Ce soir à la TV : ce western unique en son genre rassemble deux monstres du cinéma

Ce soir à la TV : ce western unique en son genre rassemble deux monstres du cinéma

Pour son western "Missouri Breaks", le réalisateur Arthur Penn rassemble pour la première fois deux des plus grands acteurs de leur génération. : Marlon Brando et Jack Nicholson. Pour un résultat unique, inclassable, et un film d'abord mal-aimé puis devenu culte.

Quand une légende en traque une autre

En 1976, le réalisateur de Bonnie and Clyde et Little Big Man Arthur Penn réalise un ambitieux western : Missouri Breaks. Ce film, très attendu à l'époque, raconte l'histoire suivante.

1880, centre du Montana. Tom Logan et ses quatre acolytes sont des voleurs de bétail. Grâce au hold-up d'un train, ils achètent un petit ranch à côté de l'immense propriété d'un grand éleveur, David Braxton, arrivé dans la région trente ans auparavant et qui perpétue la tradition des jugements expéditifs pour les voleurs de bétail.

Un jeu du chat et de la souris s'engage alors entre Braxton et Logan : le bandit joue au paisible fermier mais vole les bêtes du notable, pend son contremaître et couche avec sa fille unique... Aussi Braxton fait-il appel à un "regulator" réputé, Robert Lee Clayton, fou sadique mais traqueur habile, afin d'éliminer tous les gêneurs, Tom inclus.

Un échec malgré son duo de stars

Si la sortie du film Missouri Breaks est particulièrement attendue, c'est parce que derrière comme devant la caméra il y a du talent. En effet, après plusieurs films très remarqués qui l'ont propulsé au premier rang des cinéastes du Nouvel Hollywood, Arthur Penn dirige un duo composé de deux grands noms hollywoodiens : Marlon Brando et Jack Nicholson.

L'un comme l'autre, dans des registres différents, sont célébrés par toute la profession. En 1973, Marlon Brando a obtenu son deuxième Oscar du Meilleur acteur pour sa performance dans Le Parrain, dix-huit ans après celui reçu pour Sur les quais. Jack Nicholson vient juste quant à lui de recevoir son premier Oscar du Meilleur acteur pour son rôle inoubliable de Randall Patrick McMurphy dans Vol au-dessus d'un nid de coucou.

Missouri Breaks
Missouri Breaks ©United Artists

Mais lors de sa sortie, Missouri Breaks ne convainc personne, récoltant des critiques négatives et encaissant sur le sol nord-américain des recettes très timides de 14 millions de dollars sur un budget de 10 millions.

L'idée de casting d'Arthur Penn pour Missouri Breaks, à savoir convier deux grands comédiens auxquels il offre l'occasion de performances éloignées de celles qui ont fait leur renommée, ne fonctionne pas. Jack Nicholson, dans le rôle du bandit Tom Logan, joue tout en retenue, quand Marlon Brando lui livre une performance presque parodique, travesti en grand-mère, et jugée à l'époque "hors de contrôle" et largement hors sujet par le New York Times, pour son personnage de justicier sadique Robert Lee Clayton.

Un statut culte gagné au fil du temps

Échec à sa sortie, Missouri Breaks se distingue par la vue "intellectuelle" et au second degré que lui confère Arthur Penn. D'abord cinéaste célébré pour sa sensibilité européenne, inspiré par la Nouvelle Vague, il est ici critiqué pour ses choix artistiques et le déséquilibre de son film.

Mais comme le remarquait le journaliste Xan Brooks de The Guardian en 2023, la perception rétrospective de Missouri Breaks, et de la performance de Marlon Brando, s'est bonifiée avec le temps. Aujourd'hui, il affiche une note critique à 79% sur Rotten Tomatoes, soit 1% de moins que La Poursuite impitoyable, sorti en 1966 et première collaboration entre Marlon Brando et Arthur Penn.