Quai d'Orsay : ce tic de Thierry Lhermitte pour rendre sa performance plus folle

Thierry Lhermitte dans ses œuvres !

Quai d'Orsay : ce tic de Thierry Lhermitte pour rendre sa performance plus folle

"Quai d'Orsay" est une comédie grinçante sur le monde politique qui doit beaucoup à l'interprétation toute en énergie de Thierry Lhermitte.

Quai d'Orsay : une autre version de l’irréalité

Quai d'Orsay est une comédie politique de Bertrand Tavernier. Il s'agit d'une adaptation cinématographique de la bande dessinée du même nom de Christophe Blain et Abel Lanzac. Ce dernier a écrit le scénario en se basant sur sa propre expérience de conseiller de Dominique de Villepin au ministère de l'Intérieur.

Le réalisateur se fait prêter la BD par un ami et la dévore en une soirée. Le lendemain matin, il téléphone à son producteur et lui demande sans détours d'en acheter les droits. Tavernier vient de mettre en scène le drame historique La Princesse de Montpensier et souhaite changer de direction pour son projet suivant.

Quai d'Orsay
Taillard de Vorms (Thierry Lhermitte) - Quai d'Orsay ©Site 4 View Productions

On y suit donc Arthur Vlaminck (Raphaël Personnaz), jeune homme brillant plutôt de gauche, appelé au ministère des affaires étrangères. On lui offre un rôle de scribe auprès du ministre Taillard de Vorms (Thierry Lhermitte), personnage haut en couleur. Arthur découvre les arcanes du monde diplomatique et les dessous des relations ministérielles. Il a la lourde tâche d'écrire le discours que l'homme politique doit prononcer à l'ONU. Il sera la voix de la France qui s’oppose à la guerre au Lousdémistan (pays imaginaire dans lequel on reconnaît l’Irak).

Le casting est complété par Niels Arestrup, Bruno Raffaelli, Julie Gayet, et Anaïs Demoustier. Arestrup a même reçu un César du meilleur second rôle pour son interprétation de Claude Maupas, le directeur de cabinet dévoué au ministre.

À la différence de beaucoup de films politiques, Quai d'Orsay se délecte dans la comédie et tente de coller au plus près de la folie de la BD dont il est adapté. Thierry Lhermitte s'est toutefois permis de rajouter une particularité à son personnage qui n'était pas dans l’œuvre originale.

Moulin à paroles

Dans Quai d'Orsay, il ne fait aucun doute que Thierry Lhermitte incarne Dominique de Villepin, le ministre des affaires étrangères au début du XXIè siècle. L'histoire du film revient sur un de ses faits d'arme : le discours qu'il prononça à l'ONU pour annoncer que la France ne prendrait pas part à la guerre en Irak. Nous suivons donc, dans le long-métrage, le cheminement qui amène à ce moment charnière de sa carrière, tout comme la rédaction de ce texte.

L'acteur peut donc se baser sur les vrais traits de la personnalité de cet homme public. La bande dessinée étant de plus écrite par celui qui l'a côtoyé au ministère à l'époque, les anecdotes sont foisonnantes. On sait que le politicien cite à tout-va les philosophes grecs, qu'il est fan des Stabilos... Lhermitte veut cependant mettre sa patte à la personnalité de ce Taillard de Vorms. Bertrand Tavernier sent que le comédien veut revenir à ses premiers amours de comédies alors qu'il vient plutôt de jouer dans des drames. Quand celui qui a fait les beaux jours de la comédie française avec Les Bronzés ou Le Père Noël est une ordure vous fait une proposition, vous l'écoutez.

Quai d'Orsay
Quai d'Orsay ©Site 4 View Productions

Il a une idée pour rendre le personnage encore plus extravagant. Le comédien suggère qu'il double tous ses propos d'un geste pour l'illustrer. Taillard de Vorms en devient complètement délirant. Lhermitte s'offre alors une de ses prestations les plus déjantées de ces dernières années. Il gesticule avec l'énergie de ceux qui veulent qu'on les regarde. Son personnage est déjà au départ un as des onomatopées. Comme un hommage à son personnage né d'une BD, il se fend de "Tacatacatac" et autres "choukchoukchouk". On croirait parfois presque voir Louis de Funès.

La réussite de Quai d'Orsay tient beaucoup à cette prestation hors norme.