Nanni Moretti de retour à Cannes avec une comédie politique : Impressions & Rencontre !

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Cinq ans après sa Palme d’Or pour La chambre du fils, le cinéaste italien Nanni Moretti revient en compétition avec son nouveau long-métrage, Le caïman. Si certains films qui font parler d’eux après leur projection sur la Croisette, celui-ci a déjà fait couler beaucoup d’encre en Italie. En effet, cette œuvre engagée dénonçant les déviances d’un gouvernement qui détient les principaux médias du pays - à savoir celui de Berlusconi -, est sorti en salles en Italie quelques semaines avant les dernières élections, remportées de justesse par la gauche de Romano Prodi.
Pourtant, c’est une majorité d’italiens qui remplissait ce matin la projection de presse cannoise… A juste titre car Le caiman est sans doute l’un des meilleurs films que l’on ait vu depuis longtemps sur l’Italie, au-delà de ses dénonciations politiques. En effet, si l’on ne parle dans la presse du caiman que pour son côté engagé, on en oubli presque ses grandes qualités artistiques. Le film est ainsi une belle histoire sur un producteur raté, Bruno, et une jeune réalisatrice, Teresa, désireux de tourner un film sur… Berlusconi. Pari osé et surtout très risqué dans cette Italie où visiblement « tout le monde trouve normal que le patron de plusieurs chaînes de télévision et journaux soit à la tête du gouvernement ».* A ce défi professionnel s’ajoute un conflit familial, très important dans le scénario. La famille tient en effet, comme souvent chez Moretti, une place centrale dans le film. Un film où se mélangent avec une aisance remarquable fiction et réalité, film réel et film dans le film, où Berlusconi prend le visage de trois acteurs – dont Moretti à la fin. Loin de la très dramatique Chambre du fils, Le caïman est une comédie réussie. On regrettera seulement son début un peu difficile, où Moretti nous montre les films de série Z produits par Bruno. Certes drôles, cette longue mise en situation retarde le vrai démarrage du film, lorsqu’il s’engage sur le projet de Teresa.
Si les non-italiens et plus largement les non-européens risquent d’être moins touchés par les dénonciations visant Berlusconi que ses administrés, ils verront néanmoins dans ce Caïman un film juste ce qu’il faut d’engagé, réaliste et très bien écrit.`
* Nanni Morretti, lors de la conférence de presse cannoise

Rencontre avec l'équipe du film...

 

Tout aussi italienne que la projection, la conférence de presse qui suivie fût quant à elle quasiment entièrement accès sur Berlusconi.
Nanni Moretti : « La gauche a gagné de très peu de voix mais ce qui est arrivé après l’élection est très grave : le candidat perdant n’a pas voulu reconnaître les résultats du vote. C’est une chose très grave dans une démocratie. »
« En Italie, les gens trouvent normal que le patron de plusieurs chaînes de télévision et journaux soit à la tête du gouvernement. Ce qui est pourtant impensable pour une démocratie ! (…) Moi, j’aime la compétition. C’est d’ailleurs pour cela que je suis à Cannes pour la cinquième fois je crois, mais j’aime qu’elle se fasse à armes égales. Dans cette élection, ce ne fût pas le cas. J’ai aussi fait un film et j’aimerais bien parler un peu plus du film... »

Malgré cela, les questions suivantes adressées au réalisateur furent toutes très politiques. Il a quand même pu placer quelques phrases sur le cinéma…
« Mon engagement premier, c’est de faire des bons films, des films non standards si possible, qui n’aient pas déjà été faits 3 000 fois. »

C’est donc du côté des comédiens qu’il faut se tourner s’il on veut se concentrer plus sur l’œuvre de Moretti.
Silvio Orlando (interprète de Bruno, le personnage principal) : « Je vais essayer de répondre ce que Nanni souhaite, qu’il ne se mette pas en colère… (rires). Quand j’ai lu le scénario pour la première fois, il y avait deux blocs distincts – je sais, il n’aime pas que je dise ça ! -, un peu comme deux films : un politique et un délicat sur la sphère privée des personnages. J’étais un peu inquiété par cette dualité, mais sur le tournage, on a réussi à équilibre les deux aspects. (…) Pour moi, ce fût une expérience extraordinaire, surtout en tant que spectateur. »

Présenté ce lundi soir en projection officielle, il est le premier film italien de la compétition, qui en compte deux : L'Ami De La Famille de Paolo Sorrentino sera présenté jeudi.

Amélie Chauvet (Le 22 mai 2006)

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