Pourquoi l'iconique duo Will Ferrell - Adam McKay s'est-il déchiré ?

Les deux hommes, producteurs de comédies cultes, ne se parlent plus

Pourquoi l'iconique duo Will Ferrell - Adam McKay s'est-il déchiré ?

Ensemble, ils ont fait beaucoup des grandes heures de la comédie américaine des années 2000 et 2010. Mais après une collaboration longue de 25 ans, Will Ferrell et Adam McKay se sont séparés professionnellement puis personnellement. Retour sur la fin d'un duo hollywoodien légendaire.

Ferrell - McKay : une filmographie étendue et exceptionnelle

L'un quitte progressivement la lumière des projecteurs, l'autre la prend au maximum. Deux trajectoires maintenant inverses pour Will Ferrell et Adam McKay, alors que les deux hommes ont construit ensemble, pendant plus d'une décennie, une partie majeure de la comédie américaine. Will Ferrell est sans doute resté le plus fidèle à la ligne d'origine, faisant l'acteur, scénariste et producteur dans des films et séries comiques. Adam McKay a lui opéré un tournant radical en 2015 devenant réalisateur, scénariste et producteur de films à la matière dramatique et politique. On lui doit ainsi au cinéma The Big Short, Vice et Don't look up, ce dernier étant distribué par Netflix.

Côté télévision, il est producteur - avec Will Ferrell pour la première saison - de la grande série du moment Succession.

Adam McKay
Adam McKay et Will Ferrell ©Eric Charbonneau/REX/Shutterstock

Mais avant ça, les deux hommes ont livré ensemble des comédies cultes. On retient particulièrement La légende de Ron Burgundy en 2005, Ricky Bobby : roi du circuit en 2007, Frangins malgré eux en 2008 et Very Bad Cops en 2010. Des films réalisés par Adam McKay et interprétés par Will Ferrell, au scénario aussi des trois premiers cités. Une collaboration efficace et prolifique, avec aussi la série Kenny Powers, et d'autres films encore après 2010, sous la bannière Gary Sanchez Productions, leur société de production créée en 2006.

Sans oublier le site Funny or Die, plateforme à succès de vidéos virales. Un partenariat d'exception né de leur rencontre au fameux Saturday Night Live en 1995, pour lequel ils travaillent ensemble jusqu'en 2001-2002. Mais tout ça appartient au passé, puisque les deux hommes se sont définitivement brouillés en 2019, comme pour symboliser parfaitement l'orientation radicale prise par Adam McKay.

Une approche du succès différente pour Will Ferrell

On apprenait en avril 2019 via Deadline que leur collaboration au sein de leur société s'arrêtait là, et que Gary Sanchez Productions continuerait ses activités mais sans Adam McKay. Celui-ci fonde alors en octobre 2019 Hyperobject Industries. Deux ans plus tard, c'est dans une grande interview donnée au Hollywood Reporter, en octobre 2021, que Will Ferrell apporte pour la première fois quelques éléments d'explication polis, sans s'attarder sur les détails.

Adam était dans cette optique, "je veux faire ça, et ça, et ça" ; il voulait croître et développer sa sphère d'influence, et moi j'étais plutôt, "je ne sais pas, ça me semble faire beaucoup de choses que je vais devoir suivre". Pour moi, l'idée de voir une publicité et être comme étonné : "Oh, on produit ça aussi ?" Je ne sais pas... À la fin de la journée, chacun a juste une capacité d'attention différente.

Même s'il s'est construit une grande réputation, une très belle fortune et de fait quasiment un empire, c'est bien ce terme "empire" qui l'ennuie, et il voit cette situation comme "quelque chose qui lui est tombée dessus". Tout à l'inverse d'Adam Mckay, qui rêverait lui de poursuivre la construction d'un empire médiatique. C'est ainsi, selon les termes du Hollywood Reporter et les témoignages recueillis, la raison profonde de leur séparation professionnelle. Une séparation froide mais qui ne fait que précéder une séparation plus dure entre les deux amis.

Will Ferrell
Will Ferrell ©The Hollywood Reporter/Austin Hargrave

Une brouille définitive au sujet d'un programme qu'Adam McKay voulait "réaliste"

En 2019, la fin de leur partenariat au sein de Gary Sanchez Productions ne devait pas signifier la fin de leur collaboration artistique par ailleurs. Simplement, ils le feraient dans des modèles de business différents. Mais à peu près au même moment de l'annonce du départ d'Adam McKay de leur société de production, un projet en développement va définitivement les brouiller personnellement.

En 2019, HBO commande un pilote pour une série sur la légendaire équipe des Los Angeles Lakers des années 80, un projet initialement porté par Adam McKay et logiquement sous la bannière Gary Sanchez Productions. Mais le projet atterrit dans la nouvelle société de McKay, et Will Ferrell, immense fan des Lakers, voit sa participation au projet devenir impossible. Il voulait y incarner Jerry Buss, le propriétaire des Lakers, mais Adam McKay était d'un autre avis. Un mois après Will Ferrell dans le THR, c'est dans un format comparable que le réalisateur de Vice donne sa version chez Vanity Fair.

La vérité est que, comme la série avait toujours été pensée et développée, ce serait très réaliste. Et Ferrell ne ressemble simplement pas à Jerry Buss, il n'a pas cette vibe. Et plusieurs personnes impliquées étaient de cet avis : "nous adorons Ferrell, c'est un génie, mais on ne le voit pas l'incarner." C'était une discussion difficile.

Adam McKay : "J'ai déconné"

Il faut ajouter à ça une nouvelle complexité : Adam Mckay veut John C. Reilly dans le rôle. Et l'acteur n'est autre que le meilleur ami de Will Ferrell, avec qui il a construit des duos mémorables à l'écran. Adam McKay déclare alors "ne pas vouloir blesser Will Ferrell", et assure avoir voulu se montrer "respectueux". Mais finalement il caste John C. Reilly, sans prévenir Will Ferrell...

J'aurais dû l'appeler et je ne l'ai pas fait. Et Reilly l'a appelé, évidemment, parce que Reilly, c'est un mec droit. (...) J'ai déconné, j'ai mal géré ça... C'est ce vieil adage de "balayer d'abord devant sa porte". J'aurais dû faire les choses comme il le fallait.

Will Ferrell est furieux, et Adam McKay raconte avoir envoyé plusieurs mails pour tenter une réconciliation, mais sans jamais avoir de retour. Une triste fin pour une amitié et une collaboration prolifique de quasiment 30 ans...