai fait une force pour que le film aille très vite. C’était un tournage très serré. On a tourné en cinq semaines. (...) Cette adrénaline, cette vitesse correspondaient à ce que je voulais faire, c’est-à-dire un film noir. Je voulais me rapprocher de l’énergie de la série B. Les cinq semaines de tournage m’ont permis de trouver la tension et la violence indispensables au film.
Elie Wajeman précise s'être inspiré, à ce niveau, d'autres films tournés en peu de temps, et pas des moindres :
J’avais en tête Les Forbans de la nuit de Jules Dassin, film très important pour moi, qui a été tourné très vite. Ou encore Bad Lieutenant de Ferrara qui s’est tourné en vingt jours. Voire même Scarface de Hawks qui, lui aussi, d’après ce que j’ai lu, a été tourné très rapidement.
Mais le réalisateur n'est pas le seul à avoir noté cette intensité du tournage. Vincent Macaigne et Sara Giraudeau nous en parlaient lors de la promotion du film. Eux aussi avaient mis en avant ces éléments, estimant que l'aspect "brut" du film se ressent en grande partie grâce à ce tournage "dense".
C'était un tournage assez dense. Chaque journée de tournage comptait énormément. Je crois qu'on a eu 5 semaines de tournage. Mais c'était assez court pour un tournage normal de film. Donc c'était vraiment très tendu et je trouve qu'il y a quelque chose d'assez brut qui se ressent quand on voit le film.
Retrouvez notre interview complète de Vincent Macaigne et Sara Giraudeau dans la vidéo ci-dessous :