Premier long-métrage de la réalisatrice franco-algérienne Mounia Meddour, "Papicha" revient sur un épisode douloureux de l'histoire de l'Algérie. Peut-être trop douloureux pour les autorités algériennes qui ont annulé la sortie du film sur leur territoire.
Papicha : un premier long réussi
Jusqu'à Papicha, Mounia Meddour n'avait réalisé que des documentaires. En 2019, elle décide de présenter en long-métrage un sujet qu'elle avait déjà évoqué dans Cinéma algérien, un nouveau souffle : celui de la décennie noire.
La décennie noire est un conflit qui a eu lieu dans les années 90 entre le gouvernement algérien et plusieurs groupes islamistes considérés comme terroristes par ces derniers. Dans une ambiance de guerre civile, les deux camps se sont menés une bataille sans merci, impliquant la mort de milliers de civils. La présidence d'Abdelaziz Bouteflika en 1999 marqua la fin de ce sombre conflit qui reste malgré tout dans les esprits de nombreux algériens, une vingtaine d'années plus tard. C'est dans ce contexte que prend place l'histoire de Papicha.
On suit ainsi Nedjma, une étudiante qui rêve à tout prix de devenir styliste. Elle vit toutefois à Alger, dans une période politique et sociale difficile. Cependant, elle décide de braver les interdits en organisant un défilé de mode.
Après sa sortie, Papicha obtient de nombreuses récompenses. Ainsi, Mounia Meddour gagne notamment le Cesar du meilleur premier film tandis que l'actrice Lyna Khoudri remporte la statuette du meilleur espoir féminin.
Une avant-première annulée pour des motifs flous
Avant que le film ne soit diffusé en France le 9 octobre 2019, Papicha devait connaître une avant-première prévue le 21 septembre en Algérie. Malheureusement, 4 jours avant sa sortie, il est annoncé que cette avant-première ainsi que la sortie nationale du long-métrage ne se fera pas. On parle de "raisons internes" qui auraient poussé à cette annulation.
Pourtant, comme le relate Le Monde, Papicha avait obtenu les financements nécessaires par la commission ministérielle. Le film tourné en Algérie avait obtenu toutes les autorisations, et même reçu le visa d'exploitation obligatoire pour toute projection publique.
Cependant, étant donné la portée historique du sujet, il est possible que le gouvernement ait pris peur et décidé de censurer le film.
Mais ce n'est pas tout. Lors de la montée du tapis rouge à Cannes, la réalisatrice et les actrices de Papicha avaient arboré des badges sur lesquels était inscrit « Yetna7aw Ga3 » ( « qu’ils s’en aillent tous » ), un des slogans scandés dans les manifestations s'étant déroulées en 2019 dans le pays, pour un changement de système politique, et une « IIe république ». Une autre explication possible à la censure du film en Algérie.
