Première affaire : ce thriller judiciaire très sensuel va vous passionner

Première affaire : ce thriller judiciaire très sensuel va vous passionner

Le premier long-métrage de Victoria Musiedlak, "Première affaire", réussit le pari de mêler à la froideur et la noirceur d'une affaire de meurtre la chaleur et la lumière de l'éveil du désir. Un thriller judiciaire mêlé à un portrait intime et sensuel brillamment porté par Noée Abita, à ne pas manquer au cinéma;

Première affaire, entre meurtre sordide et découverte du plaisir

Avec Première affaire, au cinéma depuis le 24 avril, la réalisatrice Victoria Musiedlak met en scène avec rigueur et intensité un drame aux lignes multiples. Chronique sociale, thriller judiciaire, récit romantique et même drame érotique, Première affaire se saisit ainsi avec réussite de plusieurs cinémas pour raconter le parcours d'initiation de Nora, toute jeune avocate qui se retrouve sur sa première affaire pénale. Et pas des moindres : un meurtre sordide.

Cette "première affaire" pour Nora ne se restreint pas au pur aspect judiciaire. En travaillant à la défense du principal suspect, elle va en effet se heurter à un monde qu'elle ne connaît pas, un monde extérieur comme intérieur, et faire des rencontres qui vont bouleverser ses idées et sa réalité.

Une grande performance pour Noée Abita

Noée Abita, formidable dans le rôle de Nora, en fait un portrait très concret autant qu'elle incarne avec un trouble fascinant les sensations de l'innocence et de la virginité perdues. Elle porte ainsi dans Première affaire l'association d'une chronique sociale et judiciaire avec un portrait intime, amoureux et sensuel. En effet, sa relation avec Alexis (Anders Danielsen Lie), le policier en charge du meurtre, plus âgé et plus expérimenté, va l'immerger dans des eaux nouvelles et tumultueuses. Rencontrée avec la réalisatrice au Festival d'Angoulême 2023, l'actrice nous expliquait :

"C'était intéressant pour moi, parce que c'était la première fois qu'on me proposait un rôle de jeune femme, et celui-ci précisément. C'est une jeune femme mais elle se complaît dans certains enfantillages. Ce qui a quelque chose d'étouffant, parce qu'elle se complaît dans ce confort, c'est rassurant. Les études, puis le travail, tout est bien cadré et organisé. Et quand son patron va la jeter dans la nature, malgré elle, une brèche s'ouvre. Ça l'excite et en même temps ça lui fait peur. Dans son travail comme dans sa famille, toutes les cartes sont rebattues. Elle ouvre les yeux sur des choses qui lui étaient tues."

Première affaire
Première affaire ©Tandem

"Je rentre dans le vif du sujet pour désacraliser"

Ce film de "premières fois" contient ainsi des séquences très intimes, des scènes d'éveil du désir et de découverte du plaisir que Victoria Musiedlak a mises en scène avec attention et rigueur :

"J'ai un point de vue sur les séquences de sexe, de désir, qui est très technique. Je ne filme pas la réalité. Les comédiens sont des comédiens, on en parle beaucoup ensemble, de manière très précise sur les intentions, en mettant des mots sur les choses, en mettant même des mots sur les caresses. Je rentre dans le vif du sujet pour désacraliser.

Ça a très bien marché, je pense que ça rassure les comédiens, ils savent où ils vont. Je ne les laisse pas... comme Kechiche par exemple - que j'adore par ailleurs, ses séquences sont brillantes -, qui tourne pendant des heures, refait quinze fois les prises... Moi c'est très préparé, en amont et sur le plateau, tout est très clair sur qu'ils ont à faire et sur ce qui est attendu."

La réalisatrice, en plus de souligner la "pression" qu'elle s'est mise pour mettre les séquences de garde à vue en scène, restant bien dans le point de vue du personnage et passant beaucoup de temps avec son chef-opérateur au découpage, se souvient par ailleurs qu'une scène centrale du film, celle où Nora retrouve Alexis dans sa voiture, a été la plus difficile à tourner.

C'était une séquence très importante, je voulais qu'elle soit sensuelle, qu'il y ait cette découverte du plaisir du personnage. Il n'y a pas de dialogues, c'est une scène qu'il faut vraiment incarner. Il nous fallait du temps, que les acteurs se prêtent au jeu, que l'alchimie prenne et qu'on y arrive ! Beaucoup d'enjeux dramatiques donc, et il pleuvait, il devait faire -5°C. Il gelait, on glissait, on tombait... (rires)