Ne le dis à personne : la bataille de Canet pour François Cluzet

Ne le dis à personne : la bataille de Canet pour François Cluzet

"Ne le dis à personne", écrit et réalisé par le talentueux Guillaume Canet, s'inscrit à la fois comme un excellent film et un très bon polar adapté du roman éponyme d'Harlan Coben. Et si François Cluzet y tient le premier rôle, il a bien failli en être autrement.

Ne le dis à personne est un film coup de poing addictif qui ne permet pas de repos à quiconque le regarde. Réalisé par Guillaume Canet, le long-métrage est adapté du roman de l'américain Harlan Coben, considéré comme l'un des maîtres du polar à travers le monde. Pour l'anecdote, le romancier apparaît dans le film en tant que figurant, à la gare Montparnasse. Dans le rôle principal, le comédien François Cluzet est impeccable de justesse. Cependant, il a manqué d'être déchu du rôle de ce pédiatre tourmenté.

Un problème d'acteur

Pour Ne le dis à personne, Guillaume Canet s'est entouré de ses amis à la ville : parmi eux François Berléand, Nathalie Baye, Kristin Scott Thomas ou encore Gilles Lellouche et Marina Hands, son amour de jeunesse elle aussi passionnée d'équitation. En tête d'affiche donc, François Cluzet, très proche du réalisateur, qui n'envisage personne d'autre que lui pour camper le complexe Alexandre Beck.

François ne joue pas les choses, il les vit. Le film était pour lui, je ne vois pas d'autres acteurs que lui pour tenir ce rôle.

Un choix osé qui ne convainc pas le distributeur du film. Ce dernier refuse catégoriquement que le comédien tienne le premier rôle. Guillaume Canet, persuadé de son choix et du talent de son ami, décide alors de changer de distributeur, tout simplement ! Une décision sans appel qui a permis à François Cluzet de conserver son rôle. L'acteur confiera par ailleurs avoir tout simplement adoré le tournage.

Quand Guillaume m'a dit "il va falloir courir", j'étais fou de joie. Le partenaire qui me coursait n'arrivait pas à me rattraper.

Cluzet a remporté la course... et le César

Les doutes se sont dissipés à la sortie de Ne le dis à personne dans les salles obscures. Le film récolte dépasse les trois millions d'entrées au box-office et les critiques des spectateurs sont pour la plupart très enthousiastes. Lors de la cérémonie des Césars, le long-métrage repart avec quatre distinctions : meilleur réalisateur pour Canet, meilleur acteur pour Cluzet, meilleur montage et meilleure musique - signée M - ! À noter que le film se distingue dans bien d'autres festivals. Un remake américain est un temps envisagé mais ne se fera finalement pas. Tout ce que l'on sait de cet hypothétique projet, c'est que Ben Affleck aurait pu le réaliser.

Dans Ne le dis à personne, Cluzet prête donc ses traits à un homme dont la femme, Margot, a été brutalement tuée par un serial killer. Détruit par cette tragédie, Alexandre ne se résout pas à passer à autre chose. Huit ans après le décès de Margot, il reçoit un e-mail anonyme. En pièce jointe, une image, sur laquelle le visage d'une femme se distingue dans une foule filmée en temps réel. Un visage qui ressemble trait pour trait à celui de sa défunte épouse.

Ne le dis à personne, la meilleure adaptation de Coben ?

Pour le moment, seuls quatre polars du prolifique écrivain ont été portés à l'écran. Ses séries The Five et Safe sont en effet des créations originales et ne s'inspirent donc pas de ses ouvrages. L'auteur a d'ailleurs signé avec Netflix pour adapter pas moins de 14 de ses romans sur petit écran. Ne le dis à personne est-elle la meilleure adaptation de Coben pour le moment ?

Face au succès indéniable de l'oeuvre de Canet, c'est une question qu'on est en droit de se poser. En lice, trois mini-séries. La première, Une chance de trop, sort en 2015, soit presque 10 ans après Ne le dis à personne. Au casting, Alexandra Lamy et Pascal Elbé. Les six épisodes suivent la comédienne sous les traits d'Alice Lambert, dont la vie idyllique tourne brutalement au cauchemar. Un beau jour, alors qu'elle vient de finir le biberon de Tara, sa fille de 6 mois, deux coups de feu retentissent et elle perd connaissance. Huit jours plus tard, l'héroïne revient à elle pour plonger dans l'horreur. Son mari Laurent a été assassiné et leur bébé a disparu.

Deux ans plus tard sort Juste un regard. Eva Beaufils (Virginie Ledoyen), une garde-chasse, mène elle aussi une vie bien remplie avec son époux Bastien (Thierry Neuvic) et leurs enfants. Un beau jour, elle découvre une photo dans son courrier, sur laquelle elle reconnait son mari plus jeune. Étrangement, ce dernier lui assure que ce n'est pas lui. Enfin, la série Netflix Intimidation s'articule autour d'une mystérieuse inconnue, The Stranger, qui se plaît à révéler les mensonges de leurs proches à des personnes soigneusement sélectionnées. Adam (Richard Armitage) en fait les frais et son bonheur conjugal ne tarde pas à voler en éclats.

Ces trois programmes ont été globalement appréciés des spectateurs - notamment le dernier. Mais Ne le dis à personne, seul long-métrage de la liste, se distingue à la fois par son format et sa qualité indéniable. Le casting cinq étoiles de l'oeuvre et son rythme effréné participent de son important succès. Le film porté par François Cluzet s'inscrit donc comme l'une des adaptations les plus complètes du romancier américain ! Ce dernier semble d'ailleurs en avoir apprécié l'expérience. Dans un ouvrage postérieur se déroulant à Paris, il a nommé un personnage Berléand. Un joli clin d’œil qui confirme son enthousiasme après cette collaboration avec Guillaume Canet.