Netflix court après la reconnaissance et aimerait que ses films soient associés au cinéma. Le vrai, le respectable. Pour y arriver, et contrer certains opposants, la firme vient de prendre le contrôle d'une salle mythique de New York. Un pas de plus pour pénétrer dans la cour des grands.
Dès son apparition, Netflix a été centre d'un débat. Ce dernier englobe plusieurs points, notamment l'appartenance des productions originales au domaine du cinéma. Les détracteurs de ce mode de consommation ont du mal à défendre les films sortis sous la bannière de Netflix et s'en tiennent à leur immuable vérité : le cinéma, c'est sur grand écran. La plateforme fait tout ce qu'elle peut pour essayer de combattre face aux gros de l'industrie, en allant dans les festivals, en essayant de remporter des prix, en attirant des réalisateurs renommés.
Suite à la polémique cannoise lors des projections d'Okja et de The Meyerowitz Stories, la direction du festival français a gardé la même ligne de conduite. Les films Netflix pourront aller en compétition que s'ils sortent au cinéma ici. Une règle qui coince à cause de la chronologie des médias. Pour les Oscars, c'est un peu la même. Le code stipule qu'un film est éligible lorsqu'il reste au moins 7 jours de suite à l'affiche dans un cinéma du comté de Los Angeles. La firme l'aura compris, pour affirmer sa position, il faudra forcément passer par les salles. C'est cette petite pirouette, lors d'une sortie limitée, qui a permis à Roma de concourir aux derniers Oscars et de remporter des prix.
L'an passé, on a entendu parler d'un possible intérêt de Netflix pour l'achat de salles. Ce plan commence à se mettre en place avec le premier partenariat signé avec un mythique cinéma américain, le Paris Theatre de New York. Suite à l'expédition de son bail, il a rouvert ses portes pour une sortie événementielle de Marriage Story, une production Netflix. C'est ainsi que débute une alliance, comme vient de l'expliquer la firme sur Twitter :
Plusieurs avantages en faveur de Netflix
L'accord, dont on ne connaît pas tous les contours, est détaillé dans un article de Deadline. On peut y découvrir que sa durée s'étend sur 10 ans pour l'instant et que le cinéma, qui ne comporte qu'une seule salle, va accueillir des événements spéciaux et des projections des sorties Netflix s'achète là une façade respectable pour s'installer dans le secteur. Ces diffusions sur grand écran seront accessibles à une poignée de privilégiés sur place, ce qui risque de participer à faire monter le buzz lors des sorties.
De plus, Netflix n'a pas à négocier avec les gros exploitants de salles et mise sur une cible plus petite, qu'elle peut ainsi mieux contrôler. L'accord est d'une réelle malice et pourrait n'être que le début de quelque chose de plus grand. On peut aisément imaginer que le géant américain se dote de quelques autres salles, ailleurs aux USA ou dans le monde, pour que ses productions sortent du cadre de nos petits écrans et prouvent qu'elles ont les épaules pour les salles obscures. Sans compter qu'en détenant les salles, sur le long terme, l'argent entre directement dans leur poche - à moins que des clauses ne configurent les choses autrement. Une affaire à suivre.