New York 1997 : comment le film a été l’inspiration majeure des jeux vidéo Metal Gear ?

De Snake Plissken à Solid Snake

New York 1997 : comment le film a été l’inspiration majeure des jeux vidéo Metal Gear ?

Sorti en 1981, "New York 1997" est devenu au fil du temps un film culte, par son ambiance dystopique, le charisme de son personnage principal et la profondeur de son sous-texte. Le long-métrage de John Carpenter fait ainsi figure d’œuvre phare du genre SF. Une œuvre qui a d’ailleurs été une source importante pour le développeur Hidéo Kojima avec sa célèbre saga vidéoludique Metal Gear.

New York 1997 : LE film post-Watergate

New York 1997 est écrit dans une période particulièrement trouble aux Etats-Unis. En effet, le peuple, déjà touché par la Guerre du Vietnam, déchante à cause du scandale de Watergate. Dès lors, des artistes tels que John Carpenter n’ont plus confiance envers les grandes institutions qui régissent le pays. Par conséquent, cela se traduit chez lui par un scénario de fin du monde, où le pays devient un terreau de criminalité.

Ecrit en 1976, le scénario ne trouve aucun studio pour le produire car considéré comme trop sombre et violent. Le cinéaste va alors réaliser La Nuit des Masques en 1978, avec le succès critique et commercial qu’on connait.

Cette réussite va alors l’aider à relancer le projet qui trouvera cette fois preneur, avec un budget modeste de six millions de dollars. Pour accentuer l’ambiance apocalyptique, Carpenter décidera de tourner le film à Saint-Louis, dont le centre ville incendié dans les années 70 possédait l'atmosphère idéale pour incarner ce New York en état de délabrement.

En même temps qu’un succès commercial et une quantité de récompenses, l’œuvre va marquer la pop-culture par son sujet faisant écho à une actualité politique très compliquée aux USA, à l'époque. Surtout, sa résonance a été relancée après les attentats du 11 Septembre 2001 puisqu’il existe de nombreuses similitudes entre cet évènement tragique et le film.

New York 1997
New York 1997 ©StudioCanal

Manhattan île prison

Pour rappel, New York 1997 se déroule dans un univers dystopique où les Etats-Unis sont en proie à une criminalité qui ne cesse d’augmenter. Cela a alors poussé les autorités à transformer Manhattan en une île-prison où vivent, en micro-société, trois millions de prisonniers. En 1997, l’Air Force One du Président est détourné par des terroristes et s’écrase en plein Manhattan. Capturé par les prisonniers de l’île, il dispose de documents ultra-secrets qui pourrait mettre en danger l’avenir de la patrie.

Devant l’incident, les autorités décident d’envoyer Snake Plissken un ancien héros de guerre devenu un dangereux criminel condamné à perpétuité. En échange du pardon de ses crimes, Snake a 24 heures pour sauver le Président et mener à bien sa mission.

De New York 1997 à Metal Gear

Initialement, Tommy Lee Jones était le premier choix des producteurs pour incarner Snake Plissken, jugeant Kurt Russell comme trop peu connu à cette époque. Toutefois, John Carpenter a insisté pour avoir l’acteur. La suite lui a donné raison puisque Kurt Russell est devenu l’un des archétypes de l’anti-héros de cinéma charismatique qui obéit à ses propres codes.

L’interprétation du personnage a ainsi marqué le concepteur de jeux vidéo Hideo Kojima, lorsqu’il a vu le film pour la première fois en salles. Grand cinéphile, il va se servir de ses nombreuses influences cinématographiques pour développer à partir de 1987 la série des Metal Gear. En effet, si le jeu est salué pour son histoire et sa jouabilité, c’est surtout les clins d’œil à de nombreux films qui sont remarqués. Parmi les James Bond et autres, New York 1997 a ainsi été une influence majeure.

New York 1997
New York 1997 ©StudioCanal

D'une part, on la retrouve par le biais de son récit. En effet, à l’instar de Snake Plissken qui doit mener à bien sa mission en solo dans un territoire hostile, les personnages de Solid Snake et Big Boss dans la série des Metal Gear doivent également s'infiltrer en terrain ennemi pour contrer une menace terroriste.

Rajoutons également que dans le film, Snake Plissken utilise constamment une radio afin d'être en contact avec sa hiérarchie et avoir des infos sur sa mission. Concept que l'on retrouve évidemment dans Metal Gear.

D'autre part, les thématiques sont assez similaires. En effet, Kojima délivre des messages profonds qui tournent bien souvent autour du surarmement,  de la guerre et du danger du nucléaire. Ces thèmes ont clairement été inspirés par New York 1997 qui dispose d’un sous-texte tout aussi profond sur l’effondrement des institutions et la corruption des autorités.

De Snake Plissken à Solid Snake

Enfin, le personnage taciturne et solitaire de New York 1997 est clairement semblable à Solid Snake et Big Boss. Physiquement d’abord, les protagonistes de la série de jeux vidéo disposent des mêmes traits physiques que l’acteur Kurt Russell, sans compter que Big Boss dispose du même cache-œil que Plissken. Cette inspiration sera de plus en plus assumée par Kojima avec le temps. En effet, dans Metal Gear Solid 2, Snake prendra le pseudonyme d'Iroquois Pliskin en référence au héros du film.

Surtout, les personnalités psychologiques sont similaires. En effet, Snake Plissken, Solid Snake et Big Boss sont des soldats marqués par la guerre, qui les a rendus cyniques et désabusés Par ailleurs, le timbre de voix qu'emploie l'acteur David Hayter pour doubler Solid Snake dans le jeu est similaire à celui de Kurt Russell dans le film. On peut enfin suggérer qu’Ocelot, autre personnage central dans la série des Metal Gear, dispose de quelques ressemblances avec Lee Van Cleef qui se trouve dans le film

New York 1997 vs Metal Gear
New York 1997 vs Metal Gear

Carpenter adore Kojima

Depuis les débuts de la série de jeux vidéo, le réalisateur n’a jamais caché son respect pour l’œuvre développée par Hideo Kojima. Carpenter l’a même défendu de manière virulente lors d’un procès étrange mené par… Canal + contre Metal Gear Solid.

En effet, l’affaire remonte en 2011. Canal + étant co-détentrice des droits de New York 1997, elle attaque Europacorp qu’elle accuse de plagiat avec son film Lock Out. La justice avait alors donné raison à la chaîne. Toutefois, Canal souhaitait aller plus loin en attaquant Kojima pour les mêmes raisons alors que ce dernier n’avait jamais réfuté son hommage au film. Heureusement, John Carpenter a pu calmer le jeu rapidement :

Ils voulaient aussi attaquer la série Metal Gear Solid, qui est plus ou moins un remake de New York 1997. Mais je leur ait dit de ne pas le faire. Je connais le créateur des jeux et c’est un bon gars. En tout cas, il a toujours été sympa avec moi.