Mignonnes : la polémique continue de grandir aux USA

Mignonnes : la polémique continue de grandir aux USA

Netflix se serait bien passé de cette nouvelle polémique-là ! Mis en ligne récemment sur Netflix, le film français "Mignonnes" est accusé par les internautes mais également certains politiques outre-Atlantique de sexualiser les jeunes filles. L'affaire est montée d'un cran depuis jeudi puisqu'un hashtag viral incite à boycotter purement et simplement la plateforme.

Un film critiqué depuis le mois d’août

Petit retour des faits : avant même son intégration dans le catalogue, Mignonnes était déjà dans la tourmente suite à une promo complètement désastreuse. En effet, pour illustrer le film, (nommé Cuties aux Etats-Unis) Netflix avait choisi un visuel qui montrait les héroïnes du film en train de taper la pose en tenues courtes et moulantes. Une affiche en contradiction avec la vraie affiche officielle du long-métrage...mais également avec le réel message prôné par sa réalisatrice Maimouna Doucouré. En effet, rappelons que Mignonnes suit le parcours d'Amy, 11 ans, qui doit jongler entre les règles strictes de sa famille sénégalaise et le groupe de danse dont elle fait partie et dont les chorégraphies sont très suggestives. Alors que le film entend dénoncer l'hypersexualisation des jeunes filles, Netflix fait tout le contraire en affichant hors contexte une image du film sexualisant les très jeunes héroïnes.

Mignonnes : la polémique continue de grandir aux USA

À  l'époque, cette erreur avait déjà fait l'objet d'une pétition appelant Netflix à retirer le film de son catalogue pour cause de promotion de la pédophilie. La plateforme avait alors dû s'excuser et retirer le visuel dans le foulée. Sauf qu'un mois plus tard, la polémique a pris une plus large ampleur.

Le hashtag «#CancelNetflix», sujet tendance n°1 sur Twitter depuis jeudi dernier

Alors que dans les salles françaises, le public n'a pas été choqué outre mesure, ce ne fut pas le même cas pour les Américains qui ont vu le film sur Netflix le 9 Septembre. En effet, malgré son accueil très positif au festival de Sundance, Mignonnes a subi une salve de critiques ainsi qu'une nouvelle pétition appelant au boycott de la plateforme. Dans le même temps, plus de 200 000 tweets ont utilisé le mot-clé #CancelNetflix ce qui en a fait, un temps, le premier hashtag mondial sur Twitter. L'objectif est paradoxalement le même que la réalisatrice : dénoncer l'hypersexualisation des jeunes filles !

Toutefois, ces critiques venues de plusieurs internautes ont également été largement soutenues par des conservateurs américains, dont certains membres du parti républicain. Ainsi, DeAnna Lorraine, qui fut candidate républicaine en Californie pour un siège à la Chambre des représentants a tweeté :

La pornographie juvénile est illégale en Amérique !

Beatrice Cardenas, elle aussi républicaine de Californie a renchéri :

En tant que mère d'une fille de 8 ans, je soutiens fermement #CancelNetflix.

Certains journalistes s'y sont également mis puisque Mary Margaret Olohan, journaliste pour la publication conservatrice The Daily Caller, a diffusé un extrait du film montrant les héroïnes du film en train de twerker, en y ajoutant comme commentaire :

Je comprends que cette vidéo est bouleversante et représente des petites filles sous un jour horrible. Mais je l'ai tweetée pour les défenseurs du film qui diront que "Cuties" ne fait de mal à personne.

Quelques défenseurs du film

En outre, certains ont utilisé le mot-clé #SaveTheChildren, qui correspondait, initialement, à une vraie campagne de charité pour l’organisation Save The Children mais a été récupéré par les complotistes du mouvement QAnon. Cette théorie, populaire au sein de l’extrême droite et dont aucun élément n’a jamais été démontré, veut notamment que des célébrités, de gauche pour la plupart, aient organisé un vaste réseau pédophile, que Donald Trump aurait pour mission de démanteler !

Devant ce torrent de critiques (pas toujours très justifiées), Mignonnes dispose néanmoins de quelques soutiens de poids, tel que celui de l'actrice Tessa Thompson. Cette dernière aurait tweeté :

Ce film est magnifique. Il permet à une nouvelle voix de s'exprimer : celle d'une franco-sénégalaise qui puise dans son propre vécu et dénonce l'hypersexualisation chez les pré-adolescents. Je suis déçue par le discours actuel.

Par ailleurs, Netflix aurait répliqué à l'AFP par l'intermédiaire de son porte-parole :

Cuties est une chronique sociale contre la sexualisation des jeunes enfants. Le film évoque la pression à laquelle font face les jeunes filles, dictée par les réseaux sociaux et la société en général. Nous encourageons tous ceux qui se sentent concernés par ces problématiques à visionner le film.